Perle Bouge a remportĂ© deux mĂ©dailles en aviron aux Jeux Paralympiques : l’argent Ă Londres en 2012 et le bronze Ă Rio en 2016. Malheureusement, elle a eu moins de rĂ©ussite Ă Tokyo cette annĂ©e, terminant neuvième. Elle revient pour ses trois participations aux Jeux.
Perle, tu viens de terminer neuvième des Jeux Paralympiques de Tokyo en deux de couple mixte. Avec un peu de recul, comment expliques-tu ce classement décevant, alors que tu avais été médaillée des deux éditions précédentes ?
J’ai moi-même du mal à le comprendre. C’est une grosse déception et j’accuse toujours le coup. On est dans une catégorie très relevée, le deux de couple mixte. Il y a une concurrence forte qu’il ne faut pas négliger. Mais aux vues des chronos de cette année et de nos performances individuelles sur rameur, je pense qu’on n’était pas à notre place. Il y a des facteurs ne dépendants pas de nous qui nous ont pénalisés. Je n’étais pas seule dans le projet et j’espère que tout le monde se remettra en question pour que cela ne se reproduise pas sur les Olympiades futures. Cela fait onze ans que j’étais sur tous les podiums nationaux et internationaux, donc j’ai pris une grosse claque.
Les Jeux Paralympiques de Tokyo se sont déroulés à huis-clos et avec des règles sanitaires strictes à cause du covid-19. Comment était l’ambiance sur place ?
Ce huis-clos ne m’a pas trop perturbée. Il n’y avait personne au bassin d’aviron mais c’était comme sur un Championnat du monde car l’aviron est un sport peu médiatisé. On avait des tests salivaires tous les matins, mais cela s’est plutôt bien déroulé. Au sein de l’équipe de France Paralympique, toutes disciplines confondues, j’ai trouvé que c’était plutôt sympathique. Ça m’a fait du bien de côtoyer des athlètes d’autres disciplines et d’échanger aux eux. On a rarement l’occasion de le faire en dehors des Jeux Paralympiques. Ce qui était le plus dommage, c’est qu’on ne pouvait pas aller sur les autres sites encourager nos collègues ni aller visiter un peu le pays une fois que nos épreuves étaient finies.
« Cela fait onze ans que j’étais sur tous les podiums nationaux et internationaux, donc j’ai pris une grosse claque »
Revenons en arrière : tu es devenue handicapée suite à un accident de moto à l’âge de 19 ans et tu as d’abord joué en équipe de France de basket fauteuil avant de te tourner vers l’aviron. Pour quelles raisons as-tu décidé de changer de discipline à l’époque ?
On n’a pas réussi à qualifier l’équipe de basket fauteuil pour les Jeux Paralympiques de Pékin en 2008. Cela a amené une grosse remise en question. J’ai ensuite découvert l’aviron dans le cadre du travail et j’ai trouvé que c’était une activité sympa. Au départ, je l’ai pratiqué dans l’optique d’avoir une activité complémentaire au basket car c’est un sport d’endurance. Quand j’ai dû faire un choix, j’ai échangé avec pas mal de monde de mon entourage sportif et ils m’ont conseillé d’aller vers l’aviron. Le projet sportif était intéressant et j’aime bien relever de nouveaux défis.
Tu as remporté la médaille d’argent aux Jeux Paralympiques de Londres 2012, trois ans seulement après avoir commencé l’aviron. On imagine que remporter une telle médaille aussi rapidement a été un grand moment ?
Oui, ça a été un grand moment. J’avais déjà une base de sportive de haut niveau et ça m’a servi pour l’aviron sur le côté physique. Il fallait surtout que je travaille le côté technique. Participer aux Jeux et gagner une médaille, c’est la plus belle chose. C’était aussi une aventure sportive et humaine extraordinaire avec mon ancien partenaire et mon ancien coach. Il y avait vraiment tout réuni pour aller performer !
Lors des Jeux Paralympiques de Rio 2016, tu as remporté la médaille de bronze. Cette deuxième médaille a-t-elle été plus difficile à décrocher que la première ?
Je pense qu’on n’était pas à notre place. On allait chercher l’or, même si les Anglais étaient très forts. On est arrivés fatigués sur les Jeux de Rio. On est passé un peu à côté de notre compétition et je pense qu’on aurait pu avoir l’argent.
