Il y a quatre ans, Marion Josserand décrochait la médaille de bronze du skicross lors des Jeux Olympiques de Vancouver. A quelques semaines des JO de Sotchi, elle revient sur cette performance ainsi que sur la difficulté de se préparer suite à ses blessures.
Marion, tu as remporté la médaille de bronze du skicross lors des Jeux Olympiques de Vancouver en 2010. Raconte-nous un peu comment tu as vécu la finale de l’intérieur ? On imagine que tu as ressenti beaucoup de pression ?
La finale, c’était quelque chose ! Il y avait beaucoup de temps entre la demi-finale et la finale : à peu près 20 minutes. Je peux te dire que tu as alors vraiment le temps de te préparer, de te dire que tu es en finale des Jeux Olympiques, qu’on est quatre au départ et qu’il y a trois places sur le podium. La pression a eu le temps de monter !
Une fois au départ, je me suis complètement tendue. Je me rappelle que lorsque je me suis mise dans les portes, j’étais toute rouge, crispée et concentrée. Une fois que la porte est tombée, je suis partie deuxième. Dans la tête, je n’arrêtais pas de me dire : « médaille d’argent, médaille d’argent, médaille d’argent ». Je voyais que je rattrapais un peu celle de devant et j’ai voulu la doubler sur un saut. Mais je me suis décalée du mauvais côté : c’était un virage vers la droite et j’ai atterri totalement sur la gauche. J’ai perdu toute ma vitesse et la deuxième est passée. Je me suis alors dit : « médaille de bronze, médaille de bronze, donne tout ce que tu as ». Quand j’ai passé la ligne d’arrivée, ça a été un soulagement mais avec un peu de déception d’avoir perdu ma deuxième place.
Tu n’étais pas favorite lors de ces Jeux Olympiques. A quel moment as-tu vraiment senti que tu étais capable d’aller chercher une médaille ?
C’est entre la demi-finale et la finale. Quand je suis montée sur le télésiège, je me suis dit qu’il y avait vraiment quelque chose à jouer. J’ai pensé : « tu y es, c’est maintenant et ce ne sera pas après ! ». Mais j’y ai songé aussi un petit peu avant, quand je me suis qualifiée pour les demi-finales. Il ne restait plus qu’un run à passer pour entrer en finale.
Qu’est-ce-que cette médaille olympique a changé pour toi, que ce soit sur ou en dehors des pistes ?
Sur les pistes, je dirais un petit peu plus de confiance en moi et l’envie de bien faire. Je veux prouver que cette médaille n’est pas due au hasard et que j’ai les capacités de réussir dans ma discipline. En dehors, cette médaille a changé pas mal de choses car j’arrive maintenant à peu près à vivre de mon sport. J’ai en particulier un contrat avec les Douanes et c’est grâce à elles que je peux continuer à vivre de ma passion. Je tiens à les remercier car je pense que je ne serais pas là sans elles !
Tu arrives donc à vivre du skicross ?
Oui, j’en vis un peu. J’ai donc ce contrat avec les Douanes. Chamrousse, ma station, me suit aussi ainsi que Starway, une entreprise qui est sur Paris. Après ma médaille Olympique, j’ai réussi à trouver ces sponsors. Ils m’ont suivi malgré mes pépins physiques.
Tu as connu plusieurs blessures importantes au cours de ta carrière, en particulier en 2004 et en 2011 où tu as été victime d’une rupture des ligaments croisés du genou. As-tu parfois songé à arrêter ta carrière ou douté de retrouver ton niveau d’avant ?
Bien sûr, mais pas sur mes deux premières blessures. C’est quand ça commence à traîner, qu’on te dit : « dans six mois, tu es sur les skis » et qu’au bout de huit mois, tu n’y es toujours pas et tu n’arrives même pas à te mettre accroupis… Pour te dire, ça fait trois ans que je ne me suis pas mise accroupis et je fais pourtant du ski de haut niveau. Je m’abîme pour plus tard. J’en bave toujours avec mon genou. Cet hiver, je me suis reblessée, et cet été, je n’ai pas skié du tout. Je n’ai que six ou sept jours de ski derrière moi depuis le mois de mars. Je me suis fait opérer mi-octobre. Les doutes s’installent, mais je reste concentrée. Je crois en moi et je me dis que tout est possible.
Le skicross est une discipline Olympique depuis 2010 et fait partie du programme des X Games. De ces deux compétitions, quelle est l’atmosphère qui te fait la plus vibrer ? Â
Je dirais quand même les Jeux Olympiques parce que c’est grandiose et que c’est un événement dont on rêve depuis tout petit. Les Jeux Olympiques sont l’événement ultime dans une carrière de sportif. Je n’ai pas fait les X Games souvent. Je ne les ai fait que deux fois et ce n’est pas la même ambiance : c’est plus rock ‘n’ roll, américain.
Comment s’est passée la préparation pour les Jeux Olympiques de Sotchi, qui auront lieu en février prochain ?
Pour moi, l’hiver s’est arrêté au mois de janvier. J’ai ensuite skié un petit peu mais j’avais mal au genou. J’ai eu une opération. J’ai repris beaucoup de kiné et beaucoup de vélo pour ne pas trop forcer sur le genou. Après, j’avais beaucoup de douleurs mais j’ai quand même voulu skier : j’aime ça et je sentais que je pouvais le faire. Je suis allée skier mais ça ne s’est pas très bien passé. Je suis donc retournée au stade de la rééducation et de la kiné. J’ai fait beaucoup de préparation physique. Dans notre discipline, le départ est très important. J’ai donc beaucoup travaillé le haut du corps pour essayer de faire des bons départs. J’ai repris le ski au mois de septembre, avec toujours des douleurs !
L’objectif aux Jeux Olympiques de Sotchi est-il de se faire plaisir et de profiter après plusieurs saisons marquées par des blessures ou bien de défendre ta médaille Olympique à tout prix ?
Cette question est extrêmement dure (rires) ! Je dirais les deux. Je suis quand même une compétitrice donc j’irais défendre ma médaille et essayer de faire mieux !
Merci beaucoup Marion pour ta gentillesse ! En te souhaitant une belle saison !
Crédit photo 1 : AFP
La carrière de Marion Josserand en quelques lignes :
Spécialiste du skicross, Marion Josserand débute sa carrière en Coupe du monde en janvier 2007. Deux mois plus tard, elle termine 7e des Championnats du monde.
En janvier 2009, elle s’impose lors de l’épreuve de Coupe du monde de St Johann in Tirol. Cette même saison, elle prend aussi la 11e place des Championnats du monde et termine 2e de l’épreuve de Coupe du monde de Grindelwald.
C’est en 2010 qu’elle se révèle au grand public : elle décroche alors la médaille de bronze des Jeux Olympiques de Vancouver, pour l’entrée du skicross au programme Olympique. Perturbée depuis par des blessures, elle signe une quatrième place en décembre 2012. Aujourd’hui âgée de 27 ans, Marion Josserand vise les Jeux Olympiques de Sotchi de février prochain.
Pour en savoir plus sur Marion, visitez son site officiel : marionjosserand.com
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