Il y a 10 ans, Vincent Jay crĂ©ait la surprise en devenant champion Olympique du sprint aux Jeux Olympiques de Vancouver 2010. Deux jours plus tard, il remportait la mĂ©daille de bronze de la poursuite. Pour fĂŞter l’anniversaire de cet exploit, il a gentiment rĂ©pondu Ă nos questions et nous explique comment il a vĂ©cu ces Jeux Olympiques de l’intĂ©rieur.
Vincent, tu as remporté il y a 10 ans la médaille d’or du sprint des Jeux Olympiques de Vancouver 2010. Au moment où tu as pris le départ, pensais-tu à la médaille ou cela a été une vraie surprise ?
Non, je ne pensais pas à la médaille en sprint. Je croyais à la médaille en relais, parce qu’on avait une excellente équipe avec Vincent Defrasne et Martin et Simon Fourcade. Mais sur le sprint, cela a été une belle surprise !
A quel moment as-tu senti que tu allais monter sur le podium de ce sprint ?
Quand j’ai passé la ligne d’arrivée, j’étais fier de moi parce que j’avais réalisé un 10/10 au tir et j’avais fait un bon temps de ski. Mais je me voyais alors plutôt terminer entre la cinquième et la douzième place. C’est une bonne demi-heure après que j’ai pris conscience que j’allais être sur le podium et sur la première marche. Il y avait une centaine de concurrents au départ. Tout s’enchaînait assez vite. Les concurrents arrivaient et je voyais que tous les leaders tombaient derrière moi. Je savais que j’avais fait un bon dernier tour en ayant suivi Bjoerndalen. Je me disais que ça sentait bon mais je ne comprenais pas vraiment. Ça s’est fait naturellement. Il n’y a pas eu un moment où je me suis dit que j’avais gagné, sauf quand le dernier concurrent est passé !
Deux jours après ton titre de champion olympique, tu as remporté la médaille de bronze en poursuite. Raconte-nous un peu la préparation de cette course : avec les sollicitations médiatiques et le bonheur de la médaille, on imagine que cela a été difficile de bien se préparer ?
Ça a été compliqué. Par contre, j’ai découvert quelque chose de spécial. Autant la médaille d’or reflétait ma performance individuelle, autant la médaille de bronze était vraiment liée à la performance collective. Pourquoi ? Parce qu’il y a eu les prémices de la collaboration entre les disciplines du ski de fond, du biathlon et du combiné nordique. Il y a eu en engouement où tout le nordique français s’est mis à travailler ensemble. Les techniciens des fondeurs sont venus tester les skis et aider les biathlètes. De mémoire, ils ont testé pas loin de 60 paires de ski ! On est passé de quatre techniciens pour le biathlon à une dizaine. Tous ensembles, ils ont eu pour but de me choisir la meilleure paire de skis. Ça a été une grosse plus-value. Cela n’a pas été forcé. Cela s’est fait naturellement. C’était donnant-donnant et j’ai aussi donné mes skis aux fondeurs après ma course. Parmi toutes les paires de ski testées, la mienne était celle qui allait le mieux sur la piste et c’était naturel pour moi de renvoyer la balle.
C’est aussi pour ça que le nordique français marche bien maintenant. Il y a énormément d’échanges et de partage d’informations entre les disciplines. On a moins d’argent que les Allemands, les Russes ou les Norvégiens, mais par contre il y a cette ambiance et ce partage d’informations qui nous permet d’être largement au niveau.
Malgré un bon potentiel, le relais masculin dont tu faisais partie a terminé sixième aux Jeux Olympiques de Vancouver. Ne pas avoir réussi à remporter de médaille avec le relais reste-t-il un regret pour toi ?
Il ne faut jamais avoir de regrets. Mais il y a forcément un peu de frustration, qui est je pense partagée par mes trois copains. On avait gagné en Coupe du monde à Oestersund cette année-là et on avait vraiment en équipe de tueurs. Vincent Defrasne était champion olympique en titre et était environ 10e mondial. Simon Fourcade est arrivé aux JO en tant que leader de la Coupe du monde et n’était pas sorti du top 10 sur les épreuves des deux mois précédents. Martin Fourcade était le petit jeune ultra prometteur. Et moi, j’étais environ 15e mondial. Sur le papier, avec l’équipe qu’on avait, on était médaillés. Mais c’est la magie du sport. C’est aussi pour ça qu’on aime le biathlon. Tu peux être très fort sur le papier, tu ne gagneras pas forcément le lendemain. Peut-être aussi qu’on s’est vu trop beau. Les Allemands étaient également favoris pour cette course et ils ont fait deux tours de pénalité. Il reste un peu de frustration.