Tu as participé à trois Jeux Paralympiques : Londres 2012, Rio 2016 et Tokyo 2020. Quelle édition t’a le plus marquée ?
Les Jeux de Londres m’ont forcément le plus marquée parce que c’étaient mes premiers Jeux et qu’ils avaient lieu dans un pays d’aviron. C’était une belle expérience avec un public qui venait voir de la performance. Ensuite, Tokyo m’a aussi marquée parce qu’il y avait un changement de coach et un changement de coéquipier. Le projet sportif était du coup totalement différent.
« Je ne repartirai pas dans un projet bancal car on sait aujourd’hui l’exigence du haut niveau »
Au cours de ta carrière, tu as concouru avec Stéphane Tardieu puis avec Christophe Lavigne. Cela prend-il du temps de se réadapter à un nouveau partenaire ?
Oui, cela prend du temps. C’étaient deux personnalités différentes avec chacun leurs qualités et leurs points faibles. J’ai ramé avec Stéphane dès le début et on a ramé ensemble pendant dix ans. Nous avions une vraie complicité humaine et sportive. Après, avec Christophe, cela s’est fait petit à petit. Il a fallu qu’il travaille techniquement et physiquement un petit bout de temps. Ce n’était pas facile de reconstruire quelque chose. On a essayé mais cela n’a pas fonctionné. On ne peut pas gagner à tous les coups, même si je pensais qu’on ferait mieux à Tokyo. Cela a aussi montré à Christophe l’exigence du haut niveau.
Tu as actuellement 43 ans. Où en es-tu dans ta réflexion de participer aux Jeux Paralympiques de Paris 2024 ?
Après les Jeux Paralympiques, j’ai coupé. C’était la première année que je coupais autant. C’était plus un besoin de souffler psychologiquement que physiquement. J’ai depuis repris l’entraînement dans l’optique de continuer. Mais cela ne dépend pas que de moi car Christophe a dit qu’il arrêtait sa carrière et je ne peux pas faire les Jeux en solo dans ma catégorie. J’attends donc de voir si la Fédération trouve un rameur.
J’attends aussi de voir le projet que va me proposer la Fédération. Je ne repartirai pas dans un projet bancal car on sait aujourd’hui l’exigence du haut niveau. On ne peut pas toujours gagner mais j’attends que la Fédération mette en place une vraie structuration. Je souhaite qu’elle prenne en compte les remarques que j’ai pu faire remonter sur les choses qui nous ont pénalisés sur ces Jeux Paralympiques et qui ne sont pas dépendantes de notre volonté.
Merci beaucoup Perle pour ta disponibilité et bonne chance pour la suite !
La carrière de Perle Bouge en quelques lignes :
Perle Bouge commence sa carrière en basket fauteuil, qu’elle pratique entre 2001 et 2010 et dont elle porte les couleurs de l’équipe de France. En 2009, elle débute l’aviron et concoure en deux de couple mixte avec Stéphane Tardieu. Ils deviennent vice-champions du monde en 2010 et 2011 et remportent la médaille d’argent des Jeux Paralympiques de Londres 2012.
Le duo continue sa série de podiums aux Championnats du monde, remportant l’argent en 2013 et 2014 et le bronze en 2015. Pour leur dernière compétition ensemble, ils décrochent la médaille de bronze des Jeux Paralympiques de Rio 2016.
Perle Bouge devient championne du monde de skiff en 2018. Avec son nouveau partenaire Christophe Lavigne, elle obtient le bronze aux Championnats du monde 2019. En 2021, le duo est médaillé de bronze des Championnats d’Europe avant de terminer 9e des Jeux Paralympiques de Tokyo. Aujourd’hui âgée de 43 ans, Perle Bouge envisage de continuer juqu’aux Jeux Paralympiques de Paris 2024.
Participations aux Jeux Paralympiques de Londres 2012, Rio 2016 et Tokyo 2020
Médaillée d’argent aux Jeux Paralympiques de Londres 2012 (deux de couple mixte)
Médaillée de bronze aux Jeux Paralympiques de Rio 2016 (deux de couple mixte)
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