Malia Metella est devenue vice-championne Olympique du 50 m en 2004 à Athènes et vice-championne du monde du 100 m en 2005. Elle revient pour nous sur ces grands moments et nous donne des nouvelles de sa reconversion.
Malia, vous avez remporté la médaille d’argent du 50 m nage libre des Jeux Olympiques d’Athènes 2004, quelques jours après avoir terminé quatrième du 100 m nage libre. On imagine que cette quatrième place sur le 100 m a dû être difficile à vivre ?
Oui, ça a Ă©tĂ© très dur. J’étais au fond du gouffre quand je suis arrivĂ©e quatrième au 100 m nage libre. La semaine avait très compliquĂ©e. J’ai commencĂ© par le relais 4×100 m, oĂą on a Ă©tĂ© cinquièmes avec les filles. On s’est Ă©clatĂ©es. C’était super pour nous d’arriver cinquième aux Jeux et on ne s’y attendait pas. La mĂŞme journĂ©e, j’ai fait le 100 m papillon mais je suis complètement passĂ©e Ă travers. Trois jours après, j’avais le 100 m nage libre. C’était pour moi une manière de rebondir après le 100 m papillon. J’ai passĂ© les sĂ©ries et les demi-finales. Mais lors de la finale, j’ai malheureusement pris la dĂ©cision dans les 25 derniers mètres de ne pas respirer du cĂ´tĂ© des filles de tĂŞte, qui Ă©taient au centre du bassin. Je me suis dit que j’allais me concentrer sur ma nage et faire le maximum pour toucher le mur le plus vite possible. Cela a Ă©tĂ© une erreur. Il aurait fallu que je puisse voir les autres pour pouvoir gĂ©rer ma course et ma nage par rapport Ă elles. Une fois que j’ai touchĂ© le mur, ça a Ă©tĂ© une dĂ©sillusion. Je suis arrivĂ©e quatrième, 10 centièmes derrière la troisième Natalie Coughlin. J’étais complètement au fond du gouffre. Quand je suis passĂ©e par la zone mixte, lĂ oĂą il y a les journalistes, j’étais en pleurs. Je ne savais plus quoi dire ou quoi faire, tellement passer Ă cĂ´tĂ© d’une mĂ©daille Olympique Ă©tait dur pour moi. Le soir, je n’ai pas dormi.
Comment vous avez su vous remobiliser pour obtenir l’argent sur 50 m après cette déception sur le 100 m ?
Le 50 m nage libre était ma dernière course et ma dernière chance. Je pouvais encore me rattraper. Dans ma tête, j’allais tout donner, que ce soit en série, en demi-finale ou en finale. Je n’ai pas dormi et j’ai pleuré toute la nuit. Mais je suis repartie à fond le lendemain matin, motivée à bloc. Ça s’est très passé et j’avais je crois le troisième temps quand je suis arrivée en finale. Pour moi, c’était la course qu’il ne fallait pas rater. Il fallait la réaliser parfaitement. J’avais même dit en zone mixte la veille que les autres filles avaient intérêt à s’accrocher parce que j’étais à bloc. J’avais la colère, j’avais l’envie, et je n’avais plus de stress tellement j’étais remontée après ma quatrième place sur le 100 m nage libre. Il me restait une course, une longueur, et j’étais prête pour monter sur le podium.
« Quand j’ai touché le mur, je ne me suis pas rendue compte que j’étais deuxième. J’ai eu un temps de réaction avant de comprendre »
Racontez-nous comment vous avez vécu cette finale de l’intérieur et le moment où vous avez compris que vous étiez vice-championne Olympique ?
J’étais peut-être celle qui avait le moins d’expérience dans cette finale. Je savais que j’avais l’un des plus mauvais départs et qu’il ne fallait pas que je perde trop de temps. J’ai gagné quelques centièmes par rapport à la demi-finale, ce qui m’a permis d’être vraiment dans les clous dès le départ. J’ai tout donné. J’ai eu le temps de me poser la question si j’allais respirer ou pas, et je me suis dit que cela ne servait à rien : je devais tout donner et juste penser à toucher le mur. A 7 mètres du mur, j’étais en septième position. Je me disais que c’était maintenant ou jamais car je n’aurais plus d’autre chance. Je me suis donnée à fond dans les 7 derniers mètres. Quand j’ai touché le mur, je ne me suis pas rendue compte que j’étais deuxième. J’ai eu un temps de réaction avant de comprendre que c’était bien le chiffre 2 à côté de mon couloir sur l’écran géant. Car selon que ce soit en anglais ou en français, ce n’est pas pareil : parfois c’est le couloir puis la place, et parfois c’est la place puis le couloir. J’ai mis 10 à 15 secondes pour comprendre que j’étais deuxième et que j’allais vraiment monter sur le podium Olympique !
