Alors que l’actualitĂ© rugby du moment est marquĂ©e par le Tournoi des 6 Nations, nous avons interviewĂ© l’ancien rugbyman David Bory. Vainqueur du Grand Chelem avec les Bleus en 2002, il a aussi participĂ© Ă la Coupe du monde 2003 oĂą la France a terminĂ© quatrième. Entretien.
David, tu as participé à la Coupe du monde 2003 après avoir été appelé en cours de compétition pour remplacer Xavier Garbajosa, blessé. Raconte-nous un peu comment tu as vécu cette arrivée dans le groupe France et ce contexte particulier ?
J’ai appris le vendredi soir que j’allais rejoindre le groupe France en Australie. J’ai pris l’avion le dimanche matin et je suis arrivé en Australie le mardi. Il restait encore un match de poules programmé le vendredi, contre les Américains. L’équipe de France était déjà qualifiée pour les quarts-de-finale. C’était donc un match pour reposer les cadres et faire participer tout le monde à la Coupe du monde. J’ai été vite intégré dans le groupe. Je connaissais déjà la majorité des joueurs et le projet de jeu grâce à mes précédentes sélections. Mais le jet lag de huit heures m’a fait énormément de mal, d’autant plus qu’on jouait le soir à 20h30. Du coup, j’ai joué quasiment à moitié endormi !
On imagine que tu as été très déçu lors de l’annonce de la sélection de l’équipe de France pour la Coupe du monde, dans laquelle tu ne figurais pas ?
Oui, d’autant plus que je faisais partie des valeurs sûres de l’équipe. Quand l’entraîneur Bernard Laporte m’a appelé pour me dire avant tout le monde que je ne figurais pas sur la liste, j’ai été très déçu et très triste. Après, le monde ne s’est pas arrêté ! Je me suis remis à travailler. J’ai préparé l’intersaison avec mon club afin de me remettre à mon niveau. Et c’est d’ailleurs pour ça que j’ai réintégré l’équipe de France suite au forfait de Xavier Garbajosa. Comme quoi, les choses ne sont pas perdues d’avance !
Lors de cette Coupe du monde 2003, tu as joué la petite finale contre les All Blacks. Cela doit être un grand souvenir ?
La dĂ©faite contre les Anglais en demi-finale a Ă©tĂ© une grosse dĂ©ception. Cinq jours plus tard, on devait jouer la troisième place contre les NĂ©o-ZĂ©landais. Il y avait beaucoup de fatigue physique et morale. L’entraĂ®neur voulait des joueurs gonflĂ©s Ă bloc pour jouer cette petite finale et j’en faisais partie. C’est un très bon souvenir, mĂŞme si on perdu de beaucoup. On a fini quatrième et mĂŞme si la compĂ©tition a Ă©tĂ© un Ă©chec dans son ensemble, je l’ai bien vĂ©cue. J’ai vu une nouvelle compĂ©tition, de nouvelles personnes, un nouveau pays, une nouvelle culture… C’était donc dans l’ensemble assez agrĂ©able !
On a l’impression qu’en 2003, l’équipe de France avait vraiment une chance de remporter la Coupe du monde. Tu le penses aussi avec le recul ?
Oui, parce qu’on faisait partie des meilleures équipes du monde. En plus, la Nouvelle-Zélande s’était fait battre par l’Australie. Je pense qu’on avait toutes les chances d’être champions du monde cette année-là . On avait des joueurs redoutables et énormément de concurrence saine à tous les postes. Avec le recul, c’est une grosse frustration d’avoir gâché le match contre les Anglais. On n’avait pas prévu de plan B. On avait un plan de jeu commun pour tout le monde du début à la fin. Malheureusement, avec les intempéries, on a déjoué et on n’a pas su s’adapter aux conditions climatiques. Cela nous a été fatal !
Tu as remporté le Grand Chelem avec l’équipe de France en 2002. Considères-tu que c’est le meilleur souvenir de ta carrière ?
Au niveau international, oui, c’est mon meilleur souvenir en tant que joueur. Toute la saison internationale avait été magnifique. On était invaincus lors de la tournée de novembre 2001. En 2002, on était aussi invaincus lors du Tournoi des 6 Nations. On était l’équipe à battre dans le monde. Tout ce qui se passait sur le terrain était magique ! On se trouvait sans se regarder ! Les matchs étaient de très haut niveau, très intenses, avec au bout le succès !
Tu as arrêté ta carrière professionnelle en 2008. L’après-carrière a-t-elle été particulièrement difficile à digérer ?
Oui, cela a été très difficile. On a une vie assez médiatique avec beaucoup de soutiens (partenaires, famille, amis) et du jour au lendemain, on ne se retrouve avec plus rien à part la famille. C’est comme une petite mort. J’ai mis deux ans et demi à préparer ma reconversion. Pendant ce temps, je rongeais un peu mon frein et je n’étais pas bien car je ne savais pas trop quoi faire. Aujourd’hui, je ne regrette pas ce qui s’est passé parce que je me suis reconstruit. Ma situation professionnelle me convient tout à fait et j’ai un garçon formidable, que j’ai pu élever pendant mes trois ans de galère. Je l’ai vu naître, évoluer et grandir. A l’image de ma carrière, j’ai su me recentrer sur m’essentiel.
Quelles sont tes activités depuis l’arrêt de ta carrière ? Tu es resté dans le monde du rugby ?
Je ne suis plus dans le monde du rugby. Pendant deux ans, je me suis occupé de la préparation physique de l’équipe professionnelle de hockey de Clermont Ferrand. Aujourd’hui, je suis gérant de salle de sport à Clermont Ferrand. Je me consacre uniquement à mon fils et à ma nouvelle passion, le crossfit !
Merci beaucoup David pour ta disponibilité !
La carrière de David Bory en quelques lignes :
Evoluant au poste d’ailier, David Bory débute sa carrière professionnelle à l’AS Montferrand, où il évolue entre 1994 et 2004. Il y remporte le Bouclier Européen en 1999 et est aussi finaliste du Championnat de France en 1999 et 2001.
Il connaît sa première sélection en équipe de France en mars 2000. En 2002, il remporte le Grand Chelem. Lors de la Coupe du monde 2003, il rejoint l’équipe de France en cours de compétition pour remplacer Xavier Garbajosa, blessé. Lors de cette Coupe du monde, l’équipe de France termine 4e et David Bory joue le match de poule contre les Etats-Unis ainsi que le match pour la troisième place contre la Nouvelle-Zélande. En tout, il compte 18 sélections en équipe de France pour 2 essais (entre 2000 et 2003).
Après avoir évolué à Castres (2004-2005), Bath (2005-2007, finaliste du Challenge Européen en 2007) et Brive (2007-2008), David Bory a mis un terme à sa carrière professionnelle. Aujourd’hui âgé de 39 ans, il s’est reconverti en coach sportif.
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