Mehdi Marzouki est l’un des piliers de l’Ă©quipe de France de water-polo. Après une participation historique aux Jeux Olympiques de Rio 2016, il a dĂ©sormais de grandes ambitions pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Mehdi, l’équipe de France s’est qualifiée pour les Jeux Olympiques de Rio 2016 aux tirs aux buts et tu avais inscrit le tir victorieux. Raconte-nous comment tu as vécu cette séance de tirs aux buts de l’intérieur ?
Ce match contre les Hollandais était notre moins bon match du tournoi. On était menés au score très longtemps et on est revenus à la fin. On n’était pas en confiance absolue car on n’avait pas très bien joué. Aux tirs aux buts, on savait que c’était à quitte ou double. On a choisi comme tireurs les cinq qui étaient les plus habitués à tirer. Mathieu Peisson était le premier à tirer. Je lui ai dit de faire attention car la balle glissait un peu. Et la balle lui a glissé des mains au moment de tirer ! On a donc commencé avec un penalty raté. Mais on avait confiance en notre gardien Rémi Garsau et on savait qu’il allait arrêter des tirs aux buts. On s’est dit qu’on devait rester concentrés, y compris Mathieu, car il pourrait tirer une deuxième fois en cas d’égalité. Rémi a arrêté un tir, puis ils en ont loupé un deuxième. J’étais en dernière position. Si je marquais, on était qualifiés pour Rio. Mais si je ne marquais pas, on n’était pas éliminés : on aurait dû recommencer un deuxième tour.
Je suis allé chercher la balle. J’ai essayé de faire le vide dans ma tête et de faire comme si c’était un match d’entraînement. Quand je suis allé vers la cage, le gardien Hollandais m’a jeté de l’eau et m’a parlé en Hollandais pour essayer de me déstabiliser. Je savais que j’allais tirer en haut à gauche. L’arbitre a sifflé, j’ai tiré, j’ai marqué et on s’est qualifiés !
Il s’agissait de la première participation de l’équipe de France aux Jeux Olympiques depuis 24 ans. Etait-ce la réalisation d’un rêve pour toi ?
C’est clair ! Participer aux Jeux Olympiques était mon rêve et c’était aussi celui de toute l’équipe. Les Jeux Olympiques restent le Graal pour tout sportif. Certains sportifs visent une médaille Olympique. Nous, l’équipe de France de water-polo, on visait juste la qualification. On est partis des Championnats d’Europe B en 2013, on est montés petit à petit dans le groupe A, et on s’est ensuite qualifiés pour les Jeux Olympiques ! C’est le plus bel accomplissement de ma carrière.
« Si je marquais, on était qualifiés pour Rio »
L’équipe de France a terminé dernière de son groupe à Rio, avec une victoire pour quatre défaites. Es-tu tout de même satisfait des performances à titre collectif et individuel ?
On avait une poule assez relevée et je pense qu’on s’est quand même bien battus. On avait beaucoup travaillé sur la défense donc on ne prenait pas beaucoup de buts. Par contre, c’est vrai qu’on avait parfois un peu de mal en attaque. Je pense qu’on a montré un visage sérieux et prometteur pour la suite. On n’était pas venus en touristes. Individuellement, j’étais également content de ma performance. Globalement, j’étais assez satisfait même si je n’étais pas content pour les résultats.
De façon plus globale, quels souvenirs gardes-tu de ces Jeux Olympiques de Rio ? As-tu ressenti toute la magie des Jeux ?
Bien sûr ! La magie Olympique commence lorsque tu arrives à l’aéroport Charles de Gaulle, qu’on te met dans un lounge et qu’on te donne ton équipement de l’équipe de France. On a voyagé en business class. On est arrivés à Rio un peu avant tout le monde donc on a eu le temps de prendre nos marques. Lors de la cérémonie d’ouverture, on est entrés dans le stade du Maracanã et ses 90 000 personnes ! L’équipe de France Olympique est une famille. On est tous pareils, quel que soit le sport. C’était énorme d’aller voir les matchs des autres sportifs français.
C’était également extraordinaire de voir Michael Phelps ou des joueurs NBA comme Kevin Durant ou Carmelo Anthony. Ils étaient là avec moi et je me disais que j’étais un sportif comme eux. Quand tu vas au self, qu’il y a à côté de toi Rafael Nadal ou Novak Djokovic, ou qu’il y a Usain Bolt qui fait la queue pour prendre son plateau, tu as forcément des étoiles dans les yeux. C’était une expérience incroyable !
Sens-tu que la participation aux Jeux Olympiques de Rio a eu un impact sur le water-polo en France ?