Tu as participé à cinq épreuves aux Jeux Olympiques de Vancouver et les épreuves étaient étalées sur les deux semaines de compétition. Malgré ce programme chargé, as-tu pu profiter de la magie des Jeux Olympiques ?
Non. On a juste eu une journée, avant l’individuel, où on est allé en équipe en haut du Peak to Peak, le grand téléphérique qui traverse deux vallées. Avec les copains, notamment Martin et Simon, on a mangé au restaurant en haut des pistes et on a fait des trucs sympathiques. Mais sinon, je n’ai pas pu profiter. J’aurais pu en avoir l’occasion à la cérémonie de clôture, mais j’étais malade. J’avais pris froid. Je ne peux donc même pas dire que j’ai fait une java ou dansé le soir !
Un an avant les Jeux Olympiques, tu avais remporté l’épreuve de Coupe du monde de Vancouver en individuel, sur la même piste. Penses-tu que cette victoire t’a aidé à gagner ces médailles aux JO ?
Je ne sais pas. J’ai souvent essayé d’y voir des parallèles mais je ne sais pas s’il y a vraiment un lien. Par contre, on peut dire que je me sentais bien sur le pas de tir et que le profil de piste convenait bien à mon style de ski, un peu en force. Il n’y avait pas de grosse montée à Vancouver, il y avait des petites bosses et des plats montants. Cette typologie de piste convenait bien à ma morphologie et à mon style de ski. La ligne de pas de tir me plaisait également. Aussi, j’ai fait 20/20 là -bas, chose que je n’avais jamais faite avant en compétition. Tous ces petits signes me font dire que l’endroit me plaisait bien.
Comment as-tu vécu la période d’après-médaille olympique ?
J’avais la chance de bien m’entendre avec Vincent Defrasne (champion olympique de biathlon en poursuite, ndlr), qui était passé par ça en 2006. Il a été très bienveillant avec moi. Il m’a dit ce qui allait se passer et expliqué le déroulé. Ça m’a bien préparé, même si tu n’es jamais prêt à 100%. Ça m’a donné une ligne de conduite.
Après, il y a une période qui est compliquée : la reconversion. Il y a beaucoup de gens qui sont proches de toi et qui te disent que quand tu arrêtes, tu pourras travailler là ou là … Mais en fait, les portes se ferment. Il a fallu que je me reconstruise en tant que travailleur, que je refasse des études et que je me réinvente de sportif à travailleur en entreprise. Il fallait postuler et trouver un emploi. J’ai eu la chance de trouver la main tendue de Val d’Isère.
Les gens te parlent encore aujourd’hui de tes médailles olympiques ?
Bien sûr. Au moins une fois par semaine, il y a quelqu’un qui m’en parle !
Tu as arrêté ta carrière en pleine saison 2012-2013, à l’âge de 27 ans. A quel moment as-tu pris la décision d’arrêter et pourquoi ?
J’ai pris cette décision pour deux raisons principales. La première raison, c’est que je n’avais pas peur de l’avenir. Je me disais qu’il y avait une vie après le sport de haut niveau. La vie de sportif était passionnante, mais il y avait aussi un après, qui allait être tout aussi passionnant. Je n’avais donc pas la crainte de ne pas trouver un emploi ni de me lever le matin. La deuxième raison, c’est que j’avais je pense un peu une overdose et l’envie de découvrir la vie, le monde extérieur et de faire autre chose.
J’avais cette idée d’arrêter dans un coin de ma tête. J’étais toujours aux alentours de la 15e/20e place en Coupe du monde. Lors de ma dernière course en relais, on a terminé deuxième et j’ai réalisé un 10/10 au tir. J’étais donc loin d’être à la rue sportivement. Mais c’était peut-être un burn-out. Tous les sacrifices et l’investissement que tu fais pendant des années, tu le paies à un moment donné. Je l’ai payé à ce moment-là , sans le choisir plus que ça. Je pense que c’était le bon moment parce que je n’ai pas refait de sport derrière pendant six ans. Pendant six ans, je n’ai pas refait une heure de sport ! Je ne voulais pas en faire. J’allais juste me balader un peu en montagne. Ça ne fait que deux ans que je me suis remis au sport.
Depuis la fin de ta carrière en 2012, quelles ont été les grandes lignes de ta reconversion et que deviens-tu aujourd’hui ?
