En 1999, Xavier Garbajosa devenait vice-champion du monde avec l’Ă©quipe de France. Ses souvenirs de cette finale perdue contre l’Australie, son forfait sur blessure lors de la Coupe du monde 2003, ses nombreux trophĂ©es avec le Stade Toulousain : autant de sujets qu’il aborde pour interviewsport.fr.
Xavier, votre carrière a notamment été marquée par votre participation à la Coupe du monde 1999, où la France a été finaliste. Quels souvenirs gardez-vous de cette finale contre l’Australie ?
Le souvenir est mitigé. Il y a le fait de ne pas avoir réussi à gagner ce match, qui aurait pu être un moment extraordinaire à la fois d’un point de vue personnel et d’un point de vue collectif, pour ce groupe et également pour le rugby français. Mais on avait un peu créé la sensation en gagnant contre les Blacks en demi-finale, une semaine avant. Ca avait été dur pour nous de récupérer physiquement, de pouvoir se remettre un petit peu en cause et de se remettre en forme pour aborder ce match compliqué contre les Australiens.
Vous étiez également titulaire lors de la demi-finale historique gagnée contre la Nouvelle-Zélande. Avec un peu de recul, pensez-vous que cette défaite en finale est essentiellement due à la difficulté de se remobiliser après un tel exploit contre les All Blacks ?
Ce n’est pas essentiellement dû à ça, mais ça en fait effectivement un peu partie. Avant la Coupe du monde, les deux mois ou deux mois et demi de préparation nous permettent de rééquilibrer nos forces et de pouvoir combler un déficit physique par rapport aux nations du Sud. Mais bon, ce n’est pas la veille du bac que l’on commence à réviser ! Je pense que c’est un travail pendant quatre ans, un peu comme les athlètes quand ils participent aux Jeux Olympiques. Le problème, c’est que c’est l’arbre qui cache la forêt : avec la préparation, on arrive à réduire cet écart-là , mais ça s’avère très compliqué aujourd’hui de jouer deux matchs consécutifs de très haut niveau contre les nations du Sud, en ayant des résultats probants sur les deux rencontres.
En 2003, vous étiez de nouveau sélectionné pour la Coupe du monde, mais vous avez dû déclarer forfait au dernier moment à cause d’une blessure au genou. Comment aviez-vous vécu ce forfait à l’époque ?
Je l’ai forcément mal vécu, parce que c’est quand même un forfait sur blessure ! Il fallait quitter le groupe de la Coupe du monde, quitter ses potes, rentrer à la maison… Et puis surtout, les conséquences de la blessure ont après pris le pas sur la frustration de ne pas participer à la compétition. C’était vraiment compliqué de ne pas savoir ce que j’allais devenir avec ces douleurs aux genoux récalcitrantes. Après avoir effacé la déception de ne pas participer à la Coupe du monde, il s’agissait donc de faire le point sur l’état de mon genou.
Tout au long de votre carrière, vous n’avez pas été épargné par les blessures. Comment avez-vous trouvé la force de revenir à chaque fois ?
C’est tout simplement par la passion ! Je suis passionnĂ© par ce sport-lĂ . J’ai jouĂ© pendant quinze ans au haut niveau et ça a toujours Ă©tĂ© une force et une motivation de pouvoir vite remettre sur mes Ă©paules ce maillot du Stade Toulousain. Avoir la fiertĂ© et l’émotion de le mettre, ĂŞtre sur le terrain, essayer d’apporter… Assouvir cette passion a toujours Ă©tĂ© un moteur pour moi.
Bien sûr, les moments de rééducation ont été des moments difficiles, aussi bien physiquement que moralement. Il y a le doute qui s’installe et la douleur aussi bien physique que mentale, dans le sens où on ne sait pas si on va revenir. Pendant une rééducation, quand on arrive tout juste à marcher convenablement, je ne vous explique même pas l’interrogation de savoir si j’allais recourir ou rejouer au rugby un jour ! J’ai toujours pris étape après étape. J’ai aussi été bien entouré au Stade Toulousain avec une cellule médicale qui est très compétente. Cela m’a permis d’être aidé dans ces nombreuses rééducations qui ont jalonné ma carrière !
