Cette semaine, c’est l’une des joueuses emblĂ©matiques de l’Ă©quipe de France fĂ©minine de handball qui rĂ©pond aux questions d’interviewsport.fr. Comptant plus de 160 sĂ©lections en Ă©quipe de France, Sophie Herbrecht est devenue Championne du monde en 2003. Après deux participations aux Jeux Olympiques, elle vise une mĂ©daille avec l’Ă©quipe de France aux JO de Londres en 2012.
Sophie, vous êtes devenue Championne du monde avec l’équipe de France en 2003. A l’époque, était-ce pour vous une surprise ou alors vous saviez que vous étiez capable de gagner ce titre ?
« C’était une réelle surprise, surtout que ça ne faisait que deux ans que j’étais arrivée dans le groupe, donc je ne connaissais pas encore le système. J’étais toute jeune, je découvrais un peu, c’était ma troisième compétition internationale. On savait très bien qu’on n’était pas du tout la meilleure équipe sur le papier techniquement, donc on y est allé pour faire ce qu’on avait à faire. On ne pensait vraiment pas y arriver et au fil du temps, voyant que le groupe était très solide et qu’on arrivait à faire fléchir tout le monde, on a commencé à y croire à la fin, mais vraiment qu’à la fin ! »
En 2003, vous êtes donc devenue Championne du monde avec l’équipe de France, mais vous avez aussi remporté quatre autres titres cette même année avec votre club de Besançon (Coupes des coupes, Championnat de France, Coupe de France, Coupe de la Ligue). Cela n’a-t-il pas été difficile de vous remotiver pour l’entraînement après avoir tout gagné sur une même saison ?
« Oui, c’est sûr que c’est difficile après avoir tout gagné de repartir en club avec une motivation qui est moindre, on va dire. Ca a été difficile mais ensuite, ça s’est vite oublié, tout est reparti ! Il fallait se projeter dans le futur, penser au club sans oublier le titre. Après, ça s’est fait tout naturellement, on est reparti sur un autre chemin et on est allé de l’avant ! »
Quels souvenirs gardez-vous de vos deux participations aux Jeux Olympiques, à Athènes et à Pékin ?
« J’ai vécu ces deux éditions différemment parce que ça a été deux organisations différentes. Athènes, ça n’a pas été une organisation ni un cadre exceptionnels, donc il n’y avait que la compétition qui était réellement intéressante. On a fait une belle compétition. On finit malheureusement à la quatrième place, la pire, mais c’était une très belle compétition pour moi. J’ai appris énormément de choses, c’était de l’expérience, et puis vivre les Jeux Olympiques, c’est quelque chose qu’on raconte à ses enfants et qu’on n’oublie jamais !
Après, à Pékin, pour mes deuxièmes JO, je savais où j’allais et comment ça allait se passer. En plus, on avait vraiment un village olympique exceptionnel, une organisation magnifique et des gens extrêmement accueillants, donc par rapport à ça, c’était très enrichissant. Et après, la compétition en elle-même était plus difficile qu’à Athènes, avec des moments plus difficiles. Ca a été un peu plus dur, surtout par rapport au quart de finale : vu comment ça s’est déroulé, c’était vraiment difficile à digérer ! Mais on a su rebondir et on a fini sur une belle victoire avec tout un groupe vraiment fier de ces deux olympiades. »
Le fait de ne pas avoir pour l’instant de médaille olympique, est-ce un gros manque dans votre carrière ?
« Oui, parce qu’en quelque sorte, c’est la seule médaille que je n’ai pas. Donc c’est aussi pour ça que je suis revenue en équipe de France. J’ai retrouvé ma motivation et maintenant mon seul objectif, c’est de gagner une médaille aux Jeux Olympiques, à Londres. »
Vous n’avez pour l’instant jamais évolué au sein d’un club étranger. Est-ce que jouer dans autre championnat est une volonté pour la suite de votre carrière ?
