Dans trois semaines, Jules Lapierre va dĂ©buter sa saison en Coupe du monde. Après des dĂ©buts prometteurs aux Jeux Olympiques de Pyeongchang 2018 oĂą il a finit quinzième du skiathlon, il a eu une saison blanche l’annĂ©e dernière Ă cause d’une blessure. Entretien.
Jules, tu as participé aux Jeux Olympiques de Pyeongchang 2018, à peine deux mois après ta première épreuve de Coupe du monde. Être sélectionné pour Pyeongchang était-il un objectif pour toi ou bien une bonne surprise ?
C’était plus une bonne surprise. C’était ma première saison en Coupe du monde et aller aux Jeux n’était pas forcément un objectif. Je voyais ça un peu comme du bonus. L’objectif était surtout de faire de bonnes choses en Coupe du monde. Cela a bien marché dès le début de la Coupe du monde. Cela m’a lancé ! J’ai pris tout ce qu’il y avait à prendre. L’objectif a ensuite été de faire une bonne course aux Jeux, mais je n’avais pas préparé cela avant la saison.
Tu as terminé quinzième du skiathlon des Jeux Olympiques de Pyeongchang. Raconte-nous comment tu as vécu cette course de l’intérieur ?
Je suis parti. Peu après le départ, dans la première ligne droite, le Norvégien Krüger (le vainqueur de la course, ndlr) ainsi que d’autres athlètes sont tombés. Je faisais partie de ceux qui sont tombés ! Je n’ai pas perdu beaucoup de temps, mais je suis reparti dégoûté de tomber sur ma première course Olympique ! En classique, ça allait très vite. J’avais du mal à me mettre dans le rythme et je ne glissais pas très bien. Je sentais que je n’arrivais pas à tenir. J’étais déjà dans le dur au bout de 5 km ! Du coup, j’ai lâché le groupe. Je me suis alors dit que la course était foutue et que j’allais finir à une place pas terrible. En skating, cela allait tout de suite beaucoup mieux ! J’ai retrouvé mon énergie. Le changement m’a redonné de la force pour bien finir. J’ai remonté les places et je suis arrivé quinzième, alors que je devais être environ trentième à la fin du classique.
« Je n’ai pas perdu beaucoup de temps, mais je suis reparti dégoûté de tomber sur ma première course Olympique ! »
De façon plus globale, quels souvenirs gardes-tu de ces Jeux Olympiques ?
J’ai trouvé que c’était une ambiance assez froide, à cause notamment de l’endroit et de l’organisation très protocolaire. C’est peut-être la culture en Corée. On devait toujours passer par un portail électronique pour entrer dans le Village Olympique. En ski de fond, on n’est pas habitués à ça. D’habitude, on a juste une accréditation et il n’y a jamais de policiers qui viennent nous contrôler à la sortie de l’hôtel.
J’ai beaucoup apprécié le mélange de pleins de cultures, de sports et de gens différents au Village Olympique. Par contre, j’ai trouvé dommage de ne pas être avec tout le staff. Les techniciens qui nous fartent les skis n’étaient pas dans le Village Olympique. Ils étaient à côté et on ne les voyait pas beaucoup, alors qu’on est toujours avec eux le reste de l’année. On sentait que ça leur pesait un peu d’être mis à l’écart. Ils étaient un peu déçus de ne pas être avec nous.
Penses-tu que cette participation aux Jeux Olympiques de Pyeongchang peut être une bonne expérience et t’éviter des pièges aux Jeux Olympiques de Pékin 2022 ?
Je pense que c’est de l’expérience qui est prise. Je saurais à quoi m’attendre à Pékin. Un des pièges possibles est la grosse médiatisation. On peut se faire embarquer là -dedans et perdre beaucoup d’énergie à faire des interviews. J’étais moins concerné à Pyeongchang car on n’est pas le sport le plus médiatique et car Maurice Manificat, Lucas Chanavat ou Richard Jouve étaient les meilleurs de l’équipe. J’ai pu voir dans d’autres sports des athlètes très sollicités, comme Martin Fourcade. Ils étaient surquestionnés, on voulait avoir leur sensations, on voulait toujours les prendre en photo… Je pense qu’on peut vite perdre de l’énergie et le focus sur les courses. Mais ça peut aussi faire l’effet inverse et amener une pression positive pour se surpasser. On peut le voir des deux côtés.
En 2019, tu es devenu champion du monde des -23 ans sur le 15 km libre. Est-ce pour toi un déclic dans ta carrière ?
