L’Ă©quipe de France fĂ©minine de hockey sur gazon a participĂ© cet Ă©tĂ© aux Jeux Olympiques pour la première fois de son histoire. Victoire Arnaud en faisait partie et nous explique son expĂ©rience de Paris 2024.
Victoire, vous venez de participer aux Jeux Olympiques de Paris 2024. Quand et comment avez-vous appris que vous étiez sélectionnée ?
J’avais été blessée pendant plusieurs mois et je n’étais donc pas certaine de pouvoir participer aux Jeux. L’annonce de la sélection a eu lieu trois ou quatre semaines avant les JO, lors du dernier stage. On devait normalement connaître la sélection une semaine plus tard. Mais on a très mal joué lors du premier match de préparation, qu’on a perdu 5-0. Cela était dû à la pression : tout le monde avait très peur de l’annonce de la sélection.
Du coup, le staff a dĂ©cidĂ© de nous prendre de court. Il nous a demandĂ© d’aller nous assoir dans une salle pour faire un dĂ©briefing vidĂ©o, mais en fait, c’était pour annoncer la sĂ©lection. On s’est retrouvĂ©es devant un panneau « SĂ©lection Paris 2024 » et on a ainsi vu – ou pas – notre nom sur le tableau. Ensuite, le staff nous a dit qu’on pouvait sortir ! C’était donc un peu rude comme annonce ! On s’est toutes mises Ă pleurer : de soulagement pour les sĂ©lectionnĂ©es, ou de tristesse pour celles qui n’étaient pas prises. C’était assez difficile Ă voir !
La cérémonie d’ouverture sur la Seine a été un moment marquant de ces JO. Pouvez-vous nous raconter comment vous avez vécu cette cérémonie de l’intérieur ?
On a été très mouillées ! (rires) C’était énorme à vivre. Le côté un peu négatif, c’est qu’on n’a rien vu de la cérémonie car on passait en dernier. Par contre, c’était génial de défiler sur le bateau. On était trempées, mais on était contentes d’être là et on saluait tout le monde. On avait l’impression d’être la reine d’Angleterre sur un bateau ! Il y avait un monde énorme sur les quais. Il y avait aussi une superbe ambiance sur le bateau, entre nous. Il n’y avait pas de hiérarchie et tous les athlètes étaient mélangés. On était juste à côté de Teddy Riner !
« On avait l’impression d’être la reine d’Angleterre sur un bateau ! »
Il s’agissait de la première participation de l’équipe de France féminine de hockey aux Jeux Olympiques. On imagine que le premier match a été un grand moment ?
L’avant-match a été très difficile à gérer car on se disait qu’on allait entrer devant plus de 10 000 personnes ! Quand je suis arrivée sur le terrain, j’ai eu des frissons. Chanter la Marseillaise en France devant plus de 15 000 personnes qui sont là pour vous, qui vous ovationnent et crient votre nom dans un stade, c’était vraiment énorme ! Ce sont des émotions que je n’avais jamais vécues et que je ne revivrai jamais.
L’équipe de France a perdu ses cinq matches lors de ces Jeux Olympiques de Paris. Êtes-vous tout de même satisfaite des performances ?
Je pense qu’on aurait pu décrocher une performance contre le Japon. On a eu un but refusé et on a perdu 1-0. On ne s’est pas fait voler, mais on aurait pu mieux faire. On a ce regret sur ce match. Mais dans l’ensemble, on est très fières et contentes de nos performances. Malgré les défaites, on a montré qu’on était capables de rivaliser et de ne pas être ridicules contre les grosses nations.
En dehors de votre compétition, quels souvenirs gardez-vous de ces Jeux Olympiques de Paris ?
Les volontaires ! Leur dévouement a été incroyable et on n’en parle pas assez. Comme on était à domicile, ils ont tout fait pour nous mettre dans les meilleures conditions. Ils avaient toujours le sourire, même quand il faisait 40 degrés !
Il y a aussi tous les à -côtés dans le Village Olympique. Les infrastructures étaient géniales. Par exemple, on pouvait télécharger une photo de notre smartphone et obtenir un café avec cette photo imprimée en cacao au-dessus. Ce sont des choses toutes bêtes comme ça qui ont rendu le tout spectaculaire et magique. Ça nous a fait rêver. On était dans notre bulle et dans un monde à part !
« Beaucoup de gens nous ont ensuite remercié car ils ont découvert ce sport »
Pensez-vous que cette participation aux JO de Paris peut aider à développer le hockey féminin en France ?
J’espère ! Je pense que ça a donné de la visibilité à notre sport. Un certain nombre de gens ne connaissaient pas du tout le hockey et ont acheté des places via le système des packs. Beaucoup de gens nous ont ensuite remercié car ils ont découvert ce sport qui est sympa à voir, complet et avec énormément de valeurs. Je sais qu’on a eu de « bons avis » sur nos performances et sur notre état d’esprit d’équipe. J’espère que ça a donné envie à de jeunes joueuses de continuer pour pouvoir pérenniser cette équipe de France.
Vous avez joué cinq années en Belgique. Pouvez-vous nous expliquer les principales différences entre le hockey en Belgique et en France ?
La principale différence en Belgique est le côté professionnel du hockey. Il y a plus de moyens, plus d’infrastructures et les entraîneurs le sont à plein temps. Ils peuvent aussi recruter des joueuses plus expérimentées. Alors qu’en France, les terrains sont parfois trop vieux ou plus aux normes, et les coachs doivent souvent avoir un travail à côté. Aussi, la France est grande et il n’y a pas énormément de clubs de hockey. On est donc obligées tous les weekends de se déplacer et de prendre le train pour jouer nos matches. C’est compliqué. En Belgique, les trajets sont beaucoup plus courts car il y a plus de proximité géographique. La qualité du niveau en Belgique m’a permis de beaucoup progresser.
Vous venez de rejoindre le FC Lyon. Quels sont vos prochains objectifs, Ă la fois en club et en Ă©quipe nationale ?
En club, l’objectif est le maintien dans la première division française. L’équipe s’était maintenue de peu la saison dernière. En équipe de France, on va jouer la Coupe d’Europe A l’année prochaine. Il y a trois Coupes d’Europe en hockey, selon le niveau, et on est montées en Coupe d’Europe A l’année dernière. L’objectif est d’y performer contre les meilleures nations européennes qu’on a rencontrées lors des JO de Paris.
Merci beaucoup Victoire pour cette interview et bonne chance pour la suite !
La carrière de Victoire Arnaud en quelques lignes :
Evoluant au poste d’attaquante, Victoire Arnaud honore sa première sélection en équipe de France A à 19 ans. Avec les Bleues, elle remporte la médaille d’argent en 2021 et la médaille d’or en 2022 du Championnat d’Europe B.
Elle est sélectionnée pour les Jeux Olympiques de Paris 2024. Pour sa première participation aux Jeux Olympiques, l’équipe de France féminine de hockey perd ses cinq matches. Victoire est titulaire à chaque rencontre.
En club, elle évolue cinq ans dans le championnat de Belgique, avant de rejoindre en août 2024 le FC Lyon. Aujourd’hui âgée de 22 ans, Victoire Arnaud est la capitaine de son club et compte plus de 40 sélections en équipe de France.
Participation aux Jeux Olympiques de Paris 2024
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