C’est avec beaucoup de joie que je mets en ligne la première interview d’un champion olympique sur interviewsport.fr ! Il s’agit de l’escrimeur Erik Boisse, qui a acceptĂ© de rĂ©pondre Ă quelques questions pour expliquer sa discipline et Ă©voquer les moments forts de sa carrière.
Erik, peux-tu nous présenter les trois armes de l’escrime et leurs principales caractéristiques ?
« En escrime, tu as l’épée, le fleuret et le sabre. Alors déjà , ces trois armes ont des caractéristiques similaires, c’est qu’elles se font sur la même piste, une piste de 14 mètres de longueur et 1, 50 mètre de largeur. Après, ce qui diffère essentiellement entre ces armes, entre le groupe fleuret/sabre et l’épée, c’est la règle d’attaque, c’est-à -dire qu’au fleuret et au sabre, le premier qui attaque a raison, tandis qu’à l’épée, le premier qui touche a raison. Donc ça c’est une règle sur laquelle on perd pas mal de spectateurs car la règle d’attaque est difficile à déterminer, même pour un spécialiste, alors tu imagines pour un non spécialiste, c’est un peu « tendu »… c’est-à -dire arriver à savoir qui attaque et qui défend. Le problème, c’est que si deux personnes attaquent en même temps, on considère au fleuret et au sabre qu’il y a attaque simultanée et qu’il n’y a pas de touche, alors qu’à l’épée, s’il y a attaque simultanée et qu’il y a deux touches, on considère que chacun a une touche… On considère que chacun mérite sa touche, donc on la donne à chacun.
Ensuite, l’autre principale caractéristique entre le groupe fleuret/épée et le sabre, c’est qu’en fleuret et en épée on touche avec la pointe, alors que le sabre est une arme avec laquelle on peut toucher avec le tranchant. C’est la principale différence avec l’épée et le fleuret car la position de la main est différente. »
Comment se passe une compétition d’épée par équipe ?
« En fait, il n’y a pas de différence dans le fonctionnement d’une compétition par équipe entre l’épée, le fleuret et le sabre, si ce n’est qu’au sabre ça va tellement vite qu’on ne met pas le chrono en jeu, alors qu’au fleuret et épée il y a le chrono.
Alors en fait, trois personnes affrontent trois autres personnes. Il y a neuf relais de trois minutes, jusqu’Ă 45 touches. Donc Ă la fin du temps, si une Ă©quipe mène (exceptĂ© donc au sabre oĂą il n’y a pas de temps), elle gagne, sinon c’est la première Ă©quipe qui atteint 45 touches qui l’emporte. »
En 2004, tu deviens champion olympique par équipe… est-ce la réalisation de ton plus grand rêve ?
« Non, non… Disons que je n’ai jamais vraiment fonctionnĂ© en termes d’objectifs. En fait, je ne m’en suis pas rendu compte… Je ne peux pas dire que ce soit l’accomplissement d’un rĂŞve car je ne me suis vraiment pas rendu compte de ce que je faisais et de ce qui m’arrivait. »
Parle-nous un peu de l’après-titre : pas trop dur de se remettre aux entraînements après une médaille d’or aux Jeux ?
« En fait, ma quatrième place en individuel a beaucoup jouĂ© car j’étais jeune, j’avais 24 ans. La quatrième place, on a envie de faire mieux car quatrième aux Jeux, c’est nul, on peut le dire, c’est « pourri ». Et donc j’avais vraiment Ă cĹ“ur de rĂ©ussir mes performances individuelles, et c’est vrai que le fait d’avoir rĂ©ussi aux championnats du Monde Ă faire une mĂ©daille individuelle, ça m’a fait du bien… (ndlr : Eric Boisse a emportĂ© la mĂ©daille d’argent en individuel aux championnats du Monde en 2007) Ca, ça a vraiment Ă©tĂ© un accomplissement, pas un rĂŞve mais un accomplissement. »
Etre le fils d’un autre grand champion d’escrime (Philippe Boisse), cela a-t-il plutôt été un moteur ou un frein à ton éclosion selon toi ?
