Place au karatĂ© cette semaine sur interviewsport.fr avec l’interview de l’une des leaders de l’Ă©quipe de France, Alexandra Recchia. Championne du monde en individuel et par Ă©quipe en 2012, elle a confirmĂ© en 2013 avec un titre de championne d’Europe.
Alexandra, tu es devenue championne du monde de karaté en novembre 2012 à Paris. Raconte-nous un peu comment tu as vécu cette journée victorieuse à l’époque ?
Je me suis naturellement réveillée avec un énorme nœud au ventre, mais ça allait mieux une fois que j’ai commencé mon échauffement général. Plus l’intensité de l’échauffement augmentait, plus les sensations étaient bonnes.
Je suis arrivée sur mon premier tour confiante et déterminée, mais c’est surtout le tatami qui m’a libérée. Une fois le pied posé dessus, plus de stress ! Un tour, deux tours, trois tours, le chrono qui défile, les points qui s’enchaînent… Le poignet cassé dès le premier tour, je n’y pense même pas…
Je n’avais rien laissé au hasard durant ma préparation : le physique, le mental, la tactique, mais je pense que ma force venait surtout de ma concentration optimale. Le public de Bercy ne m’a pas un brin perturbée. J’étais dans ma bulle, comme un robot, je ne ressentais rien. Je n’avais qu’une chose en tête : marquer mes points, rester concentrée et ne jamais me démobiliser.
L’émotion m’a submergée après la demi-finale et surtout après la finale. J’ai repensé à toutes les difficultés, les moments de doute, les blessures durant la préparation. J’ai aussi pensé à des proches se trouvant là -haut et avec qui j’aurais aimé partager tout cela. Enfin, j’ai pu vivre ça avec ma famille et mes amis et ce sera LE souvenir de ma vie sportive.
Lors de ces Championnats du monde 2012, tu as aussi remporté le titre par équipe, réalisant ainsi un doublé exceptionnel. Cela avait-il été difficile de se reconcentrer pour cette épreuve juste après avoir remporté la compétition individuelle ?
Pas du tout. On était également préparées pour ça. Je faisais ma compétition individuelle le jeudi, ma compétition par équipe le vendredi, ma finale individuelle le samedi et ma finale par équipe le dimanche. Plus je combattais, plus j’en redemandais. Le fait d’être en finale en individuel m’a littéralement galvanisé. Je ne voulais rien laisser à personne. Je voulais faire la compétition parfaite.
Depuis ton titre de championne du monde à Paris, as-tu l’impression que le karaté est plus médiatisé ? Sens-tu une plus grande attention des médias vis-à -vis de toi qu’avant ?
Oui, complètement. Je n’ai jamais été aussi sollicitée par les médias et ce n’est pas pour me déplaire. Entre « Intérieur Sport », mes apparitions au journal de 20h, les divers reportages sur Chérie 25, TF1 ou encore L’Equipe 21, les plateaux TV, les émissions de radio et portraits sur journaux papier… Il a fallu s’organiser pour tout gérer, en plus de l’entrainement et de mon stage en cabinet d’avocat. Mais ce n’est que du bonheur et je rencontre pleins de gens très sympathiques.
En 2013, tu es devenue championne d’Europe individuelle, vice-championne d’Europe par équipe et championne de France. As-tu rempli tous tes objectifs sur cette année 2013 ?
Je pense que ma saison 2012-2013 restera ma meilleure saison. A chaque sortie, j’ai raflé une médaille et je ne suis jamais rentrée les mains vides. C’est déjà énorme ! Mais le titre européen par équipe nous a filé sous le nez et j’ai encore de l’amertume car on aurait dû l’avoir si l’arbitrage avait été d’avantage logique.
En parallèle de ta carrière sportive, tu as obtenu un Master 2 et tu es actuellement en stage de fin d’études dans un cabinet d’avocat. Penses-tu qu’être sportive de haut niveau t’apporte dans le monde du travail et vice-versa, que le fait d’avoir un travail t’aide dans ta carrière de karateka ?
En fait, j’ai été diplômée en septembre 2013 et j’ai enchainé sur un stage dans le cadre de la préparation du concours d’avocat (CFRPA) que je passerai en septembre 2014. Je pense que mes deux activités se complètent et j’ai trouvé un équilibre à travers elles. Je ne me vois pas arrêter ni l’un ni l’autre. Les deux m’ont apporté, m’ont forgée et ont fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Grâce au karaté, j’ai un mental et une détermination à toute épreuve et grâce à mes études, j’ai acquis rigueur et organisation. Je suis sur le tatami comme je serai au travail !
Raconte-nous un peu ta préparation juste avant un combat ?
Je commence à me mettre dans ma bulle une heure et demie avant le début de la compétition et à m’échauffer une heure avant. Quinze minutes avant la compétition, je souffle et je me prépare mentalement. Je me répète trois mots dans ma tête afin de me concentrer et d’éviter toute pensée parasite. Ces mots resteront secrets (sourires). Je visualise également le combat. Et après, c’est parti !
Malgré plusieurs tentatives, le karaté n’est toujours pas un sport olympique. As-tu tout de même encore l’espoir d’y participer un jour ?
Clairement non. J’ai 25 ans et je me destine à être avocate. Je ne pourrais pas poursuivre éternellement sur les deux voies et il faudra faire un choix. Mais j’espère que ma discipline aura l’honneur de faire partie de la famille olympique. Elle le mérite vraiment.
Pour finir, quels sont tes objectifs pour cette année 2014 ?
Un second titre européen en mai et deux titres mondiaux en novembre !
Merci beaucoup Alexandra pour cette interview et bonne chance pour la suite !
La carrière d’Alexandra Recchia en quelques lignes :
Evoluant dans la catégorie des -50 kg, Alexandra Recchia remporte ses premières médailles en kumité par équipe aux Championnats du monde avec le bronze en 2008 et l’or en 2010.
Elle atteint le sommet de sa carrière en 2012 en gagnant tout aux Championnats du monde disputés à Paris : d’abord l’or en individuel puis l’or par équipe. Cette même année, elle obtient aussi le bronze des Championnats d’Europe.
En 2013, elle complète son palmarès d’un titre de championne d’Europe et d’une médaille d’argent dans la compétition par équipe. Aujourd’hui âgée de 25 ans, Alexandra Recchia passera en parallèle de sa carrière sportive le concours d’avocat cette année.
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