En 2008, Samuel Coco-Viloin a atteint les demi-finales des Jeux Olympiques de PĂ©kin Ă l’âge de 20 ans. Ses souvenirs de PĂ©kin, sa saison 2012, la concurrence Ă©levĂ©e en France dans sa discipline, son envie de se qualifier pour les JO de Rio 2016 : le spĂ©cialiste du 110 m haies nous dit tout.
Samuel, ton année 2012 a notamment été marquée par les Championnats d’Europe en juin, où tu as atteint les demi-finales. Penses-tu que la blessure que tu as eue en début d’année a influé sur tes performances lors de ces Championnats d’Europe ?
Oui, c’est sûr. Lorsque j’ai commencé la saison estivale, j’avais encore mon plâtre. J’étais donc vraiment handicapé. Au début, je pensais que ça allait juste me gêner sur la préparation en mars-avril, mais les conséquences ont finalement été bien plus longues.
Le problème de ma fracture au bras était que si je retombais dessus dans les deux ou trois mois qui suivaient, je pouvais carrément craindre l’amputation ! Il fallait que je fasse attention aux implants dans mon bras parce que si ça recassait, mes os auraient été brisés en pleins de petits morceaux. J’ai donc dû adapter ma préparation et faire des séances aménagées pour prendre le moins de risques possibles. Mais prendre des risques et essayer de revenir le plus vite possible, c’est un peu le principe de la compétition ! Ça m’a donc perturbé.
Ma première compétition a été, mais je manquais quand même de repères. Après, une fois que j’avais repris un peu plus confiance, j’ai pris plus de risques. Mais il a alors fallu revoir les distances d’impulsion et j’ai dû réadapter pleins de points technique. Je suis revenu en forme assez tard, notamment aux Championnats d’Europe. Il m’a manqué un ou deux mois de préparation.
Tu n’as pas pu te qualifier pour les Jeux Olympiques de Londres. J’imagine que cela a été particulièrement dur à digérer ?
Oui, ça a été très frustrant. Je les avais faits en 2008, à l’âge de 20 ans. Tout le monde me disait alors : « tu es encore jeune, tu fais ici une demi-finale à 20 ans donc tu vas tout casser dans quatre ans ! ». Après, j’ai eu quelques saisons difficiles. Je suis revenu avec mon premier entraîneur et ça s’est très bien passé. J’avais de grandes ambitions pour cette saison et j’espérais que j’allais atteindre le niveau auquel j’aspirais. Mais non, ça s’est finalement arrêté très rapidement. Oui, j’étais déçu, mais c’est le sport !
En 2008, tu as donc participé aux Jeux Olympiques de Pékin à l’âge de 20 ans. Tu y étais allé pour apprendre et emmagasiner de l’expérience ou bien déjà avec un objectif sportif très élevé ?
J’y allais déjà avec l’envie de faire une grosse performance. Mais sur place, il m’est arrivé ce qu’on appelle un incident de course : le concurrent à côté de moi m’a touché et du coup j’ai raté ma demi-finale. Si j’avais été éliminé en demi-finales avec un chrono de 13’’60 ou 13’’50 parce que je n’avais pas été assez bon, j’aurais appris et ça m’aurait servi à quelque chose. Mais là , se faire sortir sur un élément extérieur est vraiment frustrant parce qu’il n’y a rien à en tirer, sauf qu’il faut être devant dès la première haie ! En tout cas, j’y étais donc allé avec de grosses ambitions et sans complexe ni retenue !
Lors de ces JO, tu as aussi participé aux séries du relais 4*100 m. Cela a-t-il été difficile de s’adapter à un relais pour un sauteur de haies comme toi ?
Oui ! Ce n’était pas du tout prévu ! On m’a demandé la veille si je pourrais éventuellement participer au relais et j’ai accepté pour dépanner l’équipe. On m’a confirmé ma participation une demi-heure avant l’effort. J’étais donc un peu pris au dépourvu ! En plus, le relais est quelque chose qui se travaille longtemps à l’avance : il faut prendre des marques et connaître ses partenaires. Or, je les connaissais en tant que potes mais je ne savais pas comment ils réagissaient dans un relais.
Je suis un hurleur donc ce n’est pas la même discipline, même si je fais beaucoup de sprint. Si je réalise 10’’45 au 100 m, c’est déjà super pour moi, mais c’est ridicule dans le contexte des spécialistes. Ca a donc été une expérience à faire pour dépanner l’équipe, mais je n’aurais jamais pensé ça de moi-même.
J’étais dans les collectifs de relais en équipe de France jeune. Mais entre courir avec les potes en junior (où ce sont surtout les qualités physiques qui parlent) et courir en senior, ce n’est pas du tout le même niveau de performance. Je me suis retrouvé à côté d’Asafa Powell ! Et même des gens qui sortent en série des Mondiaux et qui ne sont pas très bons par rapport au niveau du sprint m’ont mis trois mètres ! Je l’ai donc vraiment fait pour l’équipe. Mais sportivement, cela ne m’a pas apporté grand-chose.
