Bernard Lama possède l’un des plus beaux palmarès du football français. Champion du monde en 1998 et Champion d’Europe en 2000, ce talentueux gardien de but a Ă©galement remportĂ© la Coupe des Coupes et le Championnat de France avec le PSG. Plusieurs annĂ©es après avoir raccrochĂ© les crampons, Bernard Lama se livre en exclusivitĂ© pour interviewsport.fr.
Bernard, lors de l’Euro 1996, vous avez fait de très bons matchs mais la France a été éliminée en demi-finales. Avec le recul, ce Championnat d’Europe reste-t-il quand même comme un bon souvenir pour vous ?
« Oui, parce-que c’était ma première grande compétition internationale. On était arrivé en demi-finales avec une équipe qui était en préparation pour 1998, donc en étant éliminé aux tirs aux buts en demi-finales, je crois qu’on avait fait un parcours correct, qui préfigurait ce qui allait se passer en 1998. Donc oui, ça reste un très bon souvenir ! »
Vous êtes Champion du monde et Champion d’Europe, mais vous avez vécu ces deux compétitions en tant que remplaçant de Fabien Barthez. Avez-vous vraiment pu savourer ces deux titres comme le reste de l’équipe ?
« Oui. On savoure les choses chacun Ă sa manière. A partir du moment oĂą on participe Ă une telle aventure, on est complètement intĂ©grĂ©. Le fait de ne pas ĂŞtre tout le temps sur le terrain ne veut pas dire qu’il n’y a pas une vie en commun. Et je crois que quand on est sur le banc de touche aussi, on a un rĂ´le important vis-Ă -vis des garçons qui sont sur le terrain : c’est d’être lĂ avec eux d’une part, et d’autre part d’observer pour pouvoir donner des renseignements Ă ses partenaires. Donc oui, ça reste pour moi de toute façon de très bons souvenirs. »
Lors de la Coupe du monde 1998, vous avez refusé de jouer de troisième match de poule. Aujourd’hui, regrettez-vous cette décision ?
« Je ne regrette pas cette décision parce-que je n’ai pas refusé de jouer le match. Le fait que je n’ai pas joué est venu d’une analyse collective avec le sélectionneur. Pour le bien de l’équipe, il était mieux non pas que je ne joue pas ce match-là , mais que Barthez le joue. Et donc cela n’a rien à voir avec une décision personnelle.
En fait, c’est le message qu’ont voulu faire passer les médias à l’époque mais ce n’était pas ce qui s’était passé, et comme je ne communiquais pas plus que cela à ce moment-là , voilà d’où ce malentendu est venu. »
Parlez-vous un peu de vos années au PSG. Qu’est-ce-qui vous a le plus marqué au sein de ce club ?
« Beaucoup de choses, un peu de tout ! Le PSG est un club particulier, un club spécial, c’est le club de la capitale. Je crois qu’on a vécu une belle histoire du club. Si on compte avec les quarante ans du club, on a écrit l’une des plus belles pages de cette histoire, et je retiens ça avant tout. Je retiens toutes les relations que l’on a pu avoir à ce moment-là , tant au niveau des joueurs et du staff qu’avec le public. »
Votre victoire en Coupe des Coupes avec le PSG est-elle le meilleur souvenir de votre carrière ?
« Pas particulièrement, parce qu’il y a plein de choses dans ma carrière et j’ai du mal à sortir une chose plus que l’autre. C’était effectivement un moment intense de ma carrière avec le PSG mais j’ai eu d’autres moments très intenses avec d’autres clubs et avec l’équipe de France. »
Vous avez la particularité d’avoir marqué deux buts dans votre carrière (lors de la saison 88/89 pour Lille et lors de la saison 91/92 pour Lens), ce qui est très rare pour un gardien. Pouvez-vous nous dire un mot sur ces deux buts ?
« En fait, c’était deux penaltys, en fin de saison. C’était des paris avec moi-même et puis c’était aussi un petit rappel puisque quand j’étais plus jeune et que je jouais en Guyane, je frappais les penaltys avec toutes les sélections où j’évoluais. Donc voilà , c’était un clin d’œil ! »
Et vous avez eu l’occasion de tirer d’autres penaltys par la suite ?
« J’en ai tiré un quand j’étais à Paris, que j’ai loupé par manque de concentration. Sinon non, je me suis contenté après de les arrêter ! »
Vous avez un des plus beaux palmarès du football français. Avez-vous cependant des regrets dans votre carrière ?
« Non, je pense qu’il ne faut pas regretter ce que l’on a vécu, que ce soit en bien ou en mal, il faut s’en servir. Il y a toujours des choses qu’on aurait fait autrement avec le recul et tout ça mais avoir des regrets non, parce-que je pense que j’ai eu une belle carrière, j’ai gagné pas mal de titres et je crois que ça suffit à mon bonheur ! »
Depuis l’arrêt de votre carrière, que devenez-vous ? Comment se passe votre reconversion ?
« J’ai fait plusieurs choses. J’ai eu des expériences en tant que coach dans une équipe nationale, au Kenya, et dans une sélection de Ligue avec la Martinique. Ca m’a permis de participer à certaines compétitions de près. J’ai aussi pas mal collaboré avec les médias pour commenter les grandes compétitions. Et puis surtout, je suis rentré en Guyane, où je finalise la mise en place d’une usine d’embouteillage d’eau. Je me suis aussi investi au niveau local, au niveau de mon club, en œuvrant pour sa restructuration. »
Pour finir, y-a-t-il une possibilité que vous deveniez entraîneur de club en France un jour ?
« On ne peut pas dire « jamais ». Ce n’est pas quelque chose que je n’aimerais pas faire, mais ce n’est pas une priorité. Je pense que je ne suis pas quelqu’un à programmer les choses. Après, c’est aussi une question d’opportunité, mais pour le moment ce n’est pas dans mes projets, ce n’est pas une priorité pour moi. »
Merci beaucoup Bernard pour votre disponibilité !
Remerciements aussi Ă Vincent C. sans qui cette interview n’aurait pas Ă©tĂ© possible.
La carrière de Bernard Lama en quelques lignes :
Evoluant au poste de gardien de but, Bernard Lama quitte la Guyane à 18 ans. Il joue son premier match en Ligue 1 en avril 1986 avec Lille, club au sein duquel il reste en tout 5 saisons. Après avoir évolué à Metz, Brest et Lens, il rejoint le Paris Saint-Germain en 1992.
Avec le PSG, il s’affirme comme l’un des meilleurs gardiens du monde. Il remporte ses premiers trophées (Coupe de France en 1993 et 1995, Championnat de France en 1994) et connaît ses premières sélections en équipe de France (à partir de février 1993). En 1996, il remporte la Coupe des Coupes avec le PSG et emmène les Bleus en demi-finales du Championnat d’Europe, étant même élu meilleur gardien de l’Euro 96.
Stoppé par une grave blessure au genou puis par une suspension pour usage de cannabis, Bernard Lama rejoint le club anglais de West Ham quelques mois avant la Coupe du monde. Doublure de Fabien Barthez en équipe de France, il devient Champion du monde en 1998 et Champion d’Europe en 2000.
Après être revenu au PSG (entre 1998 et 2000), il signe à Rennes avant d’arrêter sa carrière en 2001, à 38 ans. Il compte 44 sélections en équipe de France et a été deux fois capitaine.
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