Vendredi dernier, Rafael Redwitz a connu sa première sélection en équipe de France de volley. Quadruple champion de France, nous avons pu le rencontrer ce dimanche, un jour avant que le sélectionneur ne le sélectionne pour la Ligue Mondiale qui débutera début juin.
Rafael, vous avez joué votre premier match avec l’équipe de France vendredi dernier en amical contre l’Allemagne. Racontez-nous comment vous avez vécu cette première sélection ?
C’était assez émouvant. C’était comme dans un film : tout se passe bien, l’ambiance est bonne, on s’amuse, c’est la première Marseillaise et on se dit qu’on va se tenir dans les bras… On essaie de vraiment former un groupe. On a démarré avec une équipe, puis on a vu qu’on était en difficulté. Deux joueurs sont entrés, notamment moi, et on a apporté de belles choses. On finit par une victoire pour ma première sélection. Gagner 3 sets à 2 comme ça, avec la rentrée de plusieurs joueurs, montre qu’on est un groupe et qu’on a de belles choses à faire. Sinon, il y a eu mon bizutage après et j’ai chanté. C’était vraiment un bon moment. Ça restera toujours gravé dans ma mémoire.
Demain, le sélectionneur de l’équipe de France va communiquer sa liste définitive pour la Ligue Mondiale et deux joueurs vont devoir quitter le groupe. Est-ce un moment particulièrement stressant pour vous, qui êtes nouveau dans l’équipe ? (l’interview a eu lieu dimanche matin et Rafael a été entre-temps retenu dans la sélection définitive)
Tout à fait. Même si on est deux passeurs aujourd’hui et qu’on va forcément partir en compétition avec deux passeurs, ça ne l’empêche pas de réintégrer des joueurs qui sont déjà écartés. Je pense que ça va se faire aux postes de central et de libero. C’est toujours délicat, même si ce n’est pas à toi de quitter le groupe. C’est un moment dur parce qu’on est ensemble depuis un moment, on se donne à fond et malheureusement, il va falloir choisir. On est triste et touché. C’est le côté négatif du sport de haut niveau, mais c’est comme ça. Le groupe est assez large et on est à peine au début du chemin. Des joueurs vont être écartés maintenant et vont revenir. J’espère juste que le moral sera bon pour qu’ils puissent apporter leur expérience quand ils reviendront.
Vous êtes franco-brésilien et la Fédération Internationale a accepté votre changement de sélection il y a quelques semaines seulement. A quel moment avez-vous décidé de jouer pour la France et pourquoi ?
J’ai décidé de jouer pour la France depuis 2009/2010. C’est le processus qui a été long. Philippe Blain (le précédent sélectionneur, ndlr) m’avait contacté à l’époque. Depuis que j’ai choisi la France comme pays et comme résidence, je m’y suis attaché et depuis que j’ai ma naturalisation, les choses se sont accélérées. J’ai la chance d’être sélectionné. C’est vrai que je suis le plus ravi !
En début d’année, vous avez vécu un moment difficile puisque vous vous êtes retrouvé sans club. Pouvez-vous nous expliquer ce qui s’est passé ?
Après deux belles années à Tours marquées à la fin par un titre de champion de France, j’avais encore un an de contrat. J’ai alors reçu une belle proposition de la Russie, tant financièrement que sportivement. Je suis parti avec cette idée de vivre une nouvelle expérience, de grandir en tant que joueur et en tant qu’homme. Mais au mois de décembre, le club m’a communiqué qu’il voulait prendre un attaquant à ma place. L’équipe avait des blessés et avait plus besoin d’un joueur dans ce domaine-là . Or, là -bas, il y a une limite de deux étrangers par club, qui étaient alors un Canadien et moi. Ils ont réfléchi, et l’entraîneur (peut-être aussi pour se protéger et sauver sa peau) a choisi de faire des changements et notamment de prendre un attaquant à ma place. Ils m’ont gentiment dit que j’étais viré, même s’ils étaient contents de mes performances et que j’étais titulaire. Ça a donc été difficile à accepter. Déjà , au début, il y avait eu quatre mois de retard dans le versement de mon salaire. Après, ils n’ont pas voulu respecter le contrat, donc on a dû prendre des avocats. La situation est toujours compliquée aujourd’hui.
C’était difficile sportivement et humainement. Mais comme on dit, on apprend, on grandit et ce sont des expériences. Je ne pouvais pas le savoir avant ! La chose positive, c’est que j’ai pu accélérer un peu mon processus de naturalisation grâce à ça et faire tous les papiers. Aujourd’hui, j’essaie de me concentrer sur le présent et d’oublier un peu le passé.