Vous êtes devenue vice-championne Olympique pour vos premiers Jeux Olympiques, à l’âge de 22 ans. Avec le recul, considérez-vous que c’est le meilleur souvenir de votre carrière ?
Toutes mes médailles ont une histoire. Mais oui, c’est parmi les plus beaux souvenirs de ma carrière. Une médaille Olympique, c’est ce qu’on attend tous. En arrivant à Athènes, je ne savais pas que j’étais capable d’aller chercher une médaille. C’est la plus belle médaille que j’ai.
De façon plus globale, quels souvenirs gardez-vous de ces Jeux Olympiques d’Athènes ?
Ces premiers Jeux sont pleins de supers souvenirs ! C’était en Grèce, là où sont nés les Jeux. C’était très symbolique pour moi. Je ne connaissais pas du tout Athènes. Il y a le premier stade olympique, où il y avait les gladiateurs. J’ai le souvenir d’avoir croisé les sœurs Williams et Justine Henin, que j’avais l’habitude de voir à la télé. Aux Jeux, tu as la chance de croiser plein d’athlètes que tu ne croises pas dans ta carrière, sauf pendant 15 jours. Ce sont des sportifs que tu admires par rapport à ce qu’ils font dans leur sport. Les Jeux sont des moments magiques !
Vous êtes devenue triple championne d’Europe en 2004, trois mois avant les Jeux Olympiques. Pensez-vous que ces très bons Championnats d’Europe ont joué un rôle dans votre médaille Olympique ?
Non. Cela a été des Championnats d’Europe exceptionnels, que ce soit en équipe ou en individuel, et je me suis éclatée. Je pense ça m’a permis de savoir où j’étais par rapport au travail effectué les quatre années précédentes. Cela m’a permis de me dire que j’étais capable de faire quelque chose de bien si je me donnais les moyens.
Mais j’ai complètement fait abstraction de ces Championnats d’Europe avant les Jeux. Il ne fallait pas que je me base dessus parce que certains nageurs et nageuses n’y ont pas participé. Quel que soit le sport, beaucoup font l’impasse sur la compétition d’avant pour se focaliser sur la préparation des Jeux Olympiques. Après ces Championnats d’Europe, une grosse préparation a été faite. Pour moi, c’était étape par étape et il fallait que je reste concentrée sur chaque compétition au fur et à mesure.
« Même si je n’ai pas brillé et je n’ai pas eu de médaille, Pékin reste fabuleux ! »
L’année suivante, en 2005, vous êtes devenue vice-championne du monde du 100 m. Considérez-vous que cette médaille a été plus difficile à obtenir du fait de votre statut de médaillée Olympique ?
Elle a été plus difficile, mais pas par rapport au fait que je commençais à me faire un nom dans la natation mondiale. Elle a été plus difficile dans la semaine que j’ai vécue. J’étais dans un autre contexte. Mon entraîneur venait pour la première fois avec moi sur une grande compétition. C’était double stress, pour lui et pour moi. Ça a été une semaine assez riche en émotions. Et puis c’était sur l’épreuve reine, le 100 m, une course où je n’avais pas eu de médaille aux Jeux. Mais j’ai fait ma course et je ne me suis pas focalisée sur les attentes.
Vous avez Ă©galement participĂ© aux Jeux Olympiques de PĂ©kin en 2008. Gardez-vous de bons souvenirs de ces Jeux Olympiques malgrĂ© le fait que vous n’avez pas remportĂ© de mĂ©daille ?
Oui. Même si je n’ai pas brillé et je n’ai pas eu de médaille, Pékin reste fabuleux ! Mes camarades de l’équipe de France ont brillé et nous ont fait vibrer. Grâce à ça, j’ai vécu des supers derniers Jeux Olympiques. Le relais des garçons a été dingue, même s’ils ne l’ont pas gagné. Les médailles d’Alain Bernard et Amaury Leveaux sont aussi de grands souvenirs. J’ai vécu ces Jeux un peu par procuration à travers mes camarades de l’équipe de France.
Votre petit frère Mehdy Metella est maintenant une des têtes d’affiche de l’équipe de France de natation. Le conseillez-vous parfois ?
En effet, Mehdy est avec Charlotte Bonnet un des porte-drapeaux de la natation française. Les garçons sont très compliqués à conseiller, ils sont têtus, c’est horrible ! (rires) Medhy n’en fait parfois qu’à sa tête. Je pense qu’il veut prouver qu’il est capable de faire les choses en prenant ses propres décisions. Il ne comprend pas que quand on lui donne des conseils, c’est pour son bien et pour ne pas qu’il fasse d’erreur. La famille ou moi, on est là en support. Mais je sais que la première personne qu’il a besoin d’écouter, c’est son coach. Il a un super coach, Julien Jacquier, qui le connaît très bien. J’essaie de ne pas trop rentrer dans ce duo.
Que devenez-vous aujourd’hui et quelles ont été les grandes lignes de votre reconversion depuis l’arrêt de votre carrière en 2009 ?
En 2009, j’ai fini mes études de journalisme. J’avais commencé une année à l’INSEP, puis j’ai étudié mes deux dernières années dans une école privée à l’extérieur. Ensuite, j’ai travaillé en indépendante dans une entreprise pendant 8 mois. Et après, ça a été un peu la galère pendant deux ans pour trouver du travail. En 2014, j’ai eu de la chance car Allianz a ouvert un programme pour recruter des anciens sportifs de haut niveau. J’avais tellement envie de commencer à travailler que j’ai décidé de rejoindre ce programme. Même si je ne connaissais pas le métier, on allait me former. C’était l’occasion. Depuis 2014, je travaille donc chez Allianz. Au début, je travaillais en gestion de patrimoine. Ensuite, j’ai été rattachée à un délégué régional sur l’Île-de-France. Puis j’ai eu la chance d’arriver au siège et de travailler sur des événements, que ce soit des conférences immobilières ou des événements culturels et sportifs. Cela fait maintenant plus de deux ans que je ne m’occupe plus que du sport. Allianz est partenaire du CIO. Je suis en charge de l’hospitalité chez nos partenaires, et de gérer des loges pour que nos collaborateurs invitent nos clients !
Merci beaucoup Malia pour votre gentillesse et votre disponibilité !
La carrière de Malia Metella en quelques lignes :
Malia Metella remporte ses premières mĂ©dailles internationales lors des Championnats d’Europe en petit bassin 2003 (or du 100 m et argent du 50 m nage libre). Elle brille lors des Championnats d’Europe 2004 avec l’or sur 100 m nage libre, le relais 4×100 m nage libre et le relais 4×100 m 4 nages ainsi que l’argent sur 100 m papillon.
SĂ©lectionnĂ©e pour les Jeux Olympiques d’Athènes 2004, elle est 5e du relais 4×100 m nage libre, demi-finaliste du 100 m papillon et 4e du 100 m nage libre, avant de devenir vice-championne Olympique du 50 m nage libre. L’annĂ©e suivante, en 2005, elle est vice-championne du monde du 100 m nage libre.
Lors des Championnats du monde 2007, elle termine 7e du 50 m nage libre et 8e du 100 m nage libre. Elle participe aux Jeux Olympiques de PĂ©kin 2008 (6e du relais 4×100 m nage libre, demi-finaliste des 50 m et 100 m nage libre) et aux Championnats du monde 2009 (9e du 50 m nage libre). Elle dĂ©cide de mettre un terme Ă sa carrière en 2009, Ă l’âge de 27 ans. Aujourd’hui, Malia Metella travaille pour l’entreprise Allianz.
Participations aux Jeux Olympiques d’Athènes 2004 et Pékin 2008
Médaillée d’argent aux Jeux Olympiques d’Athènes 2004 (50 m nage libre femmes)
Laisser un commentaire