A l’occasion des 10 ans des Jeux Olympiques de Vancouver, nous vous proposons une sĂ©rie d’interviews d’athlètes qui ont brillĂ© en 2010. Pour commencer, c’est Marie Dorin-Habert qui a rĂ©pondu Ă nos questions. MĂ©daillĂ©e de bronze du sprint et d’argent du relais fĂ©minin Ă Vancouver, elle a terminĂ© sa carrière par un titre de championne Olympique du relais mixte aux Jeux Olympiques de Pyeongchang 2018.
Marie, tu as remporté il y a 10 ans la médaille de bronze du sprint des Jeux Olympiques de Vancouver 2010. A l’époque, tu avais créé la surprise en montant sur le podium. Etait-ce pour toi aussi une surprise ?
Oui, ça a été une grosse surprise. J’avais senti que j’avais progressé durant la saison de préparation et mon podium de l’année précédente à Khanthy-Mansiysk m’avait ouvert une porte. Mais j’ai tout de même bénéficié de meilleures conditions sur le sprint de cette olympiade et j’ai réussi à sortir en plus la course parfaite ce jour-là . D’où le bon résultat !
Lors de ces Jeux Olympiques de Vancouver, tu as aussi remporté la médaille d’argent avec le relais femmes. Avec la joie et l’agitation médiatique liée à ta médaille en individuel, cela avait-il été difficile de se reconcentrer sur le relais et les autres épreuves ?
Oui. Je suis passée de la position de la « dernière du groupe » à la fille médaillée sur le sprint et donc en forme. Je pense que je me suis mise une pression énorme sur le relais. Trop peur de ne pas pouvoir tenir le nouveau rang où la première médaille m’avait propulsée. Les filles m’ont donné le relais en première position ce jour-là et j’ai paniqué sur le tir couché. Je suis allée tourner deux fois sur l’anneau de pénalité. Heureusement que mes autres relayeuses ont été fantastiques, car de mon côté j’ai fait le plus mauvais relais de ma carrière.
Tu as eu moins de réussite lors des Jeux Olympiques de Sotchi en 2014, mais tu revenais tout juste de blessure. As-tu quand même pris du plaisir lors de ces JO ?
Sur cette Olympiade, j’étais effectivement blessée à la cheville et je n’ai repris le ski que deux semaines avant les JO. Je n’attendais pas de résultats sur les courses. De plus, j’étais enceinte de ma première fille et j’ai passé les 15 jours au lit à dormir ! Mais c’était tout de même une belle expérience. Et les montagnes étaient magnifiques.
Tu as réussi un exploit exceptionnel lors des Championnats du monde d’Oslo en 2016 avec six médailles remportées en six courses : l’or en individuel, mass start et relais mixte, l’argent en sprint et en relais, et le bronze en poursuite. Qu’est-ce-qui a fait la différence lors de cette compétition ?
Ma blessure lors de l’année 2014 doublée avec la grossesse m’ont permis de récupérer des années d’entraînement. Je suis donc revenue en janvier 2015 très en forme, et j’ai réussi le doublé sur les Championnats du monde de Kontiolathi avec le sprint et la poursuite. La saison d’entraînement suivante, j’étais toujours très en forme et j’ai pu m’entraîner dans de supers conditions. Je pense que ma saison de courses 2015-2016 est d’ailleurs ma meilleure saison. J’étais en forme physiquement et lorsque je mettais les balles, je savais que je pouvais jouer la victoire. Le sprint des Championnats du monde d’Oslo est probablement ma plus belle réussite. C’était un combat avant tout contre moi-même car je savais pouvoir remporter une médaille et j’ai réussi la course parfaite. Ça m’a libérée pour la suite des Championnats, où j’ai réalisé de très belles performances. Mon mari et ma fille étaient à mes côtés et c’est un super souvenir partagé.
Lors des Jeux Olympiques de Pyeongchang en 2018, tu as remporté l’or en relais mixte et le bronze en relais féminin. Remporter la médaille d’or Olympique était-il pour toi un rêve qui se réalisait ?
