A 29 ans, Sarah Ourahmoune a un objectif clair : participer aux Jeux Olympiques de Londres, en 2012. La boxe féminine y fera son entrée au programme olympique. La championne du monde 2008 et multiple championne de France espère y finir sa carrière de belle façon.
Sarah, dans quelles conditions as-tu commencé la boxe et à quel moment as-tu pris conscience que tu pouvais remporter des titres internationaux ?
J’ai commencé la boxe un peu par hasard. Je cherchais un club de taekwondo à Aubervilliers. Je suis passée devant la salle de boxe, puis j’y suis entrée pour me renseigner. Saïd Bennajem, le responsable du club de boxe m’a proposé de faire un cours d’essai. Il a réussi à me convaincre par un discours rassurant. Il m’expliquait que la boxe était un jeu où il fallait apprendre à « toucher sans se faire toucher ».
En commençant, je n’imaginais pas qu’un jour, je monterais sur un ring. A l’époque, en 1995, la boxe féminine était très peu développée en France. Au bout d’une année de pratique, Saïd, mon entraîneur, m’a proposée de faire mon premier combat. Au fil du temps j’ai pris goût à la compétition. Saïd croyait en mon potentiel. Il me disait que j’avais des qualités. C’est ce qui m’a fait prendre conscience petit à petit que je pouvais être performante.
En 2008, tu es devenue championne du monde dans des conditions très particulières : tu as perdu en finale sur une décision litigieuse avant de récupérer le titre suite au contrôle anti-dopage positif de ton adversaire. As-tu pu quand même savourer ce titre à sa juste valeur ?
J’ai récupéré mon titre neuf mois après cette fameuse finale en Chine. J’ai mis du temps à prendre conscience que j’étais championne du monde. Cette finale m’a laissé un goût amer. Ce qui est magique dans le sport et notamment en boxe, c’est de pouvoir vivre des moments forts comme le moment où l’arbitre lève le bras du vainqueur, la remise des médailles et l’hymne national. La mairie d’Aubervilliers a organisé une cérémonie pour officialiser mon titre mais je reste peinée par tout le système.
Tu es également triple championne de l’Union Européenne (en 2007, 2008 et 2009). De ces trois titres, quel est celui dont tu gardes le meilleur souvenir ?
Ces trois titres sont importants pour moi, mais celui qui m’a apporté le plus de joie est le premier. Pour plusieurs raisons : d’une part car c’était mon tout premier titre international, qui plus est devant mon public (à Lille). D’autre part, j’ai boxé en finale une adversaire que j’avais boxé un mois auparavant. J’ai dû arrêter le combat car elle m’avait ouvert à l’arcade. J’étais d’autant plus fière car c’est une boxeuse de grande qualité.
Peux-tu nous décrire tes dernières minutes avant un combat important et de quelle façon tu te prépares mentalement dans ces dernières minutes ?
Les dernières minutes avant un combat sont très longues. C’est un moment ambigu car c’est à la fois stressant et enivrant. J’essaie de me concentrer sur mon objectif et de répéter mentalement  les stratégies que j’ai mises en place avec Saïd, mon entraîneur. D’ailleurs, il me donne les dernières indications avant de monter sur le ring et me rappelle les erreurs que je dois éviter.
Tu as été l’objet de plusieurs reportages à la télévision, notamment sur France 2 au journal de 13h et sur M6 dans Zone Interdite. Sens-tu de réelles avancées dans l’acceptation et la médiatisation de la boxe féminine en France ?
La boxe féminine commence à se faire sa place, mais elle reste très peu acceptée et médiatisée. Par la force des choses, elle a été intégrée aux Jeux Olympiques de Londres 2012. C’est un grand pas pour notre sport.
Depuis quelques temps, la boxe féminine est de plus en plus médiatisée. Il y a un réel engouement pour notre sport, même si les préjugés persistent. Les reportages montrent surtout des cas isolés de boxeuses mais qui se posent un peu comme des « modèles ». Selon moi, c’est une manière de montrer qu’aujourd’hui, les femmes peuvent pratiquer des sports de combats et peuvent s’affranchir de la pression sociale qui les cantonnent à pratiquer des sports « de femmes » comme la danse ou la gymnastique…
La boxe féminine va apparaître pour la première fois aux Jeux Olympiques de Londres, en 2012. Cette perspective de participer aux JO a-t-elle changé ton plan de carrière ?
Effectivement, la boxe féminine sera présente aux JO de Londres. J’ai pour ambition d’y participer. C’est la raison pour laquelle j’ai poursuivi ma carrière. Sans cela, j’aurais raccroché les gants. Je suis montée de catégorie de poids. Auparavant, je boxais en poids mi-mouche (48 kg). Aujourd’hui, je boxe en moins de 51 kg (catégorie mouche). En effet, trois catégories de poids sont ouvertes pour participer aux olympiades : 51 kg, 60 kg et 75 kg.
En parallèle de la boxe, tu es aussi étudiante à Science Po Paris et salariée dans ton club de boxe. Envisages-tu de diminuer tes autres activités de façon à mieux pouvoir te concentrer sur les JO de Londres de l’année prochaine ?
Mon objectif sportif est primordial. J’adapterai mes études à Sciences Po et mon travail à Boxing Beats en fonction de mes entraînements et de mes déplacements. J’ai la possibilité d’allonger mon cursus à Sciences Po.
Merci beaucoup Sarah et bonne chance pour la suite !
Crédit photos : Raphaël Blasselle et Willy Vainqueur
La carrière de Sarah Ourahmoune en quelques lignes :
Sarah Ourahmoune débute la boxe anglaise à l’âge de 16 ans. Très vite, elle s’affirme au niveau national, devenant championne de France en 1999, 2000 et 2003. En 2001 et en 2003, elle atteint les quarts-de-finale du Championnat du monde amateur. Elle fait ensuite une pause de quatre ans, durant lesquels elle ne boxe pas.
En 2007, elle devient championne de l’Union Européenne et prend la médaille de bronze du Championnat d’Europe. Sarah Ourahmoune atteint le sommet en décembre 2008 en Chine, en remportant le titre de championne du monde amateur. En 2008 et en 2009, elle remporte de nouveau le titre de championne de l’Union Européenne.
En janvier 2011, elle remporte son quatrième titre consécutif de championne de France, le premier dans sa nouvelle catégorie. La boxe anglaise féminine faisant son apparition aux Jeux Olympiques de Londres 2012, Sarah Ourahmoune a en effet décidé de changer de catégorie pour  relever le défi.
Pour en savoir plus sur Sarah Ourahmoune, visitez son blog : sarah.ourahmoune.over-blog.com
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