Vous avez effectué la quasi totalité de votre carrière au Stade Toulousain. Comment expliquez-vous une telle fidélité ? Qu’est-ce-qui vous plaisait le plus au sein de ce club ?
Ce qui me plaît le plus, et c’est encore le cas aujourd’hui, c’est que c’est un club phare du rugby français et européen. Quand on a la chance de pouvoir jouer au Stade Toulousain en tant que titulaire, on ne regarde pas ailleurs ! Je suis né à Toulouse, je suis un pur produit toulousain et le fait de revêtir cette tunique rouge et noir était pour moi une grande fierté. Je ne me suis donc jamais ou du moins rarement posé la question d’aller voir ailleurs (en tout cas quand j’avais toutes mes capacités physiques pour pouvoir jouer). J’ai toujours passé des bons moments avec Toulouse. C’est un club qui m’a élevé, qui m’a éduqué, donc c’était logique et normal de rester !
Avec le Stade Toulousain, vous avez remporté trois titres de champions de France et deux Coupes d’Europe. Un de ces titres vous a-t-il procuré plus d’émotion que les autres ?
Non. Je n’en sortirais pas un en particulier pour la simple et bonne raison qu’ils sont tous différents. Ils sont tous avec une génération ou un groupe différents. Malgré une courte période où j’étais bien et où j’avais toutes les facultés physiques, j’ai eu la chance de remporter des titres assez souvent. Après, un plus que les autres… Ce sont des moments bien à part et qui comportent énormément de joie, d’émotion et de bonheur. Même quand on est champion de France, on n’est jamais frustré parce qu’on n’a qu’une envie quand le championnat recommence, c’est de revivre le moment qu’on a vécu deux mois auparavant !
Vous avez été trois années de suite meilleur marqueur du championnat, entre 2001 et 2003. Est-ce une fierté particulière ?
Ca a une saveur particulière aujourd’hui, quand on a arrêté, parce qu’on a encore son nom écrit sur les statistiques ! Mais vous savez, en ayant eu la chance d’être au Stade Toulousain, j’ai pu bénéficier du collectif qui m’a permis assez souvent de trouver des brèches et de pouvoir être à la conclusion des actions. Voilà , c’est seulement pour les statistiques et pour avoir son nom marqué quelque part !
Depuis l’arrêt de votre carrière, que devenez-vous ? Comment se passe votre reconversion ?
Ma reconversion se passe bien. Je m’occupe des cadets du Stade Toulousain depuis le début de l’année. Je suis également consultant sur Eurosport et je suis associé dans une société de promotion immobilière, CARLE Promotion (Guillaume Carle). C’est un autre monde, mais l’essentiel encore une fois est d’être passionné par ce qu’on fait !
Merci beaucoup Xavier pour votre disponibilité !
Crédits troisième photo : PA Photos.
La carrière de Xavier Garbajosa en quelques lignes :
Pouvant évoluer au poste d’ailier, d’arrière ou de centre, Xavier Garbajosa débute sa carrière au Stade Toulousain. Il y joue la quasi totalité de sa carrière. En 1997, en 1999 et en 2001, il remporte le Championnat de France. Il en est également deux fois finaliste (2003 et 2006) et trois fois meilleur marqueur d’essais (entre 2001 et 2003). Il complète son palmarès avec deux titres de champion d’Europe en 2003 et 2005.
Il se distingue également avec l’équipe de France. Sa première sélection date de 1998, année où il remporte le Grand Chelem. Il participe en 1999 à la Coupe du monde et devient ainsi vice-champion du monde. Durant la compétition, il joue 6 matchs dont la demi-finale et la finale. Après un nouveau Grand Chelem en 2002, il est sélectionné pour la Coupe du monde 2003 mais doit déclarer forfait au dernier moment à cause d’une blessure au genou. Il compte en tout 32 sélections en équipe de France.
Après plusieurs blessures et opérations, Xavier Garbajosa revient sur les terrains avec Toulouse. En 2007, il rejoint l’Aviron Bayonnais avant de mettre un terme à sa carrière en décembre 2008. Aujourd’hui, il est entraîneur des cadets du Stade Toulousain et consultant sur Eurosport.
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