Romane Lunel a participĂ© aux Jeux Olympiques de Paris 2024 Ă l’âge de 19 ans, se classant notamment quatrième de l’Ă©preuve par Ă©quipe. Elle nous explique comment elle a vĂ©cu cette expĂ©rience inoubliable.
Romane, tu as participé aux Jeux Olympiques de Paris 2024 en ballet mais aussi en duo, épreuve pour laquelle tu as remplacé une coéquipière blessée un mois et demi avant la compétition. Comment as-tu géré le fait de préparer une deuxième épreuve en aussi peu de temps ?
J’ai en effet dû remplacer subitement Eve Planeix, qui s’est blessée. Même si je ne faisais pas toutes les séances, j’avais quand même suivi le programme du duo tout au long de l’année. Ce n’était donc pas un travail qui partait de zéro. J’étais quand même stressée. Ça m’a rajouté de la pression. Mais je suis quand même restée axée principalement sur la compétition par équipe car il s’agissait de la première épreuve des Jeux. Finalement, tout s’est assez bien déroulé dans l’ensemble.
La cérémonie d’ouverture sur la Seine a été un moment marquant de ces JO. Peux-tu nous raconter comment tu as vécu cette cérémonie de l’intérieur ?
Quand on s’est préparées au Village, je me disais juste de bien ouvrir les yeux et de prendre tout ce qu’il y avait à prendre. C’est ce que j’ai fait tout au long de la cérémonie. J’ai pris pleins de photos. La pluie a ajouté quelque chose d’encore plus magique à cette cérémonie. C’était énorme ! Ça m’a permis d’entrer dans la compétition et de prendre conscience que les Jeux démarraient. Le lendemain, j’avais encore beaucoup d’émotion !
« C’était une sensation unique que j’aurais du mal à retrouver un jour ! »
Comment as-tu vécu la première épreuve, le programme technique par équipe ? Il s’agissait de tes premiers Jeux Olympiques et il y a eu une ferveur incroyable du public français…
Toute la journée qui a précédé l’épreuve, et même pendant l’échauffement, j’étais concentrée comme s’il s’agissait d’une compétition normale. J’étais en mode « compétition », mais sans me dire que c’étaient les Jeux Olympiques et que ça allait être différent.
Au moment où c’était à notre tour d’entrer dans la compétition, on était juste derrière les portes et le speaker a annoncé la France. Les gens dans les tribunes ont hurlé. Mes poils se sont alors hérissés et des larmes sont montées. C’est à cet instant-là que je me suis dit que c’était différent ! Mais une fois dans l’eau, j’étais concentrée sur ce que je devais faire et je n’ai plus pensé à rien. Quand je suis sortie de la piscine, j’ai de nouveau entendu les cris et l’énergie du public. C’était exceptionnel. C’était une sensation unique que j’aurais du mal à retrouver un jour !
Tu as terminé quatrième de l’épreuve du ballet par équipe. Avec un peu de recul, quel sentiment domine : la déception d’être passée proche de la médaille ou la satisfaction d’avoir égalé le meilleur classement de la France sur cette épreuve aux Jeux Olympiques ?
Sur le moment, la quatrième place a été très compliquée à vivre. J’ai beaucoup pleuré le soir même. Mais avec du recul, il n’y a aucun regret à avoir. On a fait ce qu’on avait à faire. On n’aurait pas pu mieux nager : on a réalisé trois chorégraphies à notre meilleur niveau. C’est frustrant de se dire qu’on n’est pas passées loin de la médaille, et je pense que ça le sera toujours, mais on a fait notre maximum et on n’a pas de regret.
Tu as ensuite pris la quatorzième place du duo avec Anastasia Bayandina. Etant donné le peu de préparation que vous avez eu ensemble, ce résultat correspondait-il à vos objectifs ?