« Il est sûr que ça ne fait pas original pour ne rien te cacher… Mon père a été à la fois une source de motivation et à la fois une source de démotivation, parce-que lorsqu’on entend les gens dire, quand on est plus jeune : « il n’y arrivera pas », « il ne sera pas aussi fort que son père », « ça ne sert à rien »… Il y a pas mal de gens qui dans la vie paraissent défaitistes… On ne leur demande rien, on se moque de leur avis, mais il y en a qui viennent quand même et c’est un peu pénible… Après, c’est le même principe que sur les objectifs, j’ai toujours fonctionné en me disant « profite de la vie », donc j’en profite et après pour le reste je m’en moque. »
Raconte-nous une journée type d’entrainement ?
« C’est difficile de raconter une journée car nous on ne s’entraîne pas suivant une journée type… Après, une semaine type d’entrainement, pour moi ayant repris des études dans une Ecole de Commerce, c’est leçon le lundi (une petite heure), c’est-à -dire entrainement avec l’entraineur. Le mardi, c’est séance d’assaut (2 heures à peu près), le mercredi c’est une séance au club pour tirer avec les enfants et en même temps pour se changer les idées, et ensuite le jeudi c’est souvent séance d’assaut et leçon dans la même journée. Ca c’est un peu plus compliqué, un peu plus fatiguant. »
Comment as-tu géré le fait de ne pas être sélectionné aux JO de Pékin malgré ta bonne expérience olympique quatre ans auparavant et ta médaille d’argent aux championnats du monde une année plus tôt ?
« Je ne l’ai pas mérité surtout, ce n’est pas tant mon expérience… C’est sûr que de ce que j’ai pu montrer pendant cette saison 2008/2009, je ne méritais en rien une sélection aux Championnats du monde, ni aux Jeux Olympiques… Donc oui, triste du fait d’un événement qui me passait sous le nez, l’impression de ne pas maîtriser ma vie pendant un an, c’est dur… Sur le principe, mon père m’a toujours dit « sois plus intelligent que la vie, prend la à bras le corps et domine la », donc là c’est sûr, c’est dur… J’ai eu des soucis personnels et je me suis laissé dominer par ça alors que je n’aurais pas dû… »
Pour finir, quels sont tes objectifs futurs ? Envisages-tu les JO de Londres de 2012 ?
« J’envisage de continuer jusqu’Ă Londres, ça c’est sĂ»r… Après, on verra bien… LĂ , je suis remplaçant pour les Mondiaux. J’ai fait une saison correcte. Il y a les Mondiaux de Paris en 2010, le but c’est de se sĂ©lectionner aux Mondiaux de Paris…. »
Merci beaucoup Erik pour ta disponibilité ! Bonne chance pour la suite !
La carrière d’Erik Boisse en quelques lignes :
Erik Boisse est un escrimeur français de 29 ans au palmarès bien rempli dans sa discipline, l’épée.
En 2004, aux Jeux Olympiques d’Athènes, il devient champion Olympique par Ă©quipe en Ă©pĂ©e, aux cĂ´tĂ©s d’Hugues Obry et de Fabrice Jeannet. En individuel, il termine 4e, au pied du podium.
En 2005, 2006 et 2007, il enrichit son palmarès par Ă©quipe en devenant champion du Monde par Ă©quipe Ă trois reprises. Aux championnats du Monde de 2007, il dĂ©croche sa première mĂ©daille individuelle en grand championnat, avec une mĂ©daille d’argent.
Aujourd’hui en Ecole de Commerce, Erik Boisse a Ă©tĂ© nommĂ© remplaçant pour les championnats du Monde d’Antalya (Turquie), qui se dĂ©rouleront en octobre 2009.
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