Vice-champion du monde par équipe 2017, Thomas Chirault a participé à ses premiers Jeux Olympiques à Tokyo. Sa neuvième place aux Championnats du monde 2021 en individuel lui donne de belles perspectives pour les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Thomas, tu as participé aux Jeux Olympiques de Tokyo après que l’équipe de France ait gagné le dernier quota Olympique en juin 2021. Raconte-nous cette période de course à la qualification ?
Pour participer aux Jeux Olympiques, il faut gagner sa place et il y a donc une course aux quotas. Deux mois avant les Jeux Olympiques de Tokyo, la France ne disposait pas de quota en tir à l’arc. Ça a été un chemin assez difficile. Il fallait qu’on s’entraîne comme si on allait aller aux Jeux, mais sans être sûrs d’y participer. En effet, si on se qualifiait, il ne restait derrière plus qu’un mois et on n’aurait pas eu le temps de se préparer. Ça a été une grosse préparation à l’aveugle !
On a gagné notre quota lors du dernier tournoi de qualification Olympique, à Paris. Il ne restait que trois places qualificatives par équipe pour Tokyo, et on a décroché la dernière en terminant troisième. C’était incroyable ! En plus, c’était la seule compétition de l’année où un peu de public était autorisé malgré la crise sanitaire. On s’est donc qualifiés devant le public français !
Lors de ces Jeux Olympiques de Tokyo, tu as été éliminé au premier tour de l’épreuve individuelle alors que tu étais alors vingtième du classement mondial. Avec un peu de recul, comment expliques-tu ce résultat décevant ?
C’était ma première participation aux Jeux Olympiques. C’est une compétition hors normes où tout est gigantesque et c’est très difficile de se préparer pour un tel événement. C’est très compliqué de reproduire à l’entraînement les sensations et les étoiles dans les yeux qu’on a là -bas. Lors de mon premier match individuel, une queue de typhon est passée sur Tokyo. Le terrain était très exposé au vent, qui était très difficile à lire. Le match a donc été un peu plus aléatoire. J’ai bien attaqué le match. J’ai eu de la chance sur les temps de tir, au cours desquels j’ai bien géré le vent. J’ai ainsi remporté les deux premières volées et le gain d’une autre volée m’aurait qualifié. Mais cette chance du timing a un peu tourné et mon adversaire a réussi à reprendre le dessus sur la suite du match. C’était très serré et ce n’est pas passé pour moi cette fois-ci. Je me suis retrouvé éliminé au premier tour des Jeux Olympiques. Ça a été un peu difficile à accepter. Mais le tir à l’arc est un sport et plein air ! Ce jour-là les conditions et l’atmosphère n’étaient pas évidentes !
« J’ai hâte de voir ce que ça va donner à Paris, sans les conditions sanitaires un peu pesantes de Tokyo »
Ces Jeux Olympiques de Tokyo se sont déroulés à huis-clos et dans le contexte de la pandémie du covid-19. Pour tes premiers JO, as-tu tout de même ressenti la magie Olympique ?
C’étaient mes premiers Jeux Olympiques, et ils étaient en effet spéciaux à cause de la pandémie. Je n’avais pas de référentiel pour comparer mais j’ai quand même ressenti la magie des Jeux Olympiques. Le Village est gigantesque. Il y a des sportifs incroyables et on mange et on dort dans les mêmes bâtiments. C’est une atmosphère très particulière et très intéressante dans la vie d’un athlète. On se rend compte que nous, simple archers, pouvons côtoyer des grands noms du sport français et international et qu’on va participer à la même compétition. Cet échange d’expérience et ce partage sont pour moi l’esprit Olympique. J’ai hâte de voir ce que ça va donner à Paris, sans les conditions sanitaires un peu pesantes de Tokyo.
Deux mois après les Jeux Olympiques, tu as terminé neuvième des Championnats du monde en individuel. Comment as-tu vécu la période d’après Jeux Olympiques ?
Après les Jeux Olympiques, j’ai effectué deux semaines de pause complète de tir à l’arc. Cela faisait très longtemps que je n’avais pas fait cela. Ça m’a fait beaucoup de bien. Je suis ensuite retourné à l’entraînement, trois semaines avant les sélections nationales pour ces Championnats du monde. Ces trois semaines de préparation assez intensives m’ont permis d’arriver à la sélection à peu près prêt. J’ai réussi à gagner ma place. Il restait alors encore deux semaines de préparation.
J’ai signé mon meilleur résultat en individuel aux Championnats du monde. J’ai réussi à aller jusqu’en huitièmes-de-finale et à terminer à la neuvième place. Ça a été une bonne expérience. J’ai acquis de l’expérience en individuel, ce qui me permet de me construire pour la suite et pour Paris 2024. J’ai pris conscience que j’avais ma place et que je pouvais aussi jouer ma carte en individuel.