Il y a eu un impact car on a été un peu médiatisés. L’Equipe 21 nous avait suivis pendant la qualification et l’émission de Canal+ « Interieur Sport » avait effectué un reportage sur nous. Au retour des JO, on a été invités sur les plateaux télé. Il y a eu un engouement. Je pense qu’on a fait rêver un peu les jeunes poloïstes : ils se sont alors dit qu’eux aussi pouvaient aller aux Jeux Olympiques. Cela a donné un petit coup de boost !
Après, il y a eu un coup de mou. Maintenant, même si on n’est pas qualifiés pour les Jeux de Tokyo, on montre un visage sérieux dans le monde du water-polo mondial. Il faudra compter sur nous pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.
« Il faudra compter sur nous pour les Jeux Olympiques de Paris 2024 »
L’équipe de France n’a pas réussi à se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2021, suite à une élimination aux tirs aux buts en quarts-de-finale du TQO en février. Ce tournoi te laisse-il des grands regrets ?
Oui. Quand tu perds aux tirs aux buts et que tu as mené de deux ou trois buts pendant le match, tu as forcément des regrets. Mais même si on gagnait ce match-là , il fallait encore en gagner un autre pour se qualifier. Et puis c’était contre la Grèce, qui était archi favorite. On n’était pas favoris pour ce TQO, mais quand on regarde notre tournoi, on se dit que c’est passé à pas grand-chose.
Je pense toutefois qu’on ressort de ce tournoi comme un des grands gagnants car on a montré un visage incroyable. C’était la première fois de ma vie que je voyais l’équipe de France jouer aussi bien. On jouait beaucoup mieux qu’à Rio ! Si on arrive à garder cette dynamique du TQO, on peut faire de grandes choses à Paris 2024. On est donc déçus de ne pas être qualifiés pour Tokyo mais on est très satisfaits du visage qu’on a montré.
Tu as joué en Espagne, en Allemagne et en Russie. Quelles sont les principales caractéristiques de ces Championnats, comparés au Championnat de France ?
Par rapport au Championnat de France, le Championnat Espagnol a un jeu plus rapide. Il est plus axé sur les mouvements et sur la percussion. Le Championnat allemand est beaucoup plus physique. Le Championnat russe est également physique. Tout le monde y nage vite et shoote fort. Même contre les équipes du bas de tableau, il faut s’employer pour pouvoir gagner car ça joue physique et ça met des coups. Et à chaque fois, on joue deux matchs d’affilée, le vendredi et le samedi. C’est donc fatiguant.
Tu as actuellement 33 ans. Songes-tu à continuer ta carrière jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris 2024, pour lesquels l’équipe de France sera qualifiée automatiquement ?
Oui, bien sûr. C’est mon objectif d’aller jusqu’aux Jeux Olympiques de Paris. Avant le TQO pour les Jeux de Tokyo, je m’étais laissé un peu de temps pour décider. Mon état de forme et mon niveau de jeu au TQO m’ont décidé. Je me suis alors dit qu’on allait faire quelque chose à Paris. Je suis très motivé. Toute l’équipe est motivée pour faire quelque chose de grand à Paris 2024. Je suis persuadé que l’équipe de France fera quelque chose d’historique. Ce sera chez nous. Il y aura tous les ingrédients !
Merci Mehdi pour cette interview et bonne chance pour la suite !
La carrière de Mehdi Marzouki en quelques lignes :
Mehdi Marzouki débute sa carrière dans le club de Noisy-le-Sec. Il joue ensuite à Nice, à Marseille, en Espagne, en Allemagne (il y gagne le Championnat en 2017 avec Berlin) et en Russie, avant de retourner depuis 2018 à Noisy-le-Sec.
Il connaît sa première sélection en équipe de France en 2010. Il participe aux Championnats d’Europe 2014 (10e place) et 2016 (9e place). Il contribue à la qualification pour les Jeux Olympiques de Rio 2016 en inscrivant le tir au but décisif lors du TQO. Pour sa première participation aux JO depuis plus de 20 ans, l’équipe de France termine dernière de son groupe (une victoire pour quatre défaites) et Mehdi Marzouki inscrit 5 buts.
Après des participations aux Championnats du monde 2017 (14e place) et aux Championnats d’Europe 2020 (13e place), la France dispute en février 2021 le TQO mais échoue à sa qualifier aux Jeux Olympiques de Tokyo. Aujourd’hui âgé de 33 ans, Mehdi Marzouki est détenteur du record de buts inscrits sur une saison en Championnat de France (103 buts lors de la saison 2013-2014).
Participation aux Jeux Olympiques de Rio 2016
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