Aux Jeux Olympiques de Londres l’annĂ©e dernière, Mylène Lazare a remportĂ© la mĂ©daille de bronze avec le relais 4×200 m nage libre. Alors qu’elle a repris ses Ă©tudes cette annĂ©e, elle a de nouveau Ă©tĂ© mĂ©daillĂ©e de bronze avec le relais aux Championnats du monde de Barcelone il y a un mois. Entretien.
Mylène, le grand public t’a dĂ©couverte lors des Jeux Olympiques de Londres l’annĂ©e dernière oĂą tu as remportĂ© la mĂ©daille de bronze avec le relais 4×200 m nage libre. Considères-tu que cette mĂ©daille a Ă©tĂ© la rĂ©alisation d’un rĂŞve ?
Je dirais que la qualification pour les Jeux Olympiques Ă©tait dĂ©jĂ la rĂ©alisation d’un rĂŞve. Quand on est sportif de haut niveau, qui plus est dans un sport olympique, on rĂŞve d’y accĂ©der. Les Jeux Olympiques sont un peu la finalitĂ©. Après, on savait que le relais 4×200 m avait la capacitĂ© de remporter une mĂ©daille et on a fait en sorte que ça se passe du mieux possible. La mĂ©daille a vraiment Ă©tĂ© la cerise sur le gâteau !
Tu as remporté cette médaille au titre de ta participation aux séries du relais, mais tu n’as pas pu monter sur le podium officiel des JO. Est-ce que cela a été particulièrement frustrant pour toi ?
Non, ça n’a pas été frustrant parce que je savais que mon objectif en venant à Londres avec l’équipe était vraiment de qualifier le relais pour l’après-midi pour que les filles soient dans les meilleures dispositions et puissent faire la meilleure performance possible. Ça s’est finalement passé comme on l’espérait. Mon rôle a été de soutenir le relais et c’est ce que j’ai fait. On a été six médaillées sur l’épreuve. J’étais vraiment heureuse de voir les filles sur le podium. Même si je n’y étais pas, elles l’ont suffisamment partagé avec nous donc c’était un plaisir !
De quelle façon as-tu reçu cette médaille olympique ?
Je l’ai reçue quelques minutes après le podium. C’est le DTN qui l’a remise à Margaux Farrell et à moi. On était avec tout le staff de l’équipe de France. J’ai pu rejoindre ma famille après. Leur montrer la médaille était super !
Raconte-nous comment tu as vécu la période entre ta série nagée du matin et la finale du relais des Jeux Olympiques le soir. As-tu passé ce temps avec les titulaires de la finale ?
A la suite des séries, je suis allée récupérer avec les nageuses du matin. Camille (Muffat) et Ophélie (Cyrielle-Etienne) renageaient le soir et j’ai donc récupéré avec elles. Après, on est retournées au Village Olympique ensemble. On a déjeuné ensemble et on est reparties à la piscine ensemble. On voulait vraiment faire sentir qu’on était une équipe et qu’on était toujours six jusqu’au moment où elles ont plongé. Après, j’étais dans les gradins avec Margaux Farrell (l’autre remplaçante) et Alain Bernard et on a suivi la course de près. Il y avait tous les nageurs français mais c’est vrai qu’on était assez soudés tous les trois : Alain espérait beaucoup cette médaille par rapport à Coralie (Alain Bernard est en couple avec Coralie Balmy, ndlr), et Margaux et moi espérions aussi avoir cette médaille.
J’avais déjà vécu une finale sur d’autres compétitions internationales de l’autre côté, en étant derrière le plot et en y participant. C’est finalement encore plus stressant d’être dans les gradins parce qu’on n’est pas acteurs de la performance ! C’est difficile, mais il y a beaucoup d’excitation. On partage avec les autres membres de l’équipe de France. C’est différent !
Il y a quelques semaines, tu as remportĂ© la mĂ©daille de bronze du relais 4×200 m nage libre aux Championnats du monde de Barcelone. As-tu ressenti une pression supplĂ©mentaire comme tu Ă©tais cette fois-ci titulaire en finale ?
Non, je n’ai pas vraiment ressenti de pression particulière parce que je savais ce que j’avais à faire. J’étais concentrée sur l’objectif. Finalement, j’étais moins stressée que l’année d’avant dans les gradins à encourager les filles ! C’était vraiment différent. Je participe régulièrement à ce relais depuis 2008 donc l’expérience a fait que je n’avais pas trop de stress. J’avais beaucoup d’envie et de motivation. Et puis on était soudées : quand on est quatre derrière le plot, c’est autre chose que quand on est toute seule !
Le relais français semble se rapprocher d’année en année des deux premières places. L’objectif est désormais plutôt de confirmer ces deux dernières médailles de bronze ou bien d’aller chercher les Etats-Unis et l’Australie ?
C’est vrai qu’on se rapproche d’année en année. Je pense que la médaille d’argent sera vraiment réalisable d’ici quelques temps. Et d’ici quelques années supplémentaires, ce serait bien que ce soit la médaille d’or. Camille (Muffat), Charlotte (Bonnet) et Coralie (Balmy) ont réalisé de très belles performances dans la finale. Moi, je suis venue donner un coup de main étant donné que je me suis beaucoup moins entraînée cette année car j’ai repris mes études. J’espère que dans les années à venir, il y aura la relève pour permettre à ce relais de faire encore mieux que troisième !
