Interview de Thomas Lombard

(rugby)

Ancien international français, Thomas Lombard a remportĂ© Ă  plusieurs reprises le Championnat de France de rugby avec le Stade Français. RetraitĂ© des terrains depuis l’annĂ©e dernière, aujourd’hui consultant pour Canal+ et RMC, l’ancien joueur du MĂ©tro Racing 92 a acceptĂ© de revenir sur sa carrière et sa reconversion dans cet entretien exclusif.

Thomas, vous avez eu plusieurs sélections en équipe de France… Quel est votre souvenir le plus fort sous ce maillot ?

« C’est probablement le match contre l’Australie, lors de ma deuxième sélection. C’était mon premier match au Stade de France et j’ai eu la chance de marquer un essai contre les Australiens. Avec ma première sélection, qui est toujours marquante émotionnellement, c’est probablement ce moment-la que je retiendrais, car même si malheureusement on a perdu la rencontre, ça reste un beau souvenir pour moi. »

Vous avez joué au Stade Français entre 1997 et 2004… Comment expliquez-vous une telle fidélité ?

« Il y a le fait qu’on ait eu des résultats satisfaisants, le fait aussi que moi j’y ai trouvé mon épanouissement personnel, puisqu’à ce moment-la j’ai commencé à jouer en équipe de France. C’était une logique de haut-niveau aussi, et puis j’étais Parisien donc j’étais dans mon élément ! J’étais heureux là-bas, c’était très intéressant pour moi et c’est pour ça que j’y suis resté aussi longtemps et que j’ai pris autant de plaisir. »

En 2004, vous quittez le Stade Français pour le club anglais de Worcester… Qu’est-ce qui a motivé votre décision d’aller jouer dans ce club en Angleterre ?

« L’Angleterre, parce-que je pense qu’étant à la recherche de quelque chose de différent (j’avais passé huit saisons à Paris), c’était un challenge intéressant pour moi. Après, les choses se font faites aussi de telle manière que j’étais encore sous contrat avec le Stade Français quand je l’ai quitté, et donc c’était plus facile pour moi d’obtenir une libération et une clause de sortie dans mon contrat en allant à l’étranger plutôt qu’en restant dans le Championnat de France. Et puis pour l’expérience, parce-que c’était probablement l’une des dernières occasions pour moi de partir tenter quelque chose, une aventure qui soit différente, avec un nouveau mode de vie, un nouveau championnat, et je ne regrette pas d’avoir fait ce choix. »

Puis vous êtes revenu dans le club de vos débuts, au Racing Métro 92, en Pro D2… Est-ce une déception de ne pas avoir pu participer à la montée du Racing dans le Top 14 ?

« Forcément, ça reste une petite déception. Mais je crois que la saison a été quand même intéressante : on a eu la chance de disputer une finale, j’ai eu la chance de redécouvrir le club de mes débuts dans un contexte totalement différent, de participer quand même malgré tout au renouveau du Racing, même si c’est vrai que l’objectif de remonter n’a pas été atteint dès la première saison. Malgré tout, je crois qu’on a fait partie de ceux qui ont posé les pierres, les fondements de l’édifice qui font qu’aujourd’hui le Racing retrouve le très haut-niveau petit à petit, donc de ce point de vue-la c’est une satisfaction. Et j’ai aussi le sentiment d’avoir bouclé la boucle de manière originale parce-que c’est vrai que ça n’arrive pas souvent qu’un joueur termine sa carrière dans le club où il l’a commencée. Donc voilà, tout cela mis bout à bout atténue grandement la déception de la défaite en finale face à Mont de Marsan. »

A la fin de la saison 2007/2008, vous annoncez que vous mettez un terme à votre carrière en raison d’une anomalie cardiaque… Comment avez-vous vécu moralement cette période ?

« La réaction, elle est forcément assez négative, elle est déroutante… J’ai pris ça comme ça, comme une claque en pleine figure… Malheureusement, on n’a pas vraiment le temps de se poser de questions puisqu’il y a une seule route à suivre, c’est celle de la raison, et à partir de là j’ai dû accepter cette décision. D’un autre côté, en relativisant, j’étais quand même plus en fin de carrière qu’en début, donc je n’ai au moins pas eu à me poser les questions que certains ont, à savoir si on fait la saison de plus ou si on arrête. Là, on me l’a imposé donc quelque part je n’ai pas connu ces turbulences psychologiques que certains se sont certainement posées et se poseront encore à la fin de leur carrière. Maintenant, c’est vrai que c’était un peu compliqué mais j’ai eu la chance de pouvoir rester dans le monde du rugby et je pense que je ne m’en suis pas trop mal tiré, même si j’aurais préféré jouer encore une ou deux saisons au Racing. »

Depuis cette annonce, comment se passe votre reconversion ?

« Ca se passe relativement bien. J’ai la chance de pouvoir rester dans le milieu du rugby en étant consultant pour Canal+ et pour RMC, donc ça m’a permis aussi de trouver un certain équilibre entre la fin de carrière, qui est souvent brutale et qui crée un manque chez les joueurs, et le fait que pouvant avoir cette activité, je suis resté assez proche des terrains et assez proche de ce qui a été mon quotidien pendant des années. Donc c’est vrai que c’était intéressant de pouvoir faire ça, et moi j’y trouve un certain plaisir aussi, et donc c’est positif tout ça ! »

Avez-vous des projets pour le futur dans votre reconversion ?

« Vous savez, les choses évoluent assez vite. Moi, de toute façon, pour le moment, je ne me projette pas dans le souhait ou dans la logique d’être un entraîneur de haut-niveau. Après, pourquoi pas essayer un jour d’intervenir auprès des jeunes, car la formation c’est toujours intéressant et je crois que c’est un juste retour des choses de pouvoir rendre un moment dans sa vie ce qu’on a reçu. On a profité de gens, notamment quand on est jeune, dans les écoles de rugby qui ont donné beaucoup de leur temps pour pouvoir entraîner des enfants, et je trouve que c’est logique un jour ou un autre de pouvoir rendre ça. Ca fait partie aussi des valeurs du rugby et il faut continuer à les développer. »

Merci beaucoup Thomas pour cette interview !

La carrière de Thomas Lombard en quelques lignes :

Thomas Lombard débute sa carrière au Racing Club de France, qu’il quitte en 1997 pour rejoindre le Stade Français. Evoluant au poste de trois-quarts aile, il défend les couleurs du Stade Français pendant huit saisons et remporte quatre fois le Championnat de France. Il atteint aussi une fois la finale de la Coupe d’Europe.

Ses bonnes performances en club lui permettent d’être sélectionné en équipe de France : sa première cape date de novembre 1998 et il compte en tout douze sélections.

Ensuite, Thomas Lombard part jouer en Angleterre, dans le club de Worcester, avant de revenir au Métro Racing 92 pour la saison 2007/2008. C’est à la fin de cette saison qu’il annonce la fin de sa carrière en raison de problèmes cardiaques. Depuis, on le retrouve régulièrement sur Canal+ et sur RMC en tant que consultant.

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