Je suis retournĂ© sur les bancs de l’école. J’ai fini l’EM Lyon (une Ă©cole de commerce, ndlr) en 2015. Ensuite, j’ai travaillĂ© cinq ans comme Directeur du club des Sports de Val d’Isère. Parallèlement à ça, je suis retournĂ© faire un Master en Droit du sport Ă la Sorbonne. Et depuis presque un an, je travaille pour la Banque Populaire comme responsable des partenariats sportifs. Je suis du cĂ´tĂ© sponsoring. Je suis aussi ambassadeur pour la Banque Populaire pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Le groupe BPCE (Banque Populaire – Caisse d’Epargne) est partenaire premium des JO 2024 et Ă ce titre-lĂ , il y a un ambassadeur par banque et par caisse en rĂ©gions. Pour l’Auvergne-RhĂ´ne-Alpes, c’est moi.
Merci beaucoup Vincent pour ta disponibilité et bravo pour ta belle carrière !
La carrière de Vincent Jay en quelques lignes :
Vincent Jay participe à sa première épreuve de Coupe du monde en 2006 et à ses premiers Championnats du monde en 2008 (7e du relais mixte). Aux Championnats du monde 2009, il termine 4e du relais et 23e de l’individuel. Cette même année, il remporte l’épreuve de Coupe du monde de Vancouver en individuel.
Il connaît la consécration lors des Jeux Olympiques de Vancouver 2010. Lors de la première course, il devient champion Olympique de sprint. Deux jours plus tard, il remporte la médaille de bronze de la poursuite. Il termine ensuite 60e de l’individuel, 8e de la mass start et 6e du relais. Un mois après les Jeux Olympiques, il signe un nouveau podium en Coupe du monde (2e de la poursuite à Kontiolahti).
Il connaît moins de réussite lors des Championnats du monde 2011 (19e place de l’individuel et 12e du relais) et des Championnats du monde 2012 (29e de l’individuel). En décembre 2012, il décide d’arrêter sa carrière à l’âge de 27 ans et dispute un ultime relais, où la France termine 2e. Aujourd’hui, Vincent Jay travaille comme responsable des partenariats sportifs à la Banque Populaire.
Participation aux Jeux Olympiques de Vancouver 2010
Médaillé d’or aux Jeux Olympiques de Vancouver 2010 (sprint)
Médaillé de bronze aux Jeux Olympiques de Vancouver 2010 (poursuite)
Je sais que je ne serai jamais lu, mais comme il le dit, tout le monde s’est sacrifié pour lui, et il le rend comment ? En se trainant sur la poursuite, avec une énorme avance au départ, grâce à sa victoire dont je n’enlève en rien le mérite, mais il ne mentionne à aucun moment le changement de condition drastique détruisant la piste et la rendant 50% plus lente, les premiers dossards étaient ultra favori, il a répondu présent.
Par contre, se faire reprendre 20 sec par tour en poursuite et ce, à chaque boucle, c’est incompréhensible quand on a tant d’avance. Je n’ai jamais vu un leader perdre 1m30/2mn sur les poursuivants en faisant un 10/10 sur les 2 couchés !!! J’ai du regarder la course 4/5 fois, et je ne comprends toujours pas pourquoi il était si lent dans la partie forestière, Svendsen, Bauer, Ferry, Bjorndalen, tout le monde, même Eder réputé lent lui reprenait 25 sec par tour, il avait l’air de se pavaner tandis que les autres se tuaient pour le rattraper. Bref, l’or n’aurait pas été merité… Il aurait du tuer la course et les espoirs quand Emil fait sa faute au 2eme tir et plier bagage pour l’or. Champion chanceux à l’opposé d’un Martin qui a travaillé comme un forcené.
Bravo pour la reconversion, j’imagine que de rentrer à l’EM Lyon étant médaillé d’or devait être plus facile que par les concours prépa HEC…
Il peut remercier la bonne étoile de lui avoir donné ce dossard 4 et d’avoir fait la course parfaite le jour le plus important de sa vie. Des personnes ont cette chance et la prenne, il l’a fait donc bien joué et bon vent Mr Jay
Ah et je rappelle aussi le nombre de relais en coupe du monde qu’il a flingué avec son premier relais à 4 ou 5 pioches… Il faut savoir rester humble et admettre quand on a de la chance et aussi admettre quand on le mérite!
L’équipe de tueur que tu mentionne n’était qu’en fait les 3 autre, surtout les deux frangins, qui devaient ramener tes boulettes en espérant la faute d’autre nation…
L’humilité est une valeur qui se perd, et les « champions » en sont, ou devraient l’être du moins, les garants à inculquer à la jeunesse.