C’est aujourd’hui que l’Ă©quipe de France dĂ©bute le Championnat du monde de handball. L’occasion d’en savoir plus sur Vincent GĂ©rard, Ă©lu meilleur gardien des deux dernières grandes compĂ©titions internationales. Nous avons rencontrĂ© le vice-champion Olympique 2016 et champion du monde 2017 lors de la prĂ©paration Ă la Maison du Handball.
Vincent, la Maison du Handball vient d’être créée à Créteil et vous y avez effectué votre préparation pour le Championnat du monde. En tant que joueur, on imagine que c’est une bonne nouvelle ?
Oui, c’est clairement gĂ©nial ! C’est un aboutissement que la FĂ©dĂ©ration ait rĂ©ussi Ă construire un bâtiment comme ça pour le handball. C’est un confort incroyable pour nous de pouvoir travailler dans de telles conditions, que ce soit pour la rĂ©cupĂ©ration ou l’hĂ©bergement. On a eu l’habitude d’être dans de bonnes conditions, mais il fallait par exemple prendre le bus pour aller Ă l’entraĂ®nement. LĂ , on a l’impression d’être chez nous. On prend nos repères, on se perd encore un peu dans les couloirs, on voit des choses nouvelles… C’est gĂ©nial de vivre une prĂ©paration ainsi !
L’équipe de France va disputer le Championnat du monde en Allemagne et au Danemark. Le fait d’avoir été élu meilleur gardien des deux dernières grandes compétitions, le Championnat du monde 2017 et le Championnat d’Europe 2018, vous ajoute-t-il de la pression ?
Non, je ne crois pas. Les deux gardiens ont la pression car on doit être performant si on veut espérer ramener quelque chose d’une compétition. Mais j’ai 32 ans et j’ai passé l’âge de courir après les récompenses individuelles. D’ailleurs, toutes les récompenses individuelles que j’ai pu gagner au cours de ma carrière sont rangées au placard. Je fais un sport collectif donc seules les médailles et les trophées collectifs m’intéressent. J’ai la pression d’être performant, mais je n’ai pas la pression de finir meilleur gardien. Si on gagne et que je ne suis pas le meilleur gardien, je serais le plus heureux des hommes !
Lors du Championnat du monde 2017, vous avez réalisé une finale exceptionnelle. Est-ce le match au cours duquel vous vous êtes le mieux senti dans votre carrière ?
Je pense que le match au cours duquel je me suis le mieux senti était celui contre la Suède, à l’Euro 2018. J’avais été très performant. Les finales sont des matchs à pression particulière. On ne sait pas si on se retrouvera de nouveau un jour en finale d’un Championnat du monde. Il faut prendre la mesure de l’événement, mais sans se mettre trop de pression non plus. Il faut s’imaginer qu’on joue un match comme un autre. On doit le préparer en étant très concentré, mais sans se mettre une chape de plomb. C’est compliqué à aborder mais ça reste de très grands souvenirs !
De façon plus globale, on imagine que ce titre de champion du monde en France en 2017, reste un grand souvenir ?
C’est clair qu’une finale de Championnat du monde en France, à Bercy, devant la famille et les amis, c’était incroyable ! En termes d’émotions, j’ai très rarement vécu ça. C’était aussi l’aboutissement d’un mois difficile, d’efforts et de doutes. C’est assez incroyable quand ça finit comme ça !
En 2016, vous avez remporté la médaille d’argent des Jeux Olympiques de Rio. Avec le recul, cette médaille est-elle une satisfaction pour vos premiers Jeux Olympiques ou bien une déception de ne pas avoir remporté l’or ?
