Enzo Khasz fait partie des joueurs les plus expĂ©rimentĂ©s de l’Ă©quipe de France de water-polo. Après une participation historique aux Jeux Olympiques de Rio 2016, il a terminĂ© sixième des Championnats du monde 2023 et vise avec ses coĂ©quipiers une mĂ©daille aux JO de Paris l’annĂ©e prochaine.
Enzo, tu as participé aux Jeux Olympiques de Rio 2016 et il s’agissait de la première participation de l’équipe de France depuis 24 ans. Quels souvenirs gardes-tu de ces Jeux Olympiques ?
C’était une grande fierté de participer aux JO de Rio 2016 et de ramener le water-polo français sur la compétition internationale la plus prestigieuse. J’en garde de très bons souvenirs, à la fois collectivement et personnellement. On a goûté aux Jeux Olympiques à Rio et on veut désormais y retourner le plus de fois possibles.
Sur le plan sportif, l’équipe de France a terminé dernière de sa poule aux JO de Rio, avec une victoire pour quatre défaites. Etais-tu tout de même satisfait des performances à titre collectif et individuel ?
Sur le plan collectif, on a effectué des bons matchs et on a réussi à accrocher des grosses nations, ce qu’on n’avait jamais trop réussi auparavant. Mais après-coup, on s’est dit qu’on avait peut-être loupé quelque chose et il y a eu un peu de déception. Il s’agissait de nos premiers Jeux, à la fois pour les joueurs et le staff, et on y est allés avant tout pour prendre du plaisir. On a eu un peu de regrets après. Maintenant, on veut retourner aux JO pour faire mieux et performer !
Sur le plan individuel, cela a été un peu compliqué car je suis arrivé aux JO de Rio avec de gros problèmes d’épaule. J’ai eu beaucoup de frustration et je pense que j’aurais pu faire mieux.
« Maintenant, on veut retourner aux JO pour faire mieux et performer ! »
En 2021, l’équipe de France n’a pas réussi à se qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo, suite à une élimination aux tirs aux buts en quarts-de-finale du TQO. Cela-a-t-il été particulièrement difficile à digérer ?
On est allés à ce TQO dans un contexte un peu difficile. L’équipe se cherchait beaucoup depuis la fin de l’Olympiade de Rio. On n’avait pas eu les résultats espérés aux Championnats d’Europe et aux Championnats du monde. On a entamé ce TQO sans pression et avec l’idée de tout donner.
On a finalement perdu aux tirs aux buts. Je trouve qu’il y a beaucoup de ressemblances avec le TQO de Rio. Cinq ans auparavant, on avait gagné aux tirs aux buts, mais la pièce est tombée du mauvais côté cette fois-ci. C’est la vie ! C’est plus facile d’en parler maintenant, avec le recul. Sur le moment, ça a été difficile à gérer. C’était une compétition en plein milieu de l’année et il fallait vite se reconcentrer et se remettre dedans pour son club.
L’équipe de France s’est classée sixième des Championnats d’Europe 2022, après avoir battu en huitièmes-de-finale la Serbie, championne Olympique en titre. Peux-tu nous raconter comment tu as vécu ce match de l’intérieur ?
Je pense que ce match fait partie des plus belles pages de l’équipe de France de water-polo. C’était un match couperet pour se qualifier en quarts-de-finale, ce que la France n’avait jamais réussi dans l’ère moderne. On n’était pas favoris mais on savait qu’on avait une chance de gagner ce match contre la Serbie, qui fait partie du top mondial. On y est donc allés avec beaucoup de pression. On était confiants.
On a bien démarré le match. Mais au fur et à mesure, on a baissé. Je ne sais pas si c’était lié à la pression de l’événement ou à la pression qu’on s’était mise. Probablement un peu des deux. Finalement, on a réussi à gagner d’un but en faisant à la fin une défense sortie de nulle part ! Cela reste un très bon souvenir. Ce match fait partie des actes fondateurs de cette équipe de France.
Tu as terminé sixième des Championnats du monde avec l’équipe de France en juillet dernier, ce qui constitue le meilleur résultat de l’histoire du water-polo français. On imagine que c’est une grande satisfaction ?
Cette sixième place aux Championnats du monde est bien évidemment une grande satisfaction, à la fois personnelle et collective. C’est aussi une grande fierté. Quand j’ai commencé à jouer au water-polo, l’équipe de France ne participait même pas aux Championnats d’Europe. Quand on prend un peu de recul, on voit tout le chemin parcouru. Cela permet de savourer ce genre de performances. Sixième aux Championnats du monde, cela n’avait jamais été fait ! On est contents, mais on a toujours cette volonté d’en avoir plus, c’est-à -dire d’accrocher une médaille.
