Après deux mĂ©dailles aux Jeux Paralympiques de Londres en 2012, Fabien Lamirault a rĂ©ussi l’exploit de devenir double champion Paralympique Ă Rio en 2016. Il va tenter de briller de nouveau Ă Tokyo cette annĂ©e. Entretien.
Fabien, tu as participé à tes premiers Jeux Paralympiques en 2012 à Londres, remportant la médaille de bronze en individuel et la médaille d’argent par équipe. A l’époque, ces deux médailles correspondaient-elles à tes objectifs ?
C’étaient mes premiers Jeux et je n’avais pas du tout le statut de favori. Mais avant de partir, j’avais cet instinct de compétiteur et j’étais assez convaincu que je pouvais donner ma pleine mesure dans ce type d’événements. J’y allais déjà dans l’optique de gagner, même si ceux qui m’accompagnaient me disaient que c’était une idée un peu irréaliste. Cela s’est terminé avec une médaille de bronze en individuel et une médaille d’argent par équipe. Je pense toutefois qu’on aurait pu mieux faire sur les Jeux de Londres.
Tu as remporté la médaille d’or en individuel lors des Jeux Paralympiques de Rio 2016. Raconte-nous comment tu as abordé cette finale ?
Il y a eu du chemin entre 2012 et 2016. J’ai remporté les Championnats du monde 2014 en individuel et par équipe. Suite à cela, j’ai eu un statut de numéro 1 mondial et d’homme à abattre. Je suis ainsi arrivé aux Jeux Paralympiques de Rio avec le statut de grand favori. Mais encore fallait-il le faire !
En finale, j’étais contre un adversaire contre qui j’ai toujours plutôt bien réussi. D’autres joueurs du tableau me posent plus de problèmes Je suis arrivé sur cette finale en pleine confiance et en étant certain que j’allais faire un gros match. Je savais que si toutes les planètes étaient bien alignées, cela allait bien se passer à la fin. J’étais donc assez sûr de moi face à ce joueur-là . Obtenir ce premier titre Paralympique en individuel a un peu bouclé l’Olympiade et a concrétisé ma suprématie sur ma classe en individuel.
« J’allais à Rio pour remporter les deux médailles d’or Paralympiques »
Tu as enchainé quelques jours plus tard en réalisant le doublé avec la médaille d’or par équipe. Cela a-t-il été difficile de se replonger dans la compétition juste après le titre Paralympique en individuel ?
Non, car j’avais appris des Jeux de 2012. Après la médaille de bronze de Londres, qui était une belle performance à l’époque, cela avait été difficile pour moi de plonger dans la compétition par équipe quelques jours plus tard. J’avais appris de cela et cela n’a pas été difficile aux Jeux de 2016. J’allais à Rio pour remporter les deux médailles d’or Paralympiques. Après l’individuel, j’avais fait la moitié du chemin. J’étais très concentré et je savais que les Jeux ne seraient finis qu’après que les deux tableaux soient terminés. Je suis resté focalisé sur l’objectif.
De façon plus globale, quels souvenirs gardes-tu de ces Jeux Paralympiques de Rio ?
J’en garde forcément d’excellents souvenirs. Je garde aussi de très bons souvenirs de Londres. C’étaient deux expériences totalement différentes : à Londres, je découvrais tout et à Rio, j’avais le statut de grand favori. Ce que je retiens de Rio, c’est que j’ai eu la possibilité de pouvoir aller encourager mes collègues dans les autres disciplines, comme le rugby fauteuil, la natation, le tennis et l’escrime. A Londres, je n’avais pas pu le faire et cela a été un regret de ne pas avoir pu bénéficier des Jeux en tant que spectateur. A Rio, j’ai eu deux jours de repos : entre la demi-finale et la finale en simple, puis entre la compétition de simple et celle par équipe. J’ai pu aller m’aérer l’esprit et voir d’autres disciplines. L’échange m’a marqué aux Jeux Paralympiques de Rio. Je faisais partie d’une grande équipe avec de nombreuses disciplines et de nombreux athlètes mélangés. J’en ai vraiment pris la mesure à Rio.
Tu es devenu handicapé à la suite d’un accident de la route en 1998. Pratiquais-tu déjà le tennis de table avant ton accident ? As-tu dès le début voulu en faire en handisport à haut niveau ?