Les deux sentiments sont là . D’un côté, il faut voir le verre à moitié plein et se dire qu’on a ramené une médaille olympique. Il y a tellement de joueurs qui n’ont pas de médaille qu’il faut savoir s’en réjouir. C’était un effort long de deux mois et demi et c’est incroyable d’en ramener quelque chose. D’un autre côté, on avait l’impression d’avoir cette compétition plus ou moins en mains et on est tombé en finale, au plus cruel des moments. Il reste forcément l’énorme frustration de se dire que si on avait fait certaines choses différemment, on aurait pu s’en sortir. C’est ce qui est terrible dans le sport. C’est compliqué et les deux resteront à vie.
Vous avez pu profiter de ces Jeux Olympiques ou bien la compétition a capté toute votre attention ?
Il y a eu deux phases. On est arrivé trois ou quatre jours à l’avance. Le staff et les joueurs ayant déjà vécu les JO nous ont expliqué que pendant deux jours, on pouvait profiter et ainsi voir Usain Bolt ou les autres champions. Mais une fois que la compétition a commencé, on n’était pas au cirque. On savait que si on voulait être performant, il fallait être concentré comme dans une compétition normale et entrer dans une routine. Je ne suis pas allé voir d’autres compétitions.
Vous avez marqué 7 buts en 75 sélections avec l’équipe de France, dont un notamment aux Jeux Olympiques. Vous faites un travail spécifique de tirs lointains aux entraînements ?
Il faut le retravailler de temps en temps car on se dérègle un peu parfois. La question du tir pour un gardien n’est pas technique, car envoyer une balle à 40 m dans 6 m2 n’est pas ce qu’il y a de plus compliqué. C’est en fait la question de la prise de décision qui est difficile à reproduire à l’entraînement ainsi que la question de la gestion de la pression. C’est un peu comme le penalty pour les tireurs : c’est beaucoup plus facile à l’entraînement et le poids du ballon se rajoute en match. Sinon, les nouvelles règles nous ont beaucoup aidés. Thierry Omeyer, par exemple, a dû attendre je crois sa 250e sélection pour marquer son premier but, car les équipes ne jouaient pas à 7 et le gardien était toujours dans le but. Mais ça nécessite quand même de le travailler de temps en temps pour avoir le bon geste en fonction de la place où on est.
Vous êtes gardien de but, qui est un poste primordial en handball. Comment préparez-vous un match ?
Il y a d’abord tout ce qui est préparation vidéo et analyse des tireurs. Cela prend du temps. On a la chance d’avoir un staff très performant, dédié à ça. On reçoit les vidéos séquencées, mais il faut quand même les analyser. Après, il y a le travail mental. Il s’agit de s’imaginer toutes les situations que l’on peut rencontrer pendant le match, de façon à les prévoir et d’essayer d’avoir le moins de surprises possible. Le but du jeu, c’est d’avoir déjà vu et analysé ce qui se passe pendant le match. Tu sais ainsi ce que tu vas faire en fonction des situations.
Merci beaucoup Vincent et bonne chance pour ce Championnat du monde !
Crédits photos : S. Pillaud / FFHB
La carrière de Vincent Gérard en quelques lignes :
Evoluant au poste de gardien de but, Vincent Gérard débute sa carrière à Metz, avant de jouer pour Montpellier, Istres, Dunkerque, et Montpellier de nouveau depuis 2015. Il connaît sa première sélection en équipe de France en avril 2013. Il devient champion d’Europe en 2014, étant remplacé dans le groupe pour le tour principal par Thierry Omeyer, de retour de blessure.
En 2016, après une 5e place au Championnat d’Europe, il est sélectionné pour ses premiers Jeux Olympiques, à Rio, et remporte la médaille d’argent. L’année suivante, il devient champion du monde devant le public français et est élu meilleur gardien de la compétition.
Il remporte la médaille de bronze du Championnat d’Europe 2018 et est aussi élu meilleur gardien de la compétition. Cette même année, il gagne la Ligue des Champions avec son club de Montpellier. Aujourd’hui âgé de 32 ans, Vincent Gérard dispute actuellement le Championnat du monde 2019, en Allemagne et au Danemark.
Laisser un commentaire