« Il faut s’entraîner pour rattraper ces nations et être en adéquation avec notre objectif, qui est une médaille aux Jeux »
Lors du quart-de-finale de ces Championnats du monde 2023, l’équipe de France a été battue d’un but par l’Espagne, championne du monde en titre. Avec le recul, ce match est-il une fierté d’avoir fait jeu égal avec une telle nation ou bien une frustration d’avoir échoué de peu à se qualifier en demi-finales ?
Pour être honnête, je n’ai toujours pas revu ce match. Cela a été difficile à digérer. J’ai l’impression d’être passé à côté de quelque chose. Premièrement, on ne joue pas un quart-de-finale tous les jours, d’autant plus d’un Championnat du monde. Deuxièmement, on a accroché la meilleure équipe de ces cinq dernières années. On avait la place de remporter ce match, mais ça ne s’est pas fait. Cela s’explique notamment par notre manque d’expérience à ce niveau-là , sur des matches couperets, contre des équipes qui en jouent beaucoup plus que nous et depuis beaucoup plus longtemps.
A la fin du match, ça a été très difficile. Les larmes ont monté. On a assez vite réalisé qu’on était passés à côté de quelque chose de très, très grand. Cela doit nous servir pour les futures compétitions. Il ne faut pas que cela se réitère.
L’équipe de France est en forte progression depuis deux ans. Qu’est-ce-qui a aidé à passer un cap au point que la France peut désormais songer à une médaille aux Jeux Olympiques de Paris 2024 ?
Les performances de l’équipe sont en effet en forte amélioration depuis deux ans. Je pense que c’est principalement dû à la nomination de Florian Bruzzo en tant que sélectionneur et au staff qu’il a mis en place. On ne va pas se le cacher, tout correspond à ça. Je trouve aussi que les moyens qu’on a sont beaucoup plus importants qu’avant, notamment pour les stages. Cela nous permet de nous entraîner dans de meilleures conditions. Enfin, on a trouvé un équilibre entre les anciens, ceux qui sont là depuis environ 10 ans, et les nouveaux joueurs très talentueux. On a su créer une grosse identité d’équipe. Cela permet de se battre les uns pour les autres et d’atteindre ce niveau de performances.
L’année 2024 va être chargée avec les Championnats du monde de Doha en février et les Jeux Olympiques en juillet. Y-aura-t-il plus de stages que d’habitude car les JO auront lieu devant le public français ?
On entame la préparation pour les Championnats d’Europe le 10 décembre à l’INSEP. Ils auront lieu début janvier en Croatie. Ensuite, il y aura les Championnats du monde à Doha. Cela sera difficile d’avoir plus de stages car on en a déjà enchaîné beaucoup. On n’a pas eu beaucoup de jours de vacances ces deux ou trois dernières années ! Mais c’est ce qu’il faut, car on a du retard sur les autres nations. Rien n’est dû au hasard. Il faut s’entraîner pour rattraper ces nations et être en adéquation avec notre objectif, qui est une médaille aux Jeux.
Merci beaucoup Enzo et bonne chance pour cette année 2024 !
La carrière d’Enzo Khasz en quelques lignes :
Evoluant au poste de défenseur, Enzo Khasz débute sa carrière à l’Olympic Nice Natation (vainqueur de la Coupe de la Ligue 2014), avant de rejoindre en 2014 le cercle des Nageurs de Marseille (champion de France 2015 et 2016, vainqueur de la Coupe de la Ligue 2015) et en 2016 le Pays d’Aix Natation, dont il est actuellement le capitaine.
Il connaît sa première sélection en équipe de France en 2010. Il participe aux Championnats d’Europe 2014 (10e place) et 2016 (9e place) puis aux Jeux Olympiques de Rio 2016. L’équipe de France y termine dernière de son groupe (une victoire pour quatre défaites) mais il s’agit de sa première participation aux JO depuis plus de 20 ans. Il participe aux Championnats d’Europe 2018 (12e place) et 2020 (13e place) mais la France échoue lors du TQO à se qualifier aux Jeux Olympiques de Tokyo.
L’équipe de France enchaîne ensuite deux belles performances, se classant 6e des Championnats d’Europe 2022 et des Championnats du monde 2023. Aujourd’hui âgé de 30 ans, Enzo Khasz vise avec ses coéquipiers une médaille aux Jeux Olympiques de Paris 2024.
Participation aux Jeux Olympiques de Rio 2016
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