Champion du monde de lutte gréco-romaine en 2014, Mélonin Noumonvi a participé trois fois aux Jeux Olympiques. Malgré la déception de ne pas être qualifié pour les Jeux de Tokyo, il va tenter de finir sa carrière en beauté lors des prochains Championnats du monde.
Mélonin, tu es devenu champion du monde de lutte gréco-romaine en 2014. Raconte-nous comment tu as vécu cette journée de l’intérieur ?
On avait effectué la préparation à l’étranger et j’étais en forme. Je savais que je pouvais gagner une médaille. J’ai pris les matches les uns après les autres. J’ai eu un peu de difficultés au deuxième combat contre un Suédois et je suis passé de justesse. Je me suis ensuite qualifié en finale en enchaînant les bons matches. Après la demi-finale, il y avait une pause de deux-trois heures et je suis retourné à l’hôtel. J’ai même dormi un peu, bien que mes coaches me l’avait déconseillé.
Quand je suis revenu dans la salle de compétition, j’avais des courbatures des matches précédents. Je manquais un peu d’énergie, donc je ne me suis pas trop échauffé. Je pensais que ça ne servait à rien que je perde de l’énergie sur l’échauffement. Mes entraîneurs ont alors un peu stressé ! Mais un ou deux matches avant ma finale, je me suis remis un peu dedans. Je disputais la finale contre un Azéri, qui était vice-champion du monde l’année précédente. Je savais que ça allait être un gros match. Je n’étais pas trop stressé mais la victoire a été un soulagement !
Qu’est-ce-que ce titre de champion du monde a changé pour toi ?
Dans le monde de la lutte, le regard des autres a changé. En France, on n’a pas eu beaucoup de champions du monde : j’étais le quatrième. A part ça, ma vie n’a pas trop changé. On est un sport assez confidentiel. J’ai eu quelques sponsors en plus mais rien qui ne change trop le quotidien ! Ce n’est pas comme pour un tennisman ou pour un footballeur !
« C’est sûr que c’est mieux d’être cinquième que vingtième, mais on va aux Jeux pour remporter une médaille ! »
Tu as été deux fois cinquième des Jeux Olympiques, en 2008 et en 2012. Avec le recul, quel sentiment domine : la fierté de deux belles places d’honneur ou la déception d’être passé près du podium ?
Cela reste une déception et une frustration. Ce sont les médailles qui me manquent. J’ai eu la chance de participer trois fois aux Jeux et j’ai terminé deux fois cinquième. C’est très frustrant d’avoir été au pied du podium, surtout que ce n’est pas passé loin en 2012. C’est sûr que c’est mieux d’être cinquième que vingtième, mais on va aux Jeux pour remporter une médaille !
Tu as participé à trois éditions des Jeux Olympiques : Athènes 2004, Pékin 2008 et Londres 2012. Quelle est l’édition qui t’a le plus marquée ?
Les Jeux Olympiques de Pékin m’ont le plus marqué. C’était une très bonne organisation et j’y ai vécu beaucoup de bons moments. On a eu un champion Olympique et un médaillé de bronze dans l’équipe de France de lutte, grâce aux frères Guénot. Et puis j’ai pu assister à plusieurs épreuves, notamment à la demi-finale et à la finale du handball où la France a gagné le titre Olympique.
Tu n’as pas réussi à te qualifier pour les Jeux Olympiques de Rio 2016, deux ans après ton titre de champion du monde. On imagine que cela a été difficile à digérer ?
Oui, c’était difficile. J’avais eu une phlébite un mois avant le tournoi de qualification Olympique. J’ai suivi un traitement pour lequel il ne fallait pas que je prenne de coup et j’ai donc dû arrêter ma préparation. Il n’y a pas que ça, je ne cherche pas d’excuse, mais cela a quand même mis un frein dans ma préparation. Derrière, j’ai enchaîné trois weekends au poids. A l’époque, je devais perdre 10 kg. Ça a été compliqué de faire le poids à chaque fois sur ces trois semaines. Tout cela a fait que je suis passé à travers !
Les régimes sont un élément important en lutte. Comment as-tu vécu cette contrainte ?