Cette année, tu as fait un BTS assistante de gestion en alternance. L’objectif pour toi était d’avoir une autre activité en parallèle de la natation ou bien de préparer ta reconversion dès maintenant ?
Je savais très bien que j’allais reprendre mes études après les Jeux. C’était un projet qui était réfléchi depuis 2010 : l’objectif était de participer aux Jeux et de remporter la médaille, chose faite à Londres, et de reprendre mes études en septembre. C’est devenu mon projet principal mais je ne me sentais pas d’arrêter de nager. J’avais toujours de la motivation et j’ai besoin de faire du sport. Être dans l’eau est vraiment important pour mon équilibre personnel. J’ai donc décidé de continuer à nager. Mais avec mon emploi du temps, je ne pouvais nager qu’une seule fois par jour. J’ai fait ça pendant une saison et ça a très bien marché. Si je n’avais pas été qualifiée aux Championnats du monde, ça n’aurait pas été une déception. Tout ce qui vient après les Jeux de 2012 est du bonus !
Le fait se pratiquer la natation à haut niveau et en parallèle de continuer ses études et d’être en entreprise une semaine sur deux est très exigeant. As-tu parfois atteint tes limites physiques et songé à arrêter l’un ou l’autre ?
Je ne dirais pas que ce sont des limites physiques parce que la fatigue physique que je pouvais ressentir quand je m’entrainais deux fois par jour au Pôle France d’Antibes était finalement bien supérieure à ce que je peux ressentir aujourd’hui. Par contre, ça a été très dur avec la fatigue nerveuse, au niveau de la concentration. Après une journée de cours ou de travail, se mettre dans l’eau n’est pas toujours évident. Oui, il y a eu des moments où je me suis demandé comment j’allais faire pour tenir. A partir de novembre, le rythme a vraiment commencé à être difficile et je me suis donc posée des questions. Mais je ne suis pas du genre à lâcher en cours de route quand j’ai un objectif. J’avais prévu de faire cette saison en nageant et de faire mes études en même temps et je voulais vraiment voir ce que ça donnait. Je suis contente de ne pas avoir flanché en cours de route !
Pour l’instant, ton palmarès international est entièrement bâti sur le relais 4×200 m avec lequel tu as remportĂ© une mĂ©daille aux JO, aux Championnats du monde petit et grand bassin, et aux Championnats d’Europe. As-tu aussi des ambitions et objectifs en individuel au niveau international pour l’avenir ?
J’ai 25 ans, ce qui n’est pas tout jeune pour une femme en natation. C’est vrai que mon palmarès s’est construit autour de ce relais 4×200 m nage libre. Mais avec Camille Muffat et Charlotte Bonnet actuellement et Laure Manaudou et Alena Popchanka Ă l’époque, il y a toujours eu de très bonnes nageuses sur le 200 m. Je n’ai pas pu me faire ma place mais je ne l’ai pas vĂ©cu comme une frustration parce que je n’aurais pas pu faire de tels rĂ©sultats sur le relais 4×200 m s’il n’y avait pas eu ces tĂŞtes d’affiche en France. Mon parcours est ce qu’il est, mais je suis vraiment contente d’avoir fait ça et d’avoir partagĂ© Ă chaque fois ces expĂ©riences et ces beaux moments avec les filles du 4×200 m. Le fait de se retrouver Ă quatre derrière le plot et de partager une victoire est vraiment fort !
Et pour finir, la question classique : les Jeux Olympiques de Rio 2016, tu y penses ?
Depuis septembre 2012, je prends saison après saison. J’ai bouclé celle qui vient de se terminer avec les Championnats du monde. J’ai pris la décision de continuer une autre saison, et après on verra ! Je sais que je nage jusqu’en août 2014, et après on verra !
Merci beaucoup Mylène pour ta gentillesse et ta disponibilité !
Crédits photos : Adam Pretty Getty Images Europe (photo 2)
La carrière de Mylène Lazare en quelques lignes :
SpĂ©cialiste de la nage libre, Mylène Lazare participe Ă sa première grande compĂ©tition en 2007 aux Championnats d’Europe en petit bassin. Un an plus tard, elle devient championne d’Europe du relais 4×200 m nage libre. En 2010, elle prend le bronze en relais lors des Championnats du monde en petit bassin Ă DubaĂŻ.
Lors des Jeux Olympiques de Londres en 2012, elle dĂ©croche la mĂ©daille de bronze du relais 4×200 m nage libre. Elle obtient cette mĂ©daille au titre de sa participation aux sĂ©ries, la finale Ă©tant disputĂ©e par Camille Muffat, Charlotte Bonnet, OphĂ©lie-Cyrielle Etienne et Coralie Balmy.
En 2013, elle remporte une nouvelle médaille de bronze aux Championnats du monde de Barcelone. Elle nage alors à la fois les séries et la finale. Aujourd’hui âgée de 25 ans, Mylène Lazare compte continuer sa carrière encore au moins un an.
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