Cette place était un peu décevante car il s’agissait du bas du classement. Mais quand on regarde le peu de travail qu’on a pu faire ensemble, on relativise et on se dit qu’on aurait difficilement pu faire mieux. En plus, on concourrait contre des duos qui travaillaient uniquement l’épreuve du duo, alors que nous, on travaillait aussi en parallèle l’épreuve par équipe. D’ailleurs, l’équipe restait notre objectif principal et on le travaillait plus que le duo. Tout cela implique qu’on pouvait difficilement faire mieux. Ce qui reste dommage, ce sont les deux pénalités qu’on a pris. Mais il n’y a pas de frustration : ça s’est bien passé étant donné les circonstances.
« On souhaite décrocher à Los Angeles la médaille qu’on n’a pas eue à Paris ! »
Les épreuves de natation artistique avaient lieu la deuxième semaine des Jeux et tu as participé à cinq épreuves en six jours. As-tu tout de même eu l’opportunité de voir d’autres sports ?
Non, je n’ai pas pu aller voir d’autres épreuves. C’est dommage, mais ce n’est pas un gros regret car j’étais concentrée sur ma propre compétition. Pendant la première semaine, j’étais en camp de base à l’INSEP et il y avait un écran géant qui retransmettait les épreuves tout au long de la journée. On pouvait y aller quand on n’avait pas entraînement. J’ai donc tout de même ressenti cette ambiance « Jeux Olympiques » à l’INSEP. C’était sympa et ça nous permettait de voir l’équipe de France briller.
Tu as obtenu deux médailles de bronze aux Championnats d’Europe 2022 et une médaille d’or et une médaille de bronze aux Jeux Européens 2023. Quelle est la médaille qui t’a apporté le plus d’émotions ?
C’est difficile de choisir. La première, aux Championnats d’Europe de Rome 2022, a été une satisfaction énorme. Il s’agissait encore de l’ancien règlement, donc les classements ne changeaient pas beaucoup et c’était d’autant plus compliqué d’aller chercher des médailles. La médaille d’or obtenue aux Jeux Européens 2023 dans l’épreuve acrobatique m’a aussi procuré beaucoup d’émotions. C’était énorme de décrocher l’or ! En plus, le temps d’attente des résultats avait été très long et avait encore plus fait monter le désir d’avoir cette médaille. Il s’agissait du nouveau règlement et cela nous avait fait du bien car l’année avait été compliquée à cause du changement de règles. Les deux médailles étaient donc pleines d’émotions !
Pour finir, quels sont tes prochains objectifs ? Penses-tu déjà aux Jeux Olympiques de Los Angeles 2028 ?
A court terme, ce sont les Championnats du monde de Singapour, qui auront lieu cet été. On n’a pas encore décroché de médaille aux Championnats du monde et l’objectif sera d’en avoir une. Les Jeux Olympiques 2028 sont aussi un objectif à plus long terme. On souhaite décrocher à Los Angeles la médaille qu’on n’a pas eue à Paris !
Merci beaucoup Romane pour cette interview et bonne année 2025 !
La carrière de Romane Lunel en quelques lignes :
Romane Lunel participe à ses premiers Championnats du monde en 2022 et se classe notamment 4e de l’épreuve technique avec l’équipe de France. En 2022, elle décroche trois médailles de bronze : dans l’épreuve technique et dans l’épreuve acrobatique avec l’équipe de France aux Championnats d’Europe ainsi qu’en duo technique aux Championnats du monde junior.
Lors des Jeux Européens 2023, elle remporte par équipe la médaille d’or dans l’épreuve acrobatique et la médaille de bronze dans l’épreuve technique. Elle participe également aux Championnats du monde 2023.
Lors des Jeux Olympiques de Paris 2024, elle termine 4e du ballet et 14e du duo (avec Anastasia Bayandina). Aujourd’hui âgée de 20 ans, Romane Lunel vise les Jeux Olympiques de Los Angeles 2028.
Participation aux Jeux Olympiques de Paris 2024
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