Le poids, on appelle ça notre premier combat. C’est assez compliqué mais le corps d’habitue. Je gérais assez bien ma descente de poids car je perdais beaucoup en eau. Malheureusement, plus les années passent, plus on a de poids à perdre. Sur les dernières années, je devais perdre plus de 10 kg. Je m’y prenais un mois avant. Cela me permettait de me mettre dans ma bulle et de ne penser qu’à la compétition. Pour ma part, il n’y a eu qu’une ou deux fois où j’ai vraiment galéré pour faire le poids. En vingt ans de carrière, c’est rien !
« Je vais continuer jusqu’aux Championnats du monde, qui auront lieu en octobre en Norvège »
Tu as actuellement 38 ans et tu n’as malheureusement pas réussi à te qualifier pour les Jeux Olympiques de Tokyo 2021. Penses-tu continuer ta carrière ou as-tu pris la décision d’arrêter ?
Je vais continuer jusqu’aux Championnats du monde, qui auront lieu en octobre en Norvège. Ce sera deux mois seulement après les Jeux, ce qui est inédit et qui est lié au fait que les JO devaient avoir lieu l’année dernière. J’avais dit en début d’année que si je me qualifiais pour les Jeux, j’arrêterais après les Jeux, et que si ce n’était pas le cas, j’arrêterais après les Championnats du monde. Je pense que ma carrière internationale va s’arrêter après ces Championnats du monde d’Oslo.
Ta carrière à haut niveau est extrêmement longue. Quelle a été selon toi la clé pour durer aussi longtemps ?
Je pense que c’est de se remettre d’autres objectifs à chaque fois. C’est important aussi de changer un peu son mode de préparation et ne pas faire tout le temps la même chose. Même si on a des bases dans notre préparation et dans notre quotidien, il faut se renouveler. L’entraîneur aide aussi pour ça. Cela a également été possible car je fais partie des grosses catégories, où on bouge beaucoup moins que les -60 kg par exemple. L’effort n’est pas le même et on voit en général plus d’athlètes durer dans les grosses catégories que dans les petites. Finalement, j’étais motivé pour me surpasser et garder le niveau !
Quels sont tes projets une fois ta carrière finie ? Souhaites-tu rester dans le monde de la lutte ?
Pour l’instant, je pense rester à la mairie de Bagnolet, où je suis employé actuellement. Je ne sais pas si je vais rester dans le monde de la lutte. En 2017, j’ai eu une proposition de la Fédération pour entraîner après les Championnats du monde de Paris, où je devais normalement arrêter ma carrière ! Finalement, j’ai continué jusqu’à Tokyo (rires) ! Il y a un nouveau Président et une nouvelle direction depuis janvier. Je leur ai fait part de mon souhait d’entraîner. On verra après ma fin de carrière ! Si cela ne se fait pas, je resterais à la mairie de Bagnolet.
Merci beaucoup Mélonin pour cette interview et bonne chance pour ta fin de carrière !
La carrière de Mélonin Noumonvi en quelques lignes :
Evoluant en lutte gréco-romaine, Mélonin Noumonvi débute sa carrière en -84 kg et termine 16e des Jeux Olympiques d’Athènes 2004. Il remporte ensuite la médaille de bronze des Championnats d’Europe 2006 et 2007. Lors des Jeux Olympiques de Pékin 2008, il prend la 5e place. Il obtient l’argent aux Championnats du monde 2009 et le bronze aux Championnats d’Europe 2010.
Il termine 5e des Jeux Olympiques de Londres 2012. L’année suivante, il obtient une nouvelle médaille de bronze aux Championnats d’Europe et remporte les Jeux Méditerranéens (en -96 kg). En 2014, il décroche le titre de champion du monde des -85 kg.
Il est médaillé de bronze aux Jeux Européens de 2015. Il ne parvient pas à se qualifier pour les Jeux Olympiques de Rio 2016 et de Tokyo 2021. Aujourd’hui âgé de 38 ans, Mélonin Noumonvi va disputer ses derniers Championnats du monde en fin d’année.
Participations aux Jeux Olympiques d’Athènes 2004, Pékin 2008 et Londres 2012
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