Anna Santamans a participé aux Jeux Olympiques de Londres 2012 et de Rio 2016. Détentrice du record de France du 50 m nage libre, elle a également remporté plusieurs médailles en relais.
Anna, tu as participé aux Jeux Olympiques de Londres 2012 et tu as atteint les demi-finales du 50 m nage libre. Quels souvenirs gardes-tu de ces premiers Jeux Olympiques ?
C’était l’une des meilleures compétitions de ma vie, que ce soit pour la compétition en elle-même mais aussi pour l’après-compétition. La compétition s’est bien passée pour moi, ce qui m’a mise dans de bonnes dispositions. La deuxième semaine des Jeux était vraiment magique. J’étais dans un super environnement. C’était peut-être nouveau pour moi, mais j’avais l’impression d’avoir toujours connu ce genre d’événements. Cela n’a pas été un énorme dépaysement. Je n’en garde que des bons souvenirs.
Tu as Ă©galement participĂ© aux Jeux Olympiques de Rio 2016, oĂą tu as Ă©tĂ© septième du relais 4×100 m nage libre et Ă©liminĂ©e des sĂ©ries du 50 m nage libre. Quel regard portes-tu sur ces performances ?
Au niveau du relais, notre objectif était d’être en finale et ensuite de faire le meilleur résultat possible. Lors des séries le matin, on a battu le record de France et on a bien nagé. L’objectif était donc atteint. Au niveau individuel, c’était par contre une grosse déception. Je visais la finale mais je me suis arrêtée en séries, assez loin du compte. La déception fait partie du sport. Cela a été très compliqué. Il m’a fallu quelques heures pour digérer. Mais je savais que ce n’était pas la fin de ma carrière et que je n’allais pas m’arrêter là -dessus. Quand je suis repartie, j’étais déjà motivée pour la reprise.
« Je savais que ce n’était pas la fin de ma carrière et que je n’allais pas m’arrêter là -dessus »
De ces deux éditions des Jeux Olympiques, quelle est celle qui t’a le plus marquée ?
Ce sont les Jeux Olympiques de Londres, car l’organisation était très bien et il n’y a pas eu de fausse note. Tout avait été très bien pensé. Je découvrais, mais j’avais l’impression que tout glissait tout seul. C’était une superbe organisation. Le Village était magnifique et la piscine très belle. C’était un idéal de lieu pour moi : tout se passait bien et j’en garde des supers souvenirs.
J’ai eu l’impression que Rio était un peu plus de l’amateurisme. Ils ont réussi à gérer toutes les complications qui se posaient, mais certains problèmes n’auraient pas dû arriver. Par exemple, le jour de la demi-finale du 50 m nage libre, les demi-finalistes se sont retrouvés dans un bus qui est allé au stade alors qu’il était censé aller à la piscine ! Ce sont des choses qui ne devraient pas arriver.
Tu as terminé quatrième des Championnats d’Europe 2014 et 2016 et sixième des Championnats du monde 2017 sur 50 m nage libre. Ces places sont-elles de belles satisfactions ou sont-elles un regret d’avoir été si proche du podium à chaque fois ?
J’ai en effet été deux fois quatrième aux Championnats d’Europe, et c’est marrant parce que c’était avec le même temps. La première fois, en 2014, était une énorme satisfaction. Je ne m’attendais pas à nager à ce niveau car j’avais eu une préparation compliquée : cela allait bien jusqu’à trois semaines avant la compétition, puis j’ai perdu toutes mes sensations et je ne me sentais pas en forme. Je suis passée en finale pour un centième. J’étais donc sur les extérieurs pour la finale et je me suis dit que j’allais juste faire ma course du mieux possible. Finalement, j’ai nagé beaucoup plus vite que ce que je pensais et j’ai égalé mon meilleur temps. J’étais vraiment heureuse et surprise !
En 2016, je suis arrivée un peu dans les mêmes conditions aux Championnats d’Europe. Je n’étais pas en confiance et je me sentais très fatiguée. En fait, on a su après que j’avais la mononucléose. Finalement, je me suis dit avant la finale que le podium était peut-être accessible. J’y croyais vraiment et finir quatrième m’a vraiment déçue. J’étais en colère contre moi-même. C’est fou parce qu’on peut avoir deux sensations complètement différentes pour la même place et le même temps !
Aux Championnats du monde 2017, j’espérais une médaille parce que je me sentais capable de battre les filles devant moi. Je pensais que le podium se jouerait dans un temps plus facile à atteindre. Mais en voyant les résultats de la finale, je me suis rendue compte que je n’étais pas capable de nager moins de 24 secondes à ce moment-là . Finalement, j’ai eu une petite pointe de regret, rapidement effacée par la satisfaction d’avoir atteint la finale, de finir sixième mondiale et d’avoir battu le record de France, que je visais depuis un moment. Cela m’a donné beaucoup d’espoirs pour continuer de m’entraîner à Marseille et me rapprocher de plus en plus de ces filles-là .
Tu as été victime de nombreuses blessures, avec notamment trois luxations à l’épaule entre 2017 et 2019. As-tu parfois songé à mettre un terme à ta carrière ?
