Interview de Laurent Sempéré

(rugby)

Cette semaine, interviewsport.fr se met à l’heure du rugby, avec une interview exclusive de Laurent Sempéré. Alors que le Top 14 a repris depuis peu, voici quelques questions pour en savoir plus sur le joueur du Stade Français.

Laurent, comment s’est passée la préparation d’avant saison avec le Stade Français ?

« On a repris tard, le 15 juillet, alors que la majorité des clubs avait repris plus tôt. Ca fait quelques années que le club a cette politique la. C’est une volonté pour faire la différence par rapport aux autres, je pense. Comme on a repris tard, on n’a pas eu beaucoup de temps pour se préparer. On a eu de suite deux matchs amicaux avant la reprise et le début du championnat était le 15 août. Donc voilà, à partir du moment où on a repris, ça a été très intense car il a fallu travailler physiquement et retrouver les repères collectifs dans le jeu, le tout dans un laps de temps qui n’était pas très grand. »

Avec l’Equipe de France, tu as gagné le titre de Champion du monde des moins de 21 ans en 2006… Quels souvenirs en gardes-tu ?

« Pour moi, maintenant, ça paraît assez loin. Ce qui reste le plus après tout ce temps, c’est l’aventure humaine qu’il y a derrière ce titre. Ce qu’il y a, c’est qu’on est Champion du monde, donc on a vécu quelque chose de beau ensemble et il reste des liens très forts entre tous les joueurs de cette génération. Au départ, on faisait certes partie des favoris de la compétition, mais on a su se retrouver ensemble sans y penser forcément et puis à l’arrivée on a été Champion du monde, donc c’est super ! C’est un des meilleurs souvenirs de ma carrière. »

Puis tu as fait un choix osé : quitter Perpignan et aller jouer au Métro Racing en Pro D2, alors que la plupart des autres Champions du monde ont préféré rester dans le top 14… Pour quelles raisons as-tu fait ce choix ?

« En fait, j’avais passé deux saisons où j’étais déjà professionnel à Perpignan. La première saison, j’avais pas mal joué, du moins assez à mon goût, et la deuxième saison, je n’ai quasiment pas joué : il n’y a pas eu de blessure et devant moi il y avait Michel Konieck et Marius Tincu. Et donc par rapport à mon caractère, j’avais besoin de prouver certaines choses. Avant tout, prendre confiance en moi, parce-que tu arrives à un moment où dans les catégories de jeunes, tu joues tout le temps, tu as un niveau peut-être supérieur aux autres dans ton club, mais après quand tu rentres dans un groupe professionnel, ce n’est pas toujours facile de trouver tes marques et il faut prouver pour pouvoir prétendre à sa place dans le groupe. Et à Perpignan, vu la concurrence que j’avais, le temps de jeu était difficile. Je n’avais pas un caractère pour rester en train d’attendre une hypothétique blessure ou le départ d’un ou plusieurs joueurs : j’avais envie de jouer, de prendre mon destin en mains. Le seul endroit où on me le proposait, c’était au Métro Racing, donc voilà pourquoi je suis parti. Je savais que j’aurais beaucoup de temps de jeu. Je crois que sur la saison, j’ai fait tous les matchs titulaires, à part que j’ai été blessé un petit moment, sinon j’ai tout le temps joué ! J’ai rencontré un homme comme Philippe Benetton qui m’a beaucoup appris et apporté sur le plan humain. Voilà, ça a été un moyen pour moi de me prouver des choses et de couper un peu le cordon. »

La concurrence au Stade Français pour le poste de talonneur est importante avec Dimitri Szarzewski, Mathieu Blin et Benjamin Kayser. Comment la gères-tu ?

« A vrai dire, il y a tellement de concurrence que je crois qu’il faut la zapper ! J’essaie d’occulter ce facteur la. Le seul moyen d’avoir accès au terrain, c’est de faire des bonnes performances en matchs et à l’entraînement, donc je ne regarde pas trop ce que font les autres et j’essaie de donner mon maximum. Je pense que ça peut bien se passer. Pour moi, c’est une opportunité car avec Dimitri, qui est le talonneur de l’Equipe de France, Benjamin, qui a eu la chance de participer au Tournoi des six nations l’année dernière, on peut dire que j’ai l’occasion de me frotter à ce que fait de mieux, notamment avec Dimitri. Donc j’ai une grosse concurrence contrairement à ce qu’il y a dans les autres clubs, et c’est une opportunité géniale pour moi car je peux m’étalonner tous les jours par rapport à eux et mesurer le travail que j’ai à faire pour arriver à leur passer devant. »

Quels sont les domaines dans lesquels tu dois progresser ?

« Tu peux toujours progresser partout. Après, tous les joueurs ont leur point faible. Je dois continuer à travailler physiquement, car avec le rugby actuel, il y a une grosse dominante physique et il faut vraiment être prêt physiquement. Et je pense que physiquement, on peut toujours progresser, on n’est jamais à un niveau optimal. Ca se voit par exemple quand on passe les tests physiques : on pense avoir fait des tests physiques énormes, mais tu viens la saison d’après et par rapport au barème, c’est moyen. Ca évolue tout le temps, et c’est le joueur qui est le plus en forme qui arrive à tirer son épingle du jeu sur le terrain. Donc faire un gros travail physique, continuer la dessus, et après arriver à avoir un petit peu plus de rayonnement dans le jeu, participer un peu plus au jeu, prendre plus de ballons. C’est un peu mon point faible car je suis un peu tourné vers les taches obscures et des fois je ne participe pas assez au jeu. »

Pour finir, quels objectifs te fixes-tu pour cette nouvelle saison ?

« Je crois que mes objectifs sont clairs. Déjà, il y a des objectifs par rapport à l’équipe, car il n’y aura pas de performances individuelles sans que l’équipe tourne bien. Donc moi, mon objectif, c’est que l’équipe soit la plus performante possible. C’est mon objectif numéro un qu’on aille le plus loin possible en championnat et en coupe d’Europe, et s’il faut tout gagner, le faire. Et après, d’un point de vue plus personnel, vu la concurrence que j’ai, c’est je pense dans un premier temps arriver à être numéro 2 derrière Dimitri. Et une fois cette étape franchie, pourquoi pas arriver à le titiller ? »

Merci beaucoup Laurent pour ta gentillesse et ta disponibilité !

La carrière de Laurent Sempéré en quelques lignes :

Laurent Sempéré évolue au poste de talonneur. Il débute sa carrière à Perpignan et joue ses premiers matchs avec l’équipe professionnelle durant la saison 2004/2005. En 2006, il devient Champion du monde des moins de 21 ans avec l’Equipe de France. Ensuite, il part jouer au Métro-Racing, en Pro D2, afin d’obtenir plus de temps de jeu. Il y reste deux ans.

En 2008, Laurent rejoint le club du Stade Français, et dispute onze matchs de championnat et deux matchs de Heineken Cup. Aujourd’hui âgé de 24 ans, il va tenter cette année de continuer sa progression dans la Capitale.

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