J’avais pratiqué le ping-pong avant, mais pas en club. C’était une discipline qui était au programme scolaire dans mon collège et que j’aimais bien. En club, j’avais essayé le foot mais je pratiquais le handball et la boxe française quand j’étais adolescent. Quand j’ai été en fauteuil, j’ai essayé le ping-pong car c’était assez facile d’accès. J’ai eu la chance d’avoir été initié dans le centre de rééducation où il y avait deux joueurs qui en faisaient et qui m’ont en quelque sorte recruté. J’ai suivi leurs conseils et je me suis inscrit dans un club handisport. L’aventure a commencé comme ça, vraiment en tant que loisir. L’idée était simplement de refaire du sport parce que j’en avais toujours fait. Le principe du haut niveau est venu bien après.
« Participer et briller à Paris 2024 est un objectif clair ! »
Les Jeux Paralympiques de Tokyo ont été décalés à 2021 à cause du covid-19. Comment as-tu vécu cette situation ?
Au printemps dernier, quand cette histoire a commencé, on était inquiet sur la préparation des Jeux de Tokyo. Quand on a vu que l’épidémie prenait une ampleur mondiale et n’allait pas s’arrêter en quinze jours, l’annonce du report des Jeux a plutôt été bien vécue : on pouvait se projeter sur un an et refaire une préparation complète avec des stages, ce qui n’était pas du tout le cas en mars-avril mai l’année dernière. Mais c’est vrai que c’est atypique que l’Olympiade dure cinq ans. Et l’Olympiade suivante sera encore plus atypique puisqu’elle ne durera que trois ans.
Actuellement, j’ai hâte d’avoir la certitude qu’ils auront lieu. On a entendu beaucoup de choses en janvier concernant une éventuelle annulation. Pour l’instant, le discours que l’on reçoit est qu’ils vont être maintenus, bien que dans des conditions drastiques. On va attendre le printemps que cela soit officiel.
J’ai plutôt bien vécu le report des Jeux ainsi que le confinement, que j’ai passé dans une grande maison avec jardin dans le Sud de la France avec mes enfants. On n’était pas les plus à plaindre. J’ai toujours l’habitude de voir toujours devant et c’est ce que j’ai fait avec les Jeux quand ils ont été reportés.
Tu auras 44 ans lors des Jeux Paralympiques de Paris 2024. As-tu pour objectif clair d’y participer ou bien tu verras au fur et à mesure ?
C’est sûr que quand Paris a été désignée pour les Jeux de 2024, l’objectif était de viser d’y participer. Cela n’était pas possible d’imaginer arrêter ma carrière avant Paris 2024. C’est une chance pour tout sportif de faire les Jeux, mais encore plus de les faire chez soi devant son public ! C’est sûr que ma carrière ne s’arrêtera pas à Tokyo. Participer et briller à Paris 2024 est un objectif clair !
Merci beaucoup Fabien et bonne chance pour les Jeux Paralympiques cet été !
La carrière de Fabien Lamirault en quelques lignes :
Fabien Lamirault participe à ses premiers Jeux Paralympiques à Londres en 2012. Il y remporte la médaille de bronze en individuel et la médaille d’argent par équipe. L’année suivante, il est champion d’Europe par équipe.
Il brille lors des Championnats du monde 2014, devenant champion du monde à la fois en individuel et par équipe. Il réalise également le doublé lors des Championnats d’Europe 2015.
Lors des Jeux Paralympiques de Rio 2016, il remporte deux médailles d’or, en individuel et par équipe. En 2018, il est de nouveau champion du monde en individuel. Il signe aux Championnats d’Europe 2019 un nouveau doublé en individuel et par équipe. Aujourd’hui âgé de 40 ans, Fabien Lamirault vise de nouvelles médailles aux Jeux Paralympiques de Tokyo 2021.
Participations aux Jeux Paralympiques de Londres 2012 et Rio 2016
Médaillé d’or aux Jeux Paralympiques de Rio 2016 (individuel et par équipe)
Médaillé d’argent aux Jeux Paralympiques de Londres 2012 (par équipe)
Médaillé de bronze aux Jeux Paralympiques de Londres 2012 (individuel)
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