M’arrêter à cause d’une blessure, jamais de la vie ! Je me suis toujours dit que j’arrêterais la natation quand je l’aurais décidé, et pas quand les événements extérieurs l’auront décidé pour moi. Evidemment, j’ai envisagé la possibilité de ne plus pouvoir renager pendant ma longue convalescence après mon opération. En effet, on ne savait pas vraiment ce qui m’arrivait et pourquoi j’avais tout le temps mal. On m’a donné plusieurs hypothèses. Ne pas savoir exactement ce que j’avais me mettait un gros doute. J’y ai pensé et cela me mettait à chaque fois dans un état pas possible. C’est pour cela que j’ai tout fait pour pouvoir renager. Quand cela a été possible, cela a rendu ces moments beaucoup plus beaux. J’en avais tellement rêvé pendant longtemps ! J’ai dit que les Jeux de Londres ont été l’une des plus belles compétitions de ma vie, mais c’était aussi le cas quand je suis revenue à la compétition après vingt mois d’arrêt, même si c’était juste un meeting.
« On n’a pas le droit à l’erreur et il faut viser la perfection »
En dĂ©cembre 2019, tu es devenue championne d’Europe du relais 4×50 m nage libre en petit bassin avec l’équipe de France. Etant donnĂ© tes blessures, on imagine que cela a Ă©tĂ© une grande joie ?
Oui, d’autant plus que c’était à Glasgow, où il y avait eu les Championnats d’Europe en grand bassin un an et demi plus tôt. Cette période des Championnats d’Europe 2018 a été l’une des périodes les plus difficiles à vivre. En effet, participer à cette compétition était un objectif avant mon opération, et même en me faisant opérer, je m’étais dit que cela était possible de m’y qualifier. Finalement, je me suis retrouvée sur mon canapé, incapable de bouger le bras, pendant que les nageurs faisaient une super compétition. Cela m’a fait du mal. Je n’ai finalement pas regardé la fin de la compétition parce que c’était beaucoup trop dur à vivre. J’étais donc assez heureuse de pouvoir aller moi-même à Glasgow, même si c’était un an et demi plus tard pour des Championnats d’Europe en petit bassin. Je renouais ainsi un peu avec mon histoire en équipe de France !
Tu es spécialiste du 50 m nage libre, qui est une épreuve courte dans laquelle tous les détails comptent. Peux-tu nous raconter comment tu te prépares au niveau psychologique ?
Je fais beaucoup de visualisation de course. Cela s’intensifie un peu au fur et à mesure que je me rapproche de la compétition. J’essaie de visualiser tous les détails à réussir et tout ce sur quoi on a travaillé pendant les périodes d’entraînement. Le but est qu’en compétition, j’ai juste à me mettre en pilote automatique et à nager le plus vite possible, en sachant exactement ce que je fois faire. C’est comme si j’avais déjà vécu le moment de la course. Cela ne se passe pas toujours exactement comme ça. Quand il y a un petit truc qui change, ça perturbe toute la nage. C’est quelque chose que j’aime aussi dans le 50 m : on n’a pas le droit à l’erreur et il faut viser la perfection. C’est ce que je fais au quotidien, même en dehors de la piscine. C’est un gros trait de caractère.
Les Jeux Olympiques de Tokyo ont été décalés à 2021 à cause du coronavirus. Quelle est été ta réaction à cette nouvelle ?
Je me suis dit que c’était tout à fait normal. Tout le monde ne pouvait plus s’entraîner de la même manière. Quand on est entré dans le confinement, on nous a parlé de deux semaines mais on se doutait que cela durerait plus longtemps. On voyait que la plupart des Italiens ne pouvaient pas s’entraîner. Certains pays avaient réussi à mettre les nageurs en quarantaine pour qu’ils puissent s’entraîner dans une piscine. L’équité n’était pas du tout respectée, alors que c’est l’un des fondements des Jeux Olympiques. Je pensais qu’on allait arriver au report mais la décision se faisait un peu attendre. J’espérais qu’ils l’annoncent le plus vite possible pour que les athlètes puissent se relâcher. Ce qui était stressant, c’était de ne pas savoir si les Jeux allaient arriver. Maintenant, on sait, tout le monde s’adapte et on repart sur des bonnes bases ! Je pense donc que c’était la décision la plus sage.
Merci beaucoup Anna et bonne chance pour la suite !
La carrière d’Anna Santamans en quelques lignes :
Anna Santamans remporte la médaille d’or du 50 m nage libre lors des premiers Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2010. En 2012, elle atteint les demi-finales des Jeux Olympiques de Londres et termine 7e des Championnats d’Europe sur les 50 m nage libre.
Aux Championnats d’Europe 2014, elle termine 4e du 50 m nage libre et remporte le bronze en relais 4×100 m nage libre mixte. Cette mĂŞme annĂ©e, elle obtient le bronze en relais 4×50 m 4 nages aux Championnats du monde en petit bassin. Aux Jeux Olympiques de Rio 2016, elle termine 7e du relais 4×100 m nage libre et est Ă©liminĂ©e en sĂ©ries du 50 m nage libre. En 2016, elle termine Ă©galement 4e des Championnats d’Europe sur 50 m nage libre.
Lors des Championnats du monde 2017, elle est 6e du 50 m nage libre et bat le record de France. Après des blessures, elle renoue avec le podium aux Championnats d’Europe en petit bassin 2019, avec l’or du relais 4×50 m nage libre. Aujourd’hui âgĂ©e de 27 ans, Anna Santamans vise les Jeux Olympiques de Tokyo 2021.
Participations aux Jeux Olympiques de Londres 2012 et Rio 2016
Courage Anna .Je ne savais pas que tu avais été réopérée en Mai.Bisous