Je ne sais pas, parce que j’ai été champion du monde et j’ai ensuite fait de moins bonnes courses sur la fin de l’hiver ! Mais j’ai été blessé aussi. Je ne pense pas que cela ait été un déclic. C’est une belle médaille, mais ça reste une médaille U23. Ce n’est pas un aboutissement. Cela peut être un tremplin pour la suite. C’est sûr que ça me met en confiance : cela montre que je suis au niveau dans mon année d’âge. Il y a moyen de faire des belles choses dans ma discipline, le 15 km, et dans les courses un peu plus longues.
Tu as eu une saison blanche l’année dernière à cause d’une fissure du talon d’Achille. On imagine que ça a été une période difficile à vivre ? As-tu complètement récupéré ?
C’était compliqué. Je n’avais pas trop le moral à l’automne dernier. Au printemps, j’ai repris progressivement. C’est une tendinite qui n’a pas complètement disparu. Quand la charge d’entraînement est élevée ou quand il y a un peu de fatigue, elle revient parfois. Du coup, j’adapte mon entraînement et je fais attention. Mais globalement, j’ai pu faire un entraînement plus que convenable et une bonne préparation. Ça m’a vraiment fait du bien au moral !
« Il s’agira de faire une bonne saison pour marquer des points pour les JO qui auront lieu l’année d’après »
A cause du covid-19, la saison 2020/2021 comporte des incertitudes sur le déroulement des épreuves. Comment vis-tu cette situation ?
Je ne suis pas inquiet. Je pense que les courses vont avoir lieu. En tout cas, c’est ce qu’ils nous disent et j’ai l’impression qu’ils sont tous confiants. Mais les protocoles pour les courses ne font pas rêver. Je pense que ça va être contraignant de tout le temps faire attention, porter le masque, faire des tests PCR… On est obligés d’aller faire un test PCR avant chaque stage et trouver des rendez-vous est toujours difficile. Ce côté strict de m’enchante pas tellement. Mais s’il faut passer par là pour faire les courses, je vais le faire, pas de soucis ! On se dit que ça va bien finir par partir un jour. Il y a un moment où on va être tranquille. On espère le plus tôt possible !
Es-tu inquiet sur la tenue des Jeux Olympiques de PĂ©kin en 2022 Ă cause du covid-19 ?
Je ne me pose pas la question que cela soit remis en cause. Je me dis que les JO de Pékin vont forcément avoir lieu. C’est encore assez loin. Je suis assez confiant pour que ça ait lieu.
Pour finir, quels sont tes objectifs pour cette nouvelle saison ?
Les coaches me font confiance et me font attaquer la saison de Coupe du monde. Il faut du coup que je sois à la hauteur de ce que j’ai réalisé sur les années précédentes, c’est-à -dire être dans les 20 ou au moins dans les 30 premiers de la Coupe du monde. Je n’ai pas couru pendant un an et je n’ai pas mis beaucoup de dossards cet automne. Je n’ai donc pas beaucoup de références et je ne connais pas trop mon niveau. L’objectif va être d’attaquer fort sur la première Coupe du monde et ensuite d’essayer de continuer fort. C’est facile à dire ! Comme j’ai eu de bonnes sensations cet automne, cela pourrait bien marcher.
Il s’agira de faire une bonne saison pour marquer des points pour les JO qui auront lieu l’année d’après. Plus on fait des bonnes courses cet hiver, plus on gagne la confiance des sélectionneurs. Les sélections pour les Jeux Olympiques auront probablement lieu fin 2021 et début 2022. On sera toujours plus serein si on a marqué des points avant.
Merci beaucoup Jules et bonne chance pour cette nouvelle saison !
CrĂ©dits photo 1 : L’Equipe
La carrière de Jules Lapierre en quelques lignes :
Jules Lapierre participe à sa première épreuve de Coupe du monde en décembre 2017 et y marque ses premiers points (25e du skiathlon). Il devient vice-champion du monde des -23 ans en skiathlon en février 2018. Dans la foulée, il participe aux Jeux Olympiques de Pyeongchang 2018 et termine 15e du skiathlon.
En 2019, il devient champion du monde des -23 ans sur le 15 km et participe aux Championnats du monde senior (19e du skiathlon et 24e du 15 km).
A cause d’une blessure, une passe une saison blanche en 2019-2020. Aujourd’hui âgé de 24 ans, Jules Lapierre débute une nouvelle saison de Coupe du monde.
Participation aux Jeux Olympiques de Pyeongchang 2018
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