Pour la 200e interview depuis la crĂ©ation du site interviewsport.fr, nous avons dĂ©cidĂ© de faire honneur au rugby fĂ©minin avec l’interview de Camille Grassineau. Membre de l’Ă©quipe de France Ă 15 et Ă 7, elle a notamment marquĂ© le tout premier essai du rugby au Jeux Olympiques en aoĂ»t dernier Ă Rio. Elle revient pour nous sur cette expĂ©rience Olympique et ses prochains objectifs.
Camille, tu as participé en août dernier aux Jeux Olympiques de Rio, où la France a été éliminée en quarts de finale. Avec un peu de recul, ce résultat est-il une grosse déception ou bien tu considères que la France a été à sa place ?
Ça reste sur une grosse déception. Je pense qu’il y avait vraiment la place de monter sur le podium sur cette compétition, notamment à la troisième place. Le quart de finale se goupille mal sur la fin du match. Plus je le revois et plus je me dis qu’on est passé à côté. Les gens extérieurs diront qu’on n’a jamais fait de podium, mais les Canadiennes étaient à notre portée en quarts de finale et je pense qu’on n’aurait pas volé la troisième place.
Le rugby à 7 faisait son entrée au programme Olympique. As-tu senti la magie Olympique souvent décrite par les autres sportifs ?
Personnellement, j’étais vraiment axée sur la compétition et je me suis dit que je profiterai de tout ça après. Mais malheureusement, la compétition a été une grande déception. J’en ai quand même profité. Ce que j’ai préféré, c’est de croiser d’autres athlètes. Cette ambiance-là reste pour moi le gros point positif.
Tu as inscrit le tout premier essai de l’histoire du rugby aux Jeux Olympiques. Est-ce pour toi anecdotique ou bien une fierté ?
C’est anecdotique. Ce sont les journalistes qui me l’ont fait réaliser. Sur le moment, je n’ai pas du tout pensé à ça. J’aurais préféré que l’on ait toutes une breloque autour du cou plutôt que de marquer le premier essai. Ça reste un beau souvenir mais j’aurais préféré un autre résultat.
Tu fais partie à la fois de l’équipe de France de rugby à 7 et de rugby à 15. Comment s’organise ta saison et tes entraînements entre ces deux disciplines ? Est-ce difficile de s’adapter de l’un à l’autre ?
Ca peut-être difficile. Mais je joue à un poste qui est facilement adaptable puisque je suis ailière en équipe de France. Il faut savoir qu’on est sous contrat sur le rugby à 7, donc on s’entraîne toute l’année à 7. Après, s’il y a des demandes spécifiques du sélectionneur à 15, on va les travailler également à 7. Il y a une bonne entente entre les deux sélectionneurs, ce qui est plutôt plaisant. Selon les sélections, on est prises avec l’équipe à 7 ou avec l’équipe à 15. Cette année, la priorité est clairement le 15.
Tu as participé à la Coupe du monde 2014 de rugby à 15, disputée en France. Quels souvenirs gardes-tu de cette compétition devant le public français ?
C’était vraiment chouette. C’était la première fois qu’on sentait un tel engouement médiatique. En plus, c’était en France. On était à Marcoussis et au début, cela a été plutôt mal accueilli par tous les journalistes. Mais ça a été vraiment une grande réussite. Je pense que même la Fédération ne s’attendait pas à ce que ça marche autant. Le Stade de Jean Bouin était plein. Il y a eu une petite explosion au niveau du rugby féminin. C’était une période où il y avait peu de compétitions sur d’autres sports. Les gens sont donc venus voir cette compétition majeure de rugby féminin. Je pense que ça a joué un peu en notre faveur. Les matches étaient plutôt plaisants à regarder et on a atteint la troisième place, ce qui reste un bon résultat même si on voulait évidemment mieux.
Le rugby féminin devient de plus en plus médiatisé et la Fédération Française de rugby a signé quelques contrats avec des joueuses. Arrives-tu à vivre de ton sport ?
Oui, je peux vivre de mon sport. Ce sont des contrats d’un an et il faut donc faire ses preuves chaque année.  Mais ce ne sont pas des contrats à temps plein. Dans le contrat, il est spécifié que l’on doit avoir une double-activité, c’est-à -dire soit un travail, soit des études. L’objectif, c’est qu’on ait quelque chose derrière pour pouvoir vivre car si on n’est plus prise sous contrat, on ne touche rien étant donné que les clubs sont totalement amateurs. Je trouve que c’est une bonne idée. Ça fait beaucoup de choses à gérer, mais c’est faisable. On l’a prouvé et on le prouve encore.
Es-tu souvent en contact avec les joueurs de l’équipe de France masculine de rugby à 7 ou de rugby à 15 ? Vous côtoyez-vous souvent, que ce soit pour des entraînements ou des autres événements ?
On croise très peu les joueurs de rugby à 15. Ils sont un peu à part : ils dorment et mangent à part. On les voit de loin. Personnellement, je n’ai jamais eu trop l’occasion de discuter avec eux. Concernant ceux du rugby à 7, on a appris à se connaître lors des Jeux et on se croise souvent. Ils s’entraînent sur les mêmes journées que nous et parfois on s’entraîne même ensemble. Bon, je vous rassure, on ne se plaque pas pendant les oppositions ! Etre dans le village ensemble et faire des sorties ensemble aux JO était sympa et ça a resserré les liens.
Quels sont tes prochains objectifs sportifs ? As-tu pour objectif de participer de nouveau aux Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 ?
Le premier objectif, c’est la Coupe du monde à 15. Mais j’en envie de garder un pied à 7 et de ne pas faire que du 15 cette année. J’ai la chance d’être sous contrat et de m’entraîner à 7 à côté. Evidemment, j’ai envie de tirer jusqu’à Tokyo. Il faudra voir si je suis toujours en forme et sélectionnable mais oui, c’est un objectif que je garde dans le coin de la tête. C’est loin, mais ça arrive tellement vite ! Les saisons passent à une vitesse folle. Quand on a des objectifs, on prend les compétitions les unes après les autres et on ne se rend pas compte du temps qui passe ! On ne s’ennuie pas !
Merci beaucoup Camille et bonne année 2017 !
La carrière de Camille Grassineau en quelques lignes
Camille Grassineau est sélectionnée pour la première fois en équipe de France de rugby à 7 en 2009 et en équipe de France de rugby à 15 en 2012.
En 2014, avec l’équipe de France de rugby à 15, elle remporte le Tournoi du Six Nations féminin (Grand Chelem) puis termine 3e de la Coupe du monde disputée en France.
En août 2016, elle participe aux Jeux Olympiques de Rio. Elle inscrit le tout premier essai de l’histoire du rugby au Jeux Olympiques lors du match d’ouverture France-Espagne. La France est éliminée en quarts de finale et termine 6e avec en tout trois essais de Camille. Aujourd’hui âgée de 26 ans, Camille Grassineau a pour objectif la Coupe du monde 2017.
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