Au cours de votre carrière, vous avez évolué dans de nombreux pays : la France, l’Andorre, l’Italie, la Pologne et la Russie. Quel est le club et le championnat qui vous ont le plus marqué ?
Je crois que celui qui m’a le plus marquĂ© est la Pologne, tant sur le plan sportif que personnel. C’était vraiment le volley Ă 5000%. Le club Ă©tait très organisĂ© et le championnat charmant. Il y avait trois matchs par semaine Ă la tĂ©lĂ©, des salles pleines, l’arbitrage vidĂ©o… C’était aussi une belle saison pour nous : on a fini deuxième de la Coupe de Pologne, troisième du Championnat, et on a battu pour la première fois Ă l’époque le gigantesque club de Belchatow. C’était vraiment une superbe expĂ©rience !
Mes trois ans au Paris Volley et mes deux ans à Tours étaient aussi quelque chose. J’ai toujours eu la chance de jouer dans des grands clubs. Je n’aime pas oublier : à l’Arago de Sète, c’était magique aussi puisque je venais d’arriver en France et on a atteint la finale la première année, chose que le club n’a pas réussi à refaire. J’ai une carrière assez pleine de bons souvenirs et d’amitiés. Je suis fier de ça.
Vous avez remporté quatre fois le Championnat de France (2006, 2007, 2008, 2012) et une fois la Coupe de France (2011). Quel est le titre dont vous êtes le plus fier ?
Forcément le premier ! C’est comme le petit bébé ! L’année d’avant, j’avais disputé la finale avec l’Arago de Sète et on avait perdu au match d’appui après avoir eu deux balles de match lors du deuxième match. La saison d’après, je pars au Paris Volley et on gagne contre Tours, qui était la meilleure équipe du Championnat et l’une des meilleures d’Europe. C’était vraiment un immense moment de plaisir. Tous les autres titres sont importants, mais celui-là est le plus beau.
En septembre prochain aura lieu le Championnat d’Europe. Considérez-vous la Ligue Mondiale comme une préparation pour le Championnat d’Europe ou bien comme un objectif en soi ?
C’est un objectif en soi. Que ce soit à titre personnel ou collectif, on est dans cette optique de performance. Aujourd’hui, on ne peut pas se permettre de choisir la compétition. On a une poule très relevée et ça nous permettra aussi de nous évaluer. Il va falloir commencer par battre ces équipes-là pour croire qu’on peut vraiment faire un résultat en Ligue Mondiale ou au Championnat d’Europe. On est là pour gagner chaque match et être performant dès les matchs amicaux. Je pense que le staff, le Président et les joueurs sont dans cette optique.
Vous avez actuellement 32 ans. Pensez-vous aux Jeux Olympiques de Rio 2016Â ou bien envisagez-vous plutĂ´t de prendre votre retraite avant ?
Je pense aux JO. Je compare avec les autres champions et je vois les équipes qui ont performé dans ces compétitions-là  : ils avaient aussi des passeurs de cet âge-là , voire même plus vieux. C’est un âge où nous passeurs, on est peut-être au meilleur de notre forme. J’espère aider la France à se qualifier pour cette compétition et être à la hauteur de l’événement.
Merci beaucoup Rafael et bonne chance pour la Ligue Mondiale !
Crédit photo : fakelvolley.com (photo 3)
La carrière de Rafael Redwitz en quelques lignes :
Né au Brésil, Rafael Redwitz débute sa carrière professionnelle en 2003 au Andorra TX (Andorre). Il joue au poste de passeur. Après une année à l’Arago de Sète, il signe en 2005 au Paris Volley. Il y remporte trois fois le Championnat de France (2006, 2007 et 2008). En 2007, il est finaliste de la Copa America avec le Brésil.
Il part ensuite jouer une saison au Volley Forli (Italie) puis au Resovia Rzeszow (Pologne). En 2010, il signe Ă Tours. Il y remporte la Coupe de France en 2011 et le Championnat en 2012.
Après une courte expérience en Russie dans le club d’Iskra Odintsovo, il retourne en France et signe début 2013 à Montpellier. Naturalisé français, il connaît sa première sélection en équipe de France en mai contre l’Allemagne. Âgé de 32 ans, Rafael Redwitz fait partie de la sélection nationale pour la Ligue Mondiale.
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