« Non, pas du tout. De toute façon, c’est trop tard : si j’avais voulu partir à l’étranger, c’était bien plus tôt. Je n’ai jamais voulu parce que le hand pour moi, c’est une passion, ce n’est pas ma vie. Ma vie, c’est ma famille… Voilà , j’ai besoin de prendre du plaisir et même si par exemple le Danemark est le meilleur championnat au monde, même si je sais que j’aurais énormément progressé et appris, j’ai fait un choix qui est plus personnel. Je m’y retrouve plus et je pense que je me serais perdue si j’étais partie à l’étranger. »
Vous jouez en équipe de France depuis novembre 2001 et vous êtes l’une des joueuses emblématiques du succès de ces dernières années. A ce titre, vous sentez-vous particulièrement attendue par les adversaires à chaque match de championnat ?
« Oui, parce qu’il y a plus d’images sur moi et que ça fait un petit moment qu’on me connaĂ®t. Oui, je sais que je suis attendue… J’ai un peu plus de pression, je vais devoir faire plus d’efforts par rapport Ă celles qui arrivent, mais c’est la rançon de la gloire en quelque sorte. Il faut assumer et accepter tous les dĂ©fis qui sont proposĂ©s ! »
Pour quelles raisons avez-vous mis votre carrière internationale entre parenthèses en 2008 après les Jeux Olympiques de Pékin ?
« Justement, parce que je suis arrivée très tôt en 2001, j’avais alors 19 ans. J’ai fait énormément de compétitions jusqu’à Pékin, même si je suis encore jeune. J’ai tout vécu, j’ai gagné des médailles et j’avais un peu perdu ma motivation. Je m’étais un peu perdue, j’avais connu pas mal d’émotions fortes avec la génération précédente… J’ai connu une autre génération, j’ai eu un peu de mal à passer à la suite et je pensais qu’il était bon pour moi de faire une pause, de me retrouver et de penser un peu à autre chose, pour après revenir avec un état d’esprit impeccable. »
Désormais, vous êtes donc revenue en équipe de France. Avez-vous décidé jusqu’à quand ?
« Moi, mon objectif, c’est clair et net, c’est Londres. C’est de faire une médaille à Londres, d’y gagner quelque chose. Après, est-ce que je vais arrêter ou pas, je ne sais pas… En tout cas, c’est sûr que mon objectif premier c’est celui-là , c’est là où je veux aller ! »
Merci beaucoup Sophie pour votre gentillesse et votre disponibilité !
Remerciements aussi à Nadège Coulet pour son aide précieuse.
Crédit photos : femmesdedefis.com
La carrière de Sophie Herbrecht en quelques lignes :
Sophie Herbrecht est sélectionnée pour la première fois en équipe de France en novembre 2001, à l’âge de 19 ans, et participe alors à ses premiers Championnats du monde. Lors du Championnat d’Europe en 2002, elle remporte la médaille de bronze.
L’année 2003 est exceptionnelle pour elle : elle devient Championne du monde avec l’équipe de France et remporte quatre autres titres avec son club de Besançon : la Coupes des coupes, le Championnat de France, la Coupe de France et la Coupe de la Ligue.
Devenue incontournable en sélection, elle prend la 4e place aux Jeux Olympiques d’Athènes (2004), obtient la médaille de bronze du Championnat d’Europe 2006 et termine 5e lors des Championnats du monde 2007, organisés en France. Lors des Jeux Olympiques de Pékin en 2008, elle termine 5e avec l’équipe de France, après une élimination en quarts de finale entachée de nombreuses erreurs d’arbitrage. Après la compétition, elle décide de mettre sa carrière internationale entre parenthèses, avant de revenir en février 2010 avec pour objectif une médaille aux JO de Londres.
Après avoir porté les couleurs de Besançon, Le Havre et Issy les Moulineaux, Sophie Herbrecht joue désormais au Toulouse Féminin Handball et compte plus de 160 sélections en équipe de France.
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