Tu es devenu vice-champion du monde par équipe 2017 avec Jean-Charles Valladont et Pierre Plihon. A l’époque, cette médaille était-elle un objectif clair ou bien une bonne surprise ?
C’était une année un peu particulière. En septembre 2016, je suis entré à l’INSEP. Début 2017, j’ai remporté ma place dans l’équipe senior lors des sélections nationales, alors que j’étais encore junior. J’ai participé à toute la saison de Coupe du monde, au cours de laquelle on a remporté par équipe une épreuve de Coupe du monde. En fin d’année, il y a eu ce Championnat du monde. C’était pour moi une première participation. Mes deux coéquipiers avaient presque huit ans de plus que moi mais j’ai réussi à trouver ma place. C’était super de ramener cette médaille lors de ma première année à l’INSEP et lors de ma première saison en équipe de France senior, tout en étant encore junior. C’était aussi une année marquée par le départ d’un entraîneur que j’ai eu à l’INSEP pendant un an. Son contrat n’a pas été renouvelé et c’était un beau cadeau de lui ramener cette médaille d’argent pour sa dernière compétition !
« Partager une médaille rajoute de l’émotion »
Tu comptes à ton palmarès par équipe l’argent des Championnats du monde 2017, l’or des Jeux Européens 2019 et l’or des Championnats d’Europe en salle 2022. Quelle est la médaille qui t’as donné le plus d’émotion ?
Je pense que c’est la médaille d’argent aux Championnats du monde 2017 car elle a cette valeur sentimentale que je viens d’expliquer. Sinon, remporter les Jeux Européens à Minsk en 2019 a été incroyable parce que c’était une sorte de petits Jeux Olympiques et que l’épreuve de tir à l’arc par équipe donnait la possibilité de remporter la première médaille de la délégation française. Et on a réussi à la gagner ! La médiatisation a été plus importante grâce aux Jeux Européens. Ça m’a donné un avant-goût des Jeux Olympiques de Tokyo.
Une autre médaille très importante pour moi, c’est ma troisième place lors de l’étape de Coupe du monde de Salt Lake City en 2018. Je suis vraiment allé chercher ce podium seul, avec mes compétences. Cela m’a permis de me rendre compte que j’avais les cartes pour jouer sur tous les tableaux.
Peux-tu nous parler un peu des spécificités de l’épreuve pas équipe ?
Le tir par équipe reste du tir individuel, effectué par équipe. La seule spécificité est qu’on tire une flèche par une flèche, les uns après les autres. Il y a un aspect un peu plus dynamique. Le timing est important : il ne faut pas empiéter sur le timing des coéquipiers. La notion de partage est présente parce que les trois performances individuelles forment la performance par équipe. Et partager une médaille rajoute de l’émotion. C’est une épreuve très intéressante.
Les Jeux Olympiques de Paris 2024 auront lieu dans deux ans. On imagine que c’est une grande motivation mais aussi une grande pression de concourir devant le public français ?
Avoir les Jeux Olympiques à la maison est une chance incroyable et cela se présente une seule fois dans une vie. On a une nouvelle organisation avec la Fédération : un entraîneur coréen est venu compléter le staff et chapeaute le programme. On est sur une grosse période de travail pour préparer au mieux ces Jeux Olympiques de Paris. Je pense que cette compétition sera magique. On s’entraîne dur pour briller là -bas !
Merci beaucoup Thomas et bonne chance pour la suite de ta carrière !
Crédits photo 1 : World Archery
La carrière de Thomas Chirault en quelques lignes :
Thomas Chirault devient vice-champion du monde par équipe en 2017 (avec Jean-Charles Valladont et Pierre Plihon), à l’âge de 20 ans. Cette même année, il remporte par équipe l’épreuve de Coupe du monde de Berlin.
En 2018, il prend la 3e place en individuel de la Coupe du monde de Salt Lake City. Lors des Championnats d’Europe 2018, il obtient la médaille d’argent par équipe mixte et termine 7e en individuel. Lors des Jeux Européens 2019, il remporte l’or par équipe et se classe 9e en individuel.
En 2021, il participe aux Jeux Olympiques de Tokyo et est éliminé au premier tour à la fois en individuel et par équipe. Deux mois plus tard, termine 9e en individuel aux Championnats du monde. En 2022, il devient champion d’Europe par équipe en salle. Aujourd’hui âgé de 24 ans, Thomas Chirault vise les Jeux Olympiques de Paris 2024.
Participation aux Jeux Olympiques de Tokyo 2020
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