Sylvain Dufour est depuis de nombreuses annĂ©es le meilleur Français en snowboard alpin. Pour ses troisièmes Jeux Olympiques, il a frĂ´lĂ© la mĂ©daille Ă Pyeongchang l’annĂ©e dernière, terminant quatrième. Nous l’avons rencontrĂ© juste après son podium en Coupe du monde la semaine dernière.
Sylvain, tu viens de terminer deuxième de la Coupe du monde de Pyeongchang, en Corée du Sud. On imagine que c’est une grande joie de monter sur ce podium ?
Oui, bien sûr. Mon dernier podium était en décembre 2017, à Cortina. Ça faisait donc un bout de temps. Ça s’est toujours bien passé pour moi en Corée : j’y ai été deux fois vice-champion du monde en 2009 et j’ai terminé quatrième des Jeux Olympiques de Pyeongchang en 2018, ce qui reste une belle course même si je n’étais pas sur le podium. J’adore cette piste ainsi que cette neige un peu particulière qu’on n’a pas chez nous en Europe. La piste était magnifique, il y avait du soleil, mon coach avait tracé le parcours : tout était réuni pour une belle course !
Tu as terminé quatrième des Jeux Olympiques de Pyeongchang il y a tout juste un an. Avec un peu de recul, quel sentiment domine : la fierté d’une belle performance ou bien la déception d’être passé tout près d’une médaille ?
J’ai envie de dire les deux ! Si on veut être positif, on se dit qu’être quatrième aux Jeux est une belle performance. C’est dur d’aller sur un podium et je ne suis pas très régulier à ce niveau-là . Mais c’est sûr que je ne suis jamais passé aussi près d’une médaille et c’est rageant de ne pas être allé jusqu’au bout.
Deux mois avant ces Jeux Olympiques de Pyeongchang, tu t’étais blessé à la main. Raconte-nous comment tu avais vécu cette blessure juste avant cet événement aussi important ?
Cette blessure ne m’avait pas inquiété plus que ça. Le lendemain de ma fracture, j’étais monté sur le podium à Cortina avec une troisième place malgré la main cassée. Je tenais le start de travers à cause de la douleur à la main ! Je n’étais allé voir un médecin qu’en rentrant à la maison. Je m’étais cassé un os dans la main et aujourd’hui encore, j’ai le doigt un peu reculé. J’avais eu une attelle jusqu’à Noël et je ne pouvais donc pas rider. J’ai repris après, mais j’étais vraiment dans mon truc et rien ne pouvais m’en faire sortir !
Cette quatrième place était ton meilleur résultat en trois participations aux Jeux Olympiques. A quoi penses-tu que cette performance était liée ?
Je pense que c’était un tout. A Vancouver, j’étais un peu immature. J’avais réalisé le deuxième temps des qualifications mais je n’arrivais ensuite plus à maitriser mes émotions. Les Jeux Olympiques restent un événement tellement important, tellement rare, et tellement gros que c’est assez compliqué à gérer la première fois qu’on y est. A Sotchi, j’étais arrivé un peu en leader mais la piste ne me convenait pas du tout. A Pyeongchang, je ne me suis pas fait surprendre comme à Vancouver et la piste était parfaite. J’ai pu m’exprimer !
Tu as participé à trois Jeux Olympiques : Vancouver en 2010, Sotchi en 2014 et Pyeongchang en 2018. Quelle est l’édition qui t’as le plus marqué ?
J’ai adoré Vancouver. Il s’agissait de mes premiers Jeux. Je découvrais tout et ma compétition était juste avant le jour de fin, où le Canada a gagné le titre en hockey sur glace. C’était donc une liesse populaire fantastique. Mais sinon, tous les Jeux sont des moments exceptionnels !
Ta carrière est notamment marquée par deux médailles d’argent aux Championnats du monde en 2009. Considères-tu que c’est le meilleur moment de ta carrière à ce jour ?
Ça a été un tournant dans ma carrière car je voulais arrêter. Je n’avais pas les moyens de financer suffisamment mes saisons. Je voulais donc commencer à avoir une vie à côté du snowboard. Ces deux médailles m’ont permis de rentrer à la SNCF en tant qu’athlète SNCF. J’ai ainsi pu faire au moins dix ans de plus dans ma carrière. C’est sûr que c’est un super souvenir mais j’ai aussi de belles victoires à mon actif !
Il y a peu d’athlètes français en snowboard alpin au plus haut niveau. Comment t’entraînes-tu ?
C’est vrai que c’est un peu compliqué parce qu’il n’y a plus beaucoup de monde en snowboard alpin. Les petits jeunes basculent tous vers le snowboardcross ou vers le freestyle. Je suis obligé de m’entraîner avec d’autres équipes. Actuellement, je m’entraîne avec la Bulgarie et la Corée. On est souvent en Europe pour s’entraîner sur les glaciers.
Tu as actuellement 36 ans et ce podium récemment obtenu en Coupe du monde montre que tu es encore au top niveau. Tu te projettes sur Jeux Olympiques de Pékin en 2022 ou bien tu prends saison après saison ?
Je prendrai une décision en fin d’année pour continuer trois ans de plus ou pas. Les Jeux sont en effet une décision de trois ans. Mais c’est vrai que je prends quand même les années comme elles viennent car ça demande énormément.
Merci beaucoup Sylvain pour ta disponibilité et bonne chance pour la fin de la saison !
Crédits photo 1 : France Olympique
La carrière de Sylvain Dufour en quelques lignes :
Spécialiste du snowboard alpin, Sylvain Dufour participe à ses premiers Championnats du monde en 2005. Il signe son premier podium en Coupe du monde en 2008 et remporte ensuite deux médailles d’argent aux Championnats du monde 2009, en slalom parallèle et en slalom géant parallèle.
Lors des Jeux Olympiques de Vancouver en 2010, il est éliminé en 8e de finale du slalom géant parallèle. L’année suivante, il remporte sa première étape de Coupe du monde. Lors des Jeux Olympiques de Sotchi en 2014, il est éliminé en 8e de finale à la fois en slalom géant parallèle et en slalom parallèle. Cette saison-là , il remporte le globe de cristal du slalom parallèle et gagne deux épreuves de Coupe du monde.
En 2018, il prend la 4e place des Jeux Olympiques de Pyeongchang. Un an plus tard, il signe un podium en Coupe du monde sur cette même piste avec la 2e place. Aujourd’hui âgé de 36 ans, Sylvain Dufour compte 4 victoires en Coupe du monde.
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