De façon plus globale, qu’est-ce-qui t’as le plus marqué lors de ces Jeux Olympiques de Pékin ?
J’étais en série avec Liu Xiang, donc le stade était plein à 10 ou 11 heures du matin. Je n’ai jamais entendu autant de bruit de ma vie, même au départ d’un avion ! Je crois qu’il y avait 90 000 spectateurs. Tu arrives, tu es à peu près réveillé le matin, et c’est un bordel énorme ! C’était tellement bruyant que j’avais même peur de ne pas entendre les ordres du starter. Ça m’a vraiment marqué. La cérémonie d’ouverture était chouette aussi !
Sinon, d’un point de vue sportif : Usain Bolt ! C’est vraiment lui qui a fait le show. Sur sa ligne droite, il s’arrête 80 mètres avant et lève les bras… C’est du jamais vu !
La densité sur le 110 m haies en France est importante, avec notamment Ladji Doucouré et Garfield Darien. Quels sont tes rapports avec eux ?
Je m’entends bien avec tout le monde, que ce soit avec des gars un peu plus âgés comme Ladji ou Cédric Lavanne qui a pris récemment sa retraite, ou bien avec les plus jeunes qui ont environ mon âge. Bien sûr, j’ai plus ou moins d’affinités selon la distance ou le fait qu’on s’entraîne ensemble ou non. J’ai de bons rapports avec tous et il y a une grosse émulation. Si on veut avoir sa place, il faut réaliser des chronos de premier ordre au niveau mondial. Faire les minimas du CIO ou de la Fédération Internationale ne suffit plus. Aujourd’hui, c’est en fait la concurrence qui impose les minimas et il s’agit de performances pour aller chercher au moins une finale mondiale. C’est vraiment une bonne chose.
Il s’agit aussi d’un bon croisement de générations. J’ai par exemple beaucoup échangé avec Ladji après les Championnats du monde junior en 2006 et ensuite encore à Pékin. Aujourd’hui, je discute avec les plus jeunes et c’est cool d’échanger et d’apprendre de part et d’autre. Le fait qu’on soit beaucoup nous fait aussi prendre conscience qu’il y a beaucoup de façons de faire différentes. Il n’y a pas un seul modèle qui marche. A un moment donné, il faut ainsi accepter qu’il y ait des choses qui marchent pour l’un et pas pour les autres. Il faut donc vraiment se fier à soi-même et maintenir son cap.
En 2011, tu as participé aux Championnats d’Europe en salle à Paris. On imagine que ça a été une grande expérience pour toi d’évoluer devant ton public ?
Oui ! A la base, après les Jeux, je m’étais dit que je ne voulais plus faire la saison en salle. Je trouvais ça beaucoup trop court et comme je ne partais pas très bien, j’étais vraiment frustré de revenir en fin de course et d’être tout le temps bloqué par la ligne d’arrivée qui arrivait trop tôt à mon goût. Mais après, quand j’ai appris qu’il y avait les Championnats d’Europe à Bercy, j’ai voulu les préparer. Faire une compétition à domicile est quand même un grand luxe et je ne pouvais pas rater ça.
On était trois Français en finale (avec Garfield Darien et Dimitri Bascou) donc c’était quelque chose de chouette à vivre, même si ma course s’est mal déroulée. Il s’agissait de ma première finale internationale mais ce que je retiens surtout, c’est ce petit clin d’œil que je trouvais sympa : on est tous les trois de la même génération donc on s’est partagé les podiums en catégories jeunes, et là on se retrouvait en senior en finale !
A long terme, tu penses déjà aux Jeux Olympiques de Rio de 2016 ?
Oui, bien sûr. J’ai une revanche à prendre. Cette année, je me concentre vraiment sur les Championnats du monde de Moscou. Je fais la saison en salle, mais c’est plus une étape de préparation pour cet été. Et c’est sûr que je veux être du voyage à Rio !
Merci beaucoup Samuel pour ta disponibilité et bonne saison !
La carrière de Samuel Coco-Viloin en quelques lignes :
Spécialiste du 110 m haies, Samuel Coco-Viloin se distingue dès la catégorie junior en devenant vice-champion du monde junior en 2006.
En août 2008, il participe aux Jeux Olympiques de Pékin. Il atteint les demi-finales du 110 m haies. Lors de ces JO, il court également les séries du 4*100 m mais le relais français est éliminé. En 2011, il termine 8e du 60 m haies des Championnats du monde en salle disputés à Paris.
Une blessure perturbe son début d’année 2012. Demi-finaliste des Championnats d’Europe, il ne parvient pas à se qualifier pour les Jeux Olympiques de Londres. Actuellement âgé de 25 ans, Samuel Coco-Viloin a pour record 13’’46 sur le 110 m haies.
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