Je ne sais pas. Je crois que cette médaille m’a marquée car j’ai eu beaucoup de difficultés cette saison-là et même me sélectionner sur cette course a été un long combat ! J’étais donc soulagée et très émue car je savais que j’arrêtais ma carrière à ce moment-là .
Tu as participé à trois éditions des Jeux Olympiques : Vancouver 2010, Sotchi 2014 et Pyeongchang 2018. Quelle est celle qui t’as le plus marquée ?
C’est sans hésiter Vancouver. C’était magique, dans un lieu magnifique, une découverte absolue. Avec deux médailles en bonus alors que je ne pensais pas en gagner une ! C’était aussi des JO à taille humaine.
Durant ta carrière, le biathlon a pris une autre dimension en France, notamment en termes de médiatisation. Quelles répercussions cela-a-t-il eu sur ta carrière ?
Cela n’a eu aucun impact sur ma carrière. Si ce n’est qu’à la fin, les gens connaissaient le biathlon et qu’on me reconnaissait dans la rue.
Tu as mis un terme à ta carrière de biathlète en 2018. Comment se passe ta reconversion ?
Très bien ! J’ai accepté un travail pour le département de l’Isère sur des missions Sport et Environnement. Cela me plaît beaucoup car c’est le domaine de mes études, que j’avais continuées pendant ma carrière (avec un Master biologie, écologie et environnement). Avec mon mari et Robin Duvillard (médaillé de bronze aux JO de Sotchi en ski de fond), nous avons ouvert un hôtel à Corrençon-en-Vercors appelé « Zecamp », qui nous permet de communiquer les valeurs du sport et de respect de l’environnement à nos clients. Enfin, j’ai eu une deuxième petite fille et j’ai écrit un premier livre qui m’a beaucoup plu. Je souhaiterais en écrire un deuxième ! Je travaille également à la chaîne L’Equipe occasionnellement, ce qui me permet de retrouver les copines et les copains du ski !
Merci beaucoup Marie pour cette interview et bravo pour ta carrière !
La carrière de Marie Dorin-Habert en quelques lignes :
Marie Dorin-Habert signe son premier podium en Coupe du monde en mars 2009, lors de la poursuite de Khanty-Mansiisk. Lors des Jeux Olympiques de Vancouver 2010, elle remporte la médaille de bronze du sprint ainsi que la médaille d’argent avec le relais féminin. Elle remporte plusieurs médailles aux Championnats du monde en relais féminin (bronze en 2009, argent en 2011 et 2012) et en relais mixte (bronze en 2011).
Lors des Jeux Olympiques de Sotchi 2014, elle revient de blessure et est notamment 6e du relais mixte et 14e de la poursuite. Peu après avoir donné naissance à un enfant, elle obtient deux médailles d’or (sprint et poursuite) et deux médailles d’argent (relais et relais mixte) aux Championnats du monde 2015. Elle signe une performance exceptionnelle lors des Championnats du monde 2016 avec 6 médailles en 6 courses : l’or en individuel, mass start et relais mixte, l’argent en sprint et en relais féminin, et le bronze en poursuite.
Lors des Championnats du monde 2017, elle obtient l’argent en relais mixte et le bronze en relais féminin. En 2018, elle devient championne olympique du relais mixte lors des Jeux Olympiques de Pyeongchang. Lors de ces JO, elle obtient aussi le bronze en relais féminin ainsi que 2 top 10 (4e du sprint et 9e de la mass start). Dans la foulée, elle met un terme à sa carrière. Aujourd’hui âgée de 33 ans, Marie Dorin-Habert travaille désormais pour le département de l’Isère.
Participations aux Jeux Olympiques de Vancouver 2010, Sotchi 2014 et Pyeongchang 2018
Médaillée d’or aux Jeux Olympiques de Pyeongchang 2018 (relais mixte)
Médaillée d’argent aux Jeux Olympiques de Vancouver 2010 (relais femmes)
Médaillée de bronze aux Jeux Olympiques de Vancouver 2010 (sprint) et de Pyeongchang